Bio
Mon contact à Hollywood dit qu’on n’a pas affaire à un élève mais qu’on a affaire au professeur. Quand les studios veulent monter une franchise de films d’action qui ne doit pas échouer, c’est à lui qu’ils font appel pour entraîner les réalisateurs, d’accord ? C’est le genre d’action-star qui boirait dix vodkas martini cul sec pour pouvoir pisser sur ta gueule et ton costard. Ce mec-là, tu le largues en Alaska, près d’une station pétrolière, sans une ligne de scénario, avec un manteau de fourrure pour tout vêtement et le manifeste de Greenpeace dans une main, et demain après-midi, tu le vois débarquer au bord de ta piscine avec un sourire jusqu’aux oreilles, un collier d’humérus brisés autour du cou et un Oscar du meilleur film dans chaque poche. Ce type-là est un professionnel. S’il rejoint notre équipe de gros bras, on sautera tous, et il ne restera plus qu’un grand fou au beau milieu du 7ème Art. Alors on va éviter ce type, le descendre en flammes, et on sera débarrassé de ce fumier.
Message intercepté lors d’une réunion au QG des Expendables – Janvier 2009
J’essaie dès que je peux de faire passer un message spirituel ou écologique plutôt que de faire le comique de service […] Il y a une différence entre les rôles joués par un acteur et son propre rôle dans son quotidien d’homme et de père. Arrêtons de prendre les gens pour des idiots, je pense que le public sait faire la différence… Être acteur, c’est mon métier. Si en plus j’arrive à faire passer des messages dans mes films et satisfaire mon public en lui faisant passer de bons moments, tant mieux, j’aurai bien fait ce pourquoi je suis payé.
Interview de Steven Seagal pour le site Nanarland
C’est le genre d’individu sur lequel les hyperboles sont sans cesse à réinventer. C’est le genre d’acteur dont la seule expression faciale est capable d’enterrer cinquante ans de réflexion sur l’effet Koulechov. C’est le genre d’action-star qui fait passer les Chuck Norris Facts pour des blagues Carambar. C’est le genre de stakhanoviste qui bat Hong Sang-soo à pleins coutures pour ce qui est de sortir le même film trois ou quatre fois par an. C’est le genre d’artiste capable de rendre ce cher Yannick Dahan intarissable sur un autre sujet que les frères Coen. Et bien sûr, c’est le genre de mec capable de boire un bidon d’essence pour pouvoir pisser sur ton feu de camp… Il faudrait bien plus que cette rétrospective pour rendre à César ce qui lui appartient, et faire le tour d’une carrière qui explose les limites de l’improbabilité quand elle n’est pas elle-même sujette aux rumeurs les plus folles. Parler de Steven Seagal, ce n’est pas juste s’intéresser à une star du cinéma d’action, soudainement apparue en pleine heure de gloire des grands baraqués (Schwarzenegger, Stallone, Lundgren), d’une poignée de tataneurs métrosexuels (Van Damme, Dudikoff, Dacascos) et de celui dont on se demande encore ce qu’il foutait là (désolé Chuck…). Regarder ses films, ce n’est pas juste essayer de juger la cohérence d’une carrière ou d’en déceler une ligne directrice claire – on a un peu baissé les bras sur ce sujet. Non, faire ces deux efforts-là, c’est comme faire un saut en parachute (et sans parachute !) dans une vision ubuesque de notre art préféré, soudain mis à genoux et esclave des désirs narcissico-aberrants d’un type descendu d’on ne sait quelle galaxie lointaine. Et qui, surtout, reste convaincu de ses origines divines et d’œuvrer pour un monde meilleur. Et si c’était vrai ?
D’abord la fiche de renseignements, c’est important… Né un 10 avril (entre 1949 et 1952 selon les opinions !) dans le Michigan, le petit Steven Frederik Seagal aura eu très vite les arts martiaux dans la peau. Démarrant sa pratique de l’aïkido dès l’âge de 7 ans pour ensuite se perfectionner auprès des grands maîtres bouddhistes du Japon à l’approche de la vingtaine, notre inénarrable « Saumon Agile » (ou « Panda Vigoureux », à vous de choisir…) ne tardera pas non plus à envelopper son parcours d’un voile de mystère. Dans les faits, son mariage avec une jeune japonaise – qui lui donnera deux enfants dont une fille aujourd’hui actrice – lui permettra ensuite, par voie d’héritage, de devenir le premier occidental à posséder un dojo au Japon et d’être officiellement septième dan d’aïkido après des années de travail acharné. Mais pour le reste, tout n’est que rumeurs, bruits de couloir et délires apparents de l’intéressé, en particulier lorsqu’il est question d’aborder son retour aux Etats-Unis à la fin des années 70. Ainsi donc, Steven aurait bossé en sous-main pour la CIA, fait partie des Black Ops, participé à des interventions militaires au Vietnam, joué les chasseurs de prime, recueilli chez lui des opposants tibétains ostracisés par le régime chinois, découvert que le SIDA était une expérience militaire (?!?) ou tissé de multiples liens avec la mafia italienne qui lui auraient permis d’obtenir des rôles au cinéma. Sans parler de ces rumeurs insistantes – mais apparemment vérifiées – selon lesquelles il serait la réincarnation d’un grand Lama tibétain… Où est le vrai, où est le faux ? Aucune importance : comme l’avait signalé très justement Yannick Dahan, tout réside dans la technique du « Il y a plein de sous-entendus et je laisse dire ». Cela suffit à renforcer l’aura d’un personnage et à le rendre fascinant sur bien des aspects.
Son retour aux États-Unis l’aura en tout cas confronté de plein fouet au monde d’Hollywood : le fait d’avoir ouvert un dojo en pleine Cité des Anges – où il aura entraîné quelques stars – l’amènera à devenir coordinateur de combats pour certaines stars comme Toshiro Mifune ou Sean Connery (à qui il cassera d’ailleurs involontairement le poignet sur le tournage de Jamais plus jamais !), et ce avant d’impressionner l’agent des stars Michael Ovitz – pour lequel il bossa en tant que garde du corps – qui lui confiera le premier rôle de Nico. Naissance d’une nouvelle star, d’une valeur sûre de la zéderie d’action hard boiled qui sent fort la loi du talion et la justice expéditive. Avec déjà plein de signes distinctifs : une approche de l’aïkido limitée au côté self-defense, un catogan pour se la jouer rebelle, une tenue vestimentaire en général limitée à une veste sobre ou à un blouson en cuir, une arme de prédilection qui sera toujours la même (un Colt 45 avec chargeur à sept balles), une tactique commune du « moulinet dans le vide » et du cassage de bras qui deviendra sa marque de fabrique… De tous ces signes naîtra instantanément une nouvelle icône du genre, à la carrière lancée sur les chapeaux de roues jusqu’au carton au box-office de Piège en haute mer, solide ersatz de Die Hard qui le placera soudain dans les bonnes grâces d’Hollywood. Le temps pour Seagal de péter d’un seul coup les boulons de la mégalomanie (« J’espère un jour être considéré comme un grand scénariste et un grand acteur, et pas juste comme un sex-symbol »), et d’utiliser sa notoriété pour se la jouer écolo et spirituel tendance Bodhidharma dans des films qu’il souhaite plus proches de sa sensibilité.
En effet, les racines spirituelles de Steven n’auront pas mis longtemps à en faire un fervent défenseur de l’écologie. Un beau combat qu’il va cependant embras(s)er avec la subtilité d’un éléphant dans un magasin de porcelaine. Dans le pire des cas, cela consistera juste à pénétrer sur un apparent défilé de mode pour faire un discours contre la fourrure (pas de bol, il s’agissait du tournage de Prêt-à-porter de Robert Altman !). Dans le meilleur, cela consistera à s’improviser « cinéaste engagé » en réalisant lui-même l’édifiant Terrain miné, dont le bide cosmique au box-office lui offrira une chute libre vers les tréfonds du nanar d’action discount. Même un petit sursaut sous forme de revirement gangsta-rap dans le très crétin mais très cool Hors limites en 2001 ne suffira pas : désormais bouffi, monolithique, désinvolte, réduit à agiter les bras n’importe comment ou à se faire doubler dans 90% des situations, le bougre fera désormais du « cinéma » en en faisant le moins possible, plus intéressé par le paiement des pensions alimentaires de ses trois divorces. On connait la suite : des films destinés au marché DVD, où ce gros filet de bœuf (de beauf ?) roule des mécaniques par insultes interposées, se tape des minettes d’Europe de l’Est qui n’ont pas encore l’âge légal (d’où la ribambelle de procès pour harcèlement sexuel qui tâchent désormais son casier judiciaire ?) et fait parfois acte de présence pendant cinq minutes dans des téléfilms mal branlés qui l’utilisent comme argument de vente. Seul son talent bien réel de chanteur-musicien lui vaudra un récent sursaut d’attention de la part des critiques (on a écouté ses deux disques de country-blues, et en effet, ils sont excellents !), mais pas au point de changer son image publique.
Tout ça, on connait, on l’a déjà entendu, alors que dire de plus sur Steven qu’on ne sache pas déjà ? Que dire d’intéressant sur des films que l’on assimile à des plaisirs coupables (au mieux) ou à des trucs irregardables (au pire) ? Plein de choses, à vrai dire. En faisant l’effort de comprendre en quoi sa carrière s’est construite sur des événements véridiques ou avérés, on n’en déduit qu’une chose : un acteur starisé comme lui, ayant toujours fait en sorte de laisser ses actes contredire sa parole et de laisser courir mille bruits sur le contenu plus ou moins fumeux de son CV, accède mine de rien à une posture de légende vivante, sujette à la fascination la plus totale quand tout paraît le détacher du commun des mortels. Et après s’être farci sa quarantaine de nanars plus ou moins funs, on sent bien que Steven est moins un humain qu’un authentique extraterrestre au fonctionnement interne toujours plus difficile à cerner, un aïkidoka svelte réincarné en bouddhiste farci au beurre de cacahuète, un néo-Bodhidharma schizo qui promeut autant l’élévation spirituelle que l’idéologie la plus réac. D’où cette rétrospective d’une filmographie assimilable aux trois étapes de la vie d’un cœur : d’abord ça bat très vite et ça fait circuler le sang à grande vitesse (c’est rien de le dire !) ; ensuite ça coince et il faut stimuler la chose pour qu’elle continue à (se) battre ; enfin ça se dégrade et on en est réduit à l’usage de substances chimiques pour essayer de réduire les métastases. Une bonne occasion de replonger dans un curieux manifeste de la série B d’action, dénué de règles hormis celle de tout réduire en bouillie (le cinéma, les os des bras, ton intelligence, etc…). N’oublie pas que si tu regardes des films de Steven t’es un homme heureux, sinon il te pète la tête et t’es malheureux. Et pour citer le grand Fabien Gardon, « avec Steven Seagal, une clé de bras ouvre toujours plus de portes qu’un long discours ! ».
Notes :
- Le bodycount offert pour chaque film prend en compte le nombre de fois où Steven affronte quelqu’un, que ce soit pour le corriger, le gifler, le cogner, le planter, l’égorger, le flinguer ou le tuer. En outre, afin de se montrer équitable vis-à-vis des prestations martiales du bonhomme, le comptage a été effectué de la manière suivante : si un même personnage est corrigé plusieurs fois dans la même scène, ça compte pour un, mais s’il est corrigé dans plusieurs scènes tout au long du film, chaque scène compte !
- Tous les films de cette rétrospective ont été visionnés deux fois, et ainsi, le conseil de visionnage que nous avons retenu pour chaque film (VF ou VOST ?) découle de la prise en compte d’un critère fondamental : quand Steven parle, il faut que ce soit fun à écouter !
- Cette rétrospective ne concerne que les longs-métrages de Steven qui sont sortis en France, que ce soit au cinéma ou directement en DVD. Ainsi donc, ses six ou sept films encore inédits à ce jour, ainsi que ses performances télévisées comme la série True Justice ou la téléréalité Lawman, n’y figurent pas
- Les films dans lesquels Steven Seagal joue les guest-stars ne sont pas traités (mais on les a vus quand même et on en fait mention à certains moments, ne vous en faites pas…)
Turbo
NICO
Andrew Davis
Etats-Unis – 1988 – 1h35
« Steven Seagal était déjà convaincu qu’il allait devenir la plus extraordinaire révélation depuis l’invention du fil à couper le beurre » : contre toute attente, c’est à Sharon Stone que l’on doit cette déclaration faite au magazine Première en décembre 1994 à l’occasion d’un entretien rétrospectif sur chaque film de sa carrière. Sans surprise, hormis cette phrase, la future star de Basic Instinct n’avait rien à dire sur Nico, dans lequel elle ne tenait qu’un petit rôle de faire-valoir gnangnan. Que dire sur ce premier film, de notre côté ? Déjà des critères bien définis qui définissent à eux seuls une nouvelle icône du cinéma d’action : 1m90, silhouette fine, look élégant à l’italienne, catogan de rebelle, regard d’acier à la Clint Eastwood, posture de félin à la Bruce Lee, background de maître en aïkido ayant travaillé comme ex-agent de la CIA et participé au Vietnam… Ce dernier détail est le plus intéressant, car il révèle la grande tendance de Steven sur toute la suite de sa carrière : utiliser jusqu’à l’usure son propre parcours (avéré ou bidonné, qu’importe) afin de crédibiliser ses personnages de justicier tataneur, quitte à s’inventer des origines qui ne sont a priori pas les siennes (il joue ici un flic italo-américain nommé Nico Toscani). Coscénariste et coproducteur de Nico, Steven s’offre ici une entrée fracassante dans le 7ème Art, à mi-chemin entre l’autobiographie détournée (le film s’ouvre sur des photos de jeunesse, dont certaines avec le créateur de l’aïkido Morihei Ueshiba) et la relecture des codes du polar urbain des années 70. Le succès critique et public du film lancera la carrière de l’acteur, par ailleurs félicité par l’éminent critique Roger Ebert pour la sobriété de son jeu. Des éloges plutôt mérités, en tout cas à cette époque-là.
Malgré l’obsession de sa star vedette à le considérer comme une œuvre politiquement engagée (il y est question d’une CIA impliquée dans l’assassinat d’un sénateur et d’autres activités financées par le trafic de drogue), Nico se veut avant tout une mise en pratique d’un nouvel art martial – l’aïkido – en lien direct avec le shintoïsme. Tout est illustré dès les premières scènes du film : des gestes rapides qui mettent fin au combat dès qu’il commence, un adversaire qu’il s’agit moins de battre que de stopper dans sa logique agressive, une réaction de self-defense proportionnée avec un certain art du zen. Reste que Steven s’en tient déjà à des principes radicaux en lien avec les attentes du public de l’époque : des bras à mouliner (les siens) ou à briser (ceux d’en face), une posture de flic patriote et incorruptible qui affronte des policiers et des gangsters tout en étant parfois lui-même à la lisière des deux camps, et une déstabilisation au point mort – notons tout de même un très beau plan où on le voit se lamenter sur le sort de son acolyte. Iconisé dans chaque plan et épicentre d’un casting royal (Sharon Stone en épouse, Pam Grier en collègue, Henry Silva en vilain, Michael Rooker en caméo…), Steven n’en demeure pas moins un héros de polar : les scènes d’action sont ici rapides, sèches et nerveuses, mais leur nombre reste réduit. En outre, comme il avait su le prouver trois ans plus tôt avec Sale temps pour un flic (peut-être le seul « bon » film avec Chuck Norris), le réalisateur Andrew Davis s’attache à topographier un cadre urbain très précis, en l’occurrence cette communauté italo-américaine avec ses liens familiaux, son ambiance cosmopolite (signalons une BO très jazzy-rock), sa ferveur catholique (des réfugiés nourris et logés par le prêtre du quartier) et son underground violent. Toute l’efficacité de Nico, polar sec et sans fioritures, tient dans cette quête de réalisme pur, donnant vie à une nouvelle mythologie du justicier tataneur qui aiguise le triangle des valeurs ricaines (Dieu, famille, patrie) tout en arrondissant les angles par le cassage de bras et la fuck you attitude. Comme on dit, a star is born…
Bodycount : 31
Conseil de visionnage : VF
Répliques cultes :
- « Agent fédéral Neeley, que faisiez-vous là-haut ? Vous alliez vous livrer à des actes sexuels contre-nature avec une adolescente de 15 ans ? C’est illégal dans cette partie du territoire […] Est-ce que votre femme est au courant ? Parce qu’il n’y a pas que le sexe dans la vie ! »
- « La guerre, c’est un bon business, hein ? Ces gars ont déclenché et financé des guerres sur tous les fronts, mais ce qu’il y a de plus beau, c’est que personne ne voudrait me croire si je disais à la presse que les financiers sont de la CIA »
- « T’es au courant qu’en Europe, on a jugé un vieux salaud coupable de crime de guerre, et qu’aux quatre coins de ce pays on condamne des meurtriers, des gens qui ont tué un ou deux mecs ? Ils n’ont que ce qu’ils méritent. Mais je suis certain qu’à nous deux, on peut faire mettre en prison trois ou quatre types qui sont responsables de la mort de quelques milliers d’autres : des médecins, des instituteurs, des femmes, des enfants, des dizaines, des centaines. On a fini par tuer des cultures entières. Dans quel but ? Et il n’y a pas un agent de la CIA qui ait été jugé ou accusé du moindre crime. Vous vous croyez au-dessus des lois ? Peut-être, oui, mais pas des miennes »
- « Messieurs, aussi longtemps qu’il y aura des groupes d’individus à l’abri de toute investigation, qui ont le pouvoir de manipuler la presse, les juges et les sénateurs, nous aurons au sein de nos gouvernements des gens qui s’estiment au-dessus des lois »
ECHEC ET MORT
Bruce Malmuth
Etats-Unis – 1990 – 1h32
Les vrais grands fans de Steven le savent bien : regarder l’un de ses films, c’est souvent la promesse d’une bonne poilade devant les excès et l’improbabilité d’une action-star supra-mégalo qui se croit plus badass, plus burnée, plus sexy et plus divine que tout ce que le Big Bang a pu engendrer. Si l’on remonte le fil de sa carrière d’acteur, c’est bel et bien avec Echec et mort que ce constat s’est implanté dans l’esprit des cinéphiles biberonnés au cinoche testostéroné des années 80-90. En un sens, ce second film dynamite tout ce que Nico avait mis en place en matière de profession de foi de sa star vedette, et introduit son image de kéké qui roule des mécaniques, qui court en agitant les bras avec la grâce d’un sumo en plein jogging, et qui balance des punchlines méga-connes (privilégiez la VF, par pitié !). Le genre de master zen qui parle de paix et de zénitude sans pour autant s’interdire de broyer les cojones d’un trio de truands latinos bien crétins dans l’épicerie du coin ! Bref, on est dans le nanar pur jus, où Steven vise cette fois la posture d’un héros de BD qui exhiberait fièrement un service trois pièces plus gros que ses poings. Cela dit, le bougre continue d’intégrer son « vécu » dans le film : son personnage réclame des herbes et des aiguilles pour une curieuse séance d’acupuncture (ce qui nous vaut un plan de position du lotus où un halo de fumée entoure sa silhouette !), et évoque sa parfaite assimiliation de la philosophie zen des arts martiaux (rires) durant ses voyages en Asie. Et sinon, ça raconte quoi ? Encore une histoire de sénateur : plus question ici d’en sauver un menacé, mais de punir un corrompu (joué par Bill Sadler) qui a commandité le meurtre de Steven et de sa femme parce que celui-ci l’a pris en flagrant délit de magouille avec un mafioso. Sauf que Steven est hard to kill : six ans plus tard, il sort du coma avec une barbe de Fu Manchu pas très bien scotchée et une sérieuse envie de kill Bill…
Chaque scène du film repousse alors les limites du nanar cosmique, à mi-chemin entre du proto-JCVD et un jouissif feeling Hollywood Night. Une fois réveillé, Steven tente d’échapper à des tueurs en restant allongé sur un lit d’hôpital avec un balai comme seule arme de défense, reçoit le soutien d’une belle infirmière (Kelly LeBrock, sa femme de l’époque !) qui a pu entre-temps s’extasier sur la taille de sa quéquette, entame un entraînement quasi paramilitaire à base de collines à grimper et de planches en bois à défoncer, fait le deuil de son épouse assassinée en fuckant direct l’infimIère sur fond de bougies et de saxophone après qu’elle lui ait offert une fleur (il doit y avoir là une signification bouddhiste qui nous échappe…) et surjoue les retrouvailles poignantes avec son fiston qu’il croyait mort. Tout ceci, bien sûr, dans de très grandes envolées nanardesques où l’on repère sa doublure un plan sur trois et où son melon déjà bien élevé l’amène à interpeller plusieurs fois les Oscars par des clins d’œil signant son ambition d’en gagner un – à moins que le point de vue sarcastique dont il se moque par vieil épicier interposé ne soit en réalité le sien ? Déjà à l’œuvre sur Les Faucons de la nuit avec Sylvester Stallone, le tâcheron Bruce Malmuth avait donc ici de quoi se coltiner une star encore plus égotique, capable de s’approprier le film en ne lui laissant que les miettes d’une réalisation très conventionnelle, ni inspirée ni inspirante. Ce qui n’aura pas empêché le film de choper la première place du box-office américain et de pousser ainsi Steven à ne plus se retenir pour le plus grand plaisir des cinéphages déviants que nous sommes.
Bodycount : 26
Conseil de visionnage : VF
Répliques cultes :
- « Je sais ce que tu es en train de te dire. Tu penses que la mienne est plus grosse que la tienne, c’est ça ? »
- « J’ai grandi en Orient. Et là-bas, un jeune blanc a évidemment besoin d’apprendre à se battre. Mon premier professeur d’arts martiaux me demandait pourquoi j’étais venu le voir, et je lui ai dit que je voulais apprendre à me battre. Il m’a dit « Oh tu veux donc apprendre à faire du mal. Mais est-ce que tu aimerais être le meilleur ? ». J’ai dit oui. Il m’a alors conseillé de commencer par apprendre à soigner les autres. Faire mal, c’est facile »
DESIGNE POUR MOURIR
Dwight H. Little
Etats-Unis – 1990 – 1h30
Impossible à arrêter dans ses élans vénères, Steven s’autorisait ici une petite entorse à son contrat de dix films qui le liait à la Warner. Cela dit, tourner pour la Twentieth Century Fox ne va pas changer ses habitudes pour autant : partout où il y a des méchants à corriger et des roubignoles à briser, Saumon Agile se trouve une eau à la bonne température. A la base du scénario de Désigné pour mourir, il y a une série de faits divers mettant en évidence la mainmise de la communauté jamaicaine sur les cartels de drogue aux Etats-Unis. Sauf que, bien évidemment, ce cher Steven aura mis son grain de sable dans l’affaire afin de réécrire considérablement le scénario, allant même jusqu’à réclamer 90% de la paternité du script final. Pour quel résultat, au final ? Un très curieux pitch criminel à base de culte vaudou, où un superflic impitoyable – et légèrement pourri sur les bords – met les bouchées doubles pour aller foutre une raclée à un méchant aux yeux verts (Basil Wallace, à fond dans le pétage de plombs) qui vend de la drogue aux jeunes têtes blondes de l’Amérique et qui prétend voler l’âme de ses victimes en faisant passer son frère jumeau pour sa « deuxième tête » (?!?). Ce qui rend ce film extrêmement jouissif tient autant dans un taux de cruauté et d’ultra-violence encore plus élevé qu’avant (avis aux âmes sensibles !) que dans une exploration assez inquiétante de la magie vaudou : bain de lait et de fleurs, égorgement de coq arrosé au bacardi, victime ensorcelée par le biais d’une photo ensanglantée, viol rituel avec peinture rouge sang, etc… Le tout entrecoupé par-ci par-là de magnifiques bulles d’humanisme et de zénitude où Steven offre une séance d’ostéopathie hardcore à tous les rastafaris qui lui cherchent des noises.
Toujours adepte de punchlines jouissives (ce film-là en contient des très mémorables !) et d’une fuck you attitude de plus en plus communicative, Steven plonge donc ici dans un registre plus bisseux que d’habitude et délaisse ainsi toute forme de psychologie au profit d’une posture de bulldozer frimeur que la plus violente des « rasta roquettes » serait incapable d’esquinter le fuselage. Qu’on le retrouve pris au piège d’une carcasse de voiture en feu, coiffé d’un casque infrarouge au beau milieu d’un assaut westernien ou étonnament habile avec un fusil de sniper, il reste cette figure badass que rien n’atteint et que tout le monde admire, surtout une Joanna Pacula dont la seule et unique fonction dans le récit se limite à vanter son sex-appeal et son professionnalisme. Nouveau réalisateur destiné à servir la soupe à un personage iconique et massif sans se poser de questions (on lui doit Halloween 4), Dwight H. Little s’acquitte ici de la tâche avec un certain brio : ses cadres sont peaufinés par un joli Scope, sa photo travaille des couleurs chaudes pour la Jamaïque et désaturées pour les Etats-Unis, ses jeux de lumière sont dignes d’un clip de Shania Twain, et sa caméra se borne à rendre l’action lisible et dynamique, en particulier lors d’un duel final au sabre qui rappelle celui entre Christophe Lambert et Mario Van Peebles à la fin d’Highlander 3. Tout cela n’en fait peut-être pas le meilleur film de Steven (on peut largement préférer celui qui va suivre…), mais en tout cas une série B vénère et méga-violente qui casse pas mal de briques.
Bodycount : 27
Conseil de visionnage : VF
Répliques cultes :
- « Je savais que je n’obtiendrais justice qu’en devenant juge et bourreau, et en m’écartant de la loi. Mon Père, je viens de tuer une femme, j’ai menti, j’ai fait l’amour avec des filles compromises, j’ai pris des drogues, j’ai porté de faux témoignages. Pour éliminer tous ces criminels, j’ai dû tuer moi aussi. Et je viens de réaliser que je ressemble maintenant à ceux que je méprise »
- « Si tu me donnes ce que je veux, t’es un homme heureux. Sinon, je te pète la tête, et t’es malheureux ! »
- « Le premier se croyait invincible et le deuxième croyait savoir voler. Ils se trompaient tous les deux ! »
- « J’te vendrais même pas la sueur de mes burnes ! »
JUSTICE SAUVAGE
John Flynn
Etats-Unis – 1991 – 1h28
C’est par une phrase du dramaturge Arthur Miller – originaire de Brooklyn – que s’ouvre Justice sauvage : « Tandis que l’étranger ne distinguait pas une rue de l’autre, on savait où notre quartier finissait. Au-delà, c’était l’étranger ». Voilà qui met tout de suite les points sur les « i ». Plus que d’une intrigue policière, il sera ici avant tout question d’un quartier, d’une ambiance, d’une atmosphère, d’une plongée en apnée dans un « monde de la rue » dont on ne sortira jamais – si ce n’est au détour d’un final plus ou moins solaire sur un bord de mer. Et quand on voit qui réalise le film, on a une bonne idée de ce qui nous attend : rien de moins qu’un polar urbain ultra-violent et sans bout de gras, en lien direct avec l’esprit frontal des 70’s qui sentait fort les bars enfumés et les ruelles glauques, le tout mis en boîte par un vieux briscard du genre (John Flynn, à qui l’on devait déjà l’excellent Rolling Thunder). Un cinéaste à l’image du personnage unilatéral qu’il met en scène : professionnel, attaché aux détails et aux ficelles du métier, mais surtout désireux de travailler autre chose que l’iconisation d’une star dans chaque film de commande qu’on lui propose. Justice sauvage devient ainsi une peinture de Brooklyn et de la communauté italienne qui la caractérise, et ce sous couvert d’un récit linéaire où un flic borné traverse tout le quartier afin de venger la mort de son coéquipier. Un rôle en or pour Steven, débarquant plein cadre avec un bérêt militaire et un gilet sans manches ouvert sur le torse, et lancé sans tarder dans sa vendetta avec une voiture et un fusil à pompe, histoire d’aller foutre une raclée à un William Forsythe affreusement cabotin et sadique.
Sans jamais tutoyer ne serait-ce qu’un tiers de la profondeur d’un Martin Scorsese, Flynn développe au moins une identité 70’s assez prégnante pour se détacher des poncifs du vigilante, en particulier lorsque le récit inscrit ses deux antagonistes dans un contexte similaire – le flic et le truand ont passé leur enfance dans le même quartier. Les personnages de Flynn sont toujours des chiens fous que leur cadre urbain, déjà quadrillé de toutes parts, enferme dans une mécanique d’aller-retour. Et dans ce New York revisité en métaphore d’une géographie intime et floutée par l’apport de la longue focale, il n’y a plus qu’une route à suivre. Aucune raison, donc, de se plaindre des coupes imposées par la Warner – on sent bien qu’elle s’est incrustée dans la salle de montage – ou des écarts hors-sujet de Steven sur le respect de la nature et des animaux. D’un bout à l’autre, le film fonce pied au plancher, emporté par un héros qui n’agite rien d’autre que ses moulinets de bras et son sens de la répartie. Et là-dessus, c’est peu dire que Steven se lâche en mode « Je me vénère et je te pisse à la raie si t’es pas content », n’en ratant jamais une pour balancer ses répliques sacerdotales avec une assurance inédite et atteignant même des sommets de provocation lors de la mythique scène du bar (sans doute la meilleure scène de toute sa carrière !). Quant à son génie pour réduire ses adversaires en bouillie, il justifie pleinement l’interdiction aux moins de 16 ans : jambe coupée, poignets brisés, main plaquée au mur par un hachoir, dentier fracassé à coups de boule de billard, tête explosée contre une vitre, sans oublier une trépanation au tire-bouchon lors de son combat final avec William Forsythe. Le tout sur fond d’une BO ultra-funky et d’une propension à répéter le mot « fuck » pas moins de 114 fois ! Vigilante érectile et très salement burné, Justice sauvage élève la « Steven-mania » vers les plus hautes cimes. Profites-en, mon gars…
Bodycount : 36
Conseil de visionnage : VF
Répliques cultes :
- « T’en fais pas, Vicky, je ne serais pas en retard pour le divorce ! »
- « Vinnie, tu ne devrais pas me parler comme ça. On n’a pas élevé les cochons ensemble. Toi, tu suçais encore ton pouce quand ton frère a commencé à sucer autre chose »
- « Dégage de là, tu nous les casses ! – Bah, y a pas grand-chose à casser »
- « Quand personne n’a besoin de toi, tu te sens inutile, tu meurs à l’intérieur, tu te laisses aller… »
PIEGE EN HAUTE MER
Andrew Davis
Etats-Unis – 1992 – 1h43
Question : une star montante du cinéma d’action, tantôt dans la maîtrise tantôt dans le caprice, n’a-t-elle pas tout à gagner à vouloir imposer sa logique inhabituelle à la Mecque du 7ème Art au lieu de chercher à tout prix à récupérer un train en marche ? Lorsqu’on revoit aujourd’hui Piège en haute mer, on se rend bien compte que notre ami Steven n’y avait pas réfléchi. Car le plus gros succès commercial de sa carrière n’a rien de l’opus magnum capable de nous rassurer sur son évolution. En devenant soudain bankable aux yeux d’Hollywood, notre Saumon Agile aura en quelque sorte mordu à l’hameçon pour finir cuisiné sur un plateau d’argent. En somme, placez-vous pile poil dans un espace où pullulent les dérivés d’un gros film d’action (en l’occurrence le mythique Die Hard de John McTiernan), contentez-vous de soumettre votre style de combat aux conventions de ce genre très en vogue, trouvez-vous un métier qui puisse justifier votre aptitude à triompher seul contre tous (un cuisinier, ça distribue des pains, non ?), acceptez le fait de devenir le leader d’une équipe stéréotypée au lieu d’agir en solitaire, sauvez le monde en zigouillant une armada de tueurs dans un lieu clos (le navire militaire remplace ici la tour Nakatomi), et le succès hollywoodien vous tend les bras. Produit opportuniste et calibré pour le grand public, Piège en haute mer se contente donc de décalquer une trame basique avec des détails géopolitiques mensongers (après vérification, l’USS Missouri n’a jamais été utilisé pour venger l’attaque de Pearl Harbor !) et une histoire de vol de missiles en pleine mer par des terroristes menés par un ex-agent de la CIA bien allumé – les neurones du scénariste de Pretty Woman n’ont pas dû trop chauffer !
C’est là encore l’apport du réalisateur Andrew Davis à la réalisation qui va contribuer à dynamiser les enjeux du récit. Comme il l’avait fait vis-à-vis du polar urbain avec Nico, Davis traite son film d’action au premier degré, topographie son décor avec un vrai souci de réalisme, met en avant la dimension claustro et ludique des lieux visités, et offre à Steven un nouveau véhicule fort en matière d’iconisation. Son personnage de Casey Ryback, ancien Navy Seal rétrogradé en cuisinier pour insubordination, lui permet ainsi d’installer de nouveaux fétiches qu’il réutilisera tout au long de sa carrière : il joue aussi bien du couteau que du « moulinet dans le vide » (plus que jamais son grand dada !), il peut bricoler une bombe artisanale avec trois fois rien (on découvre ici un usage bien singulier du préservatif !), il emballe les bimbos sans faire le moindre effort (c’est Erika Eleniak qui joue ici le faire-valoir ultra-sexy), et bien sûr, il continue de nous faire apprécier le bruit des humérus qui craquent. Notons enfin que, faute d’un scénario qui le contraint là encore à faire équipe et à s’entourer d’autres pointures, il réussit pour la première fois à se faire voler la vedette ! En effet, au beau milieu d’une armée de vilains caricaturaux qui passent tous à trépas sans qu’on s’y intéresse (y compris un Gary Busey qui surjoue les dérangés du ciboulot), on retrouve surtout le grand Tommy Lee Jones qui cabotine génialement en bad guy fringué comme Philippe Manœuvre, enragé et délirant juste ce qu’il faut. Un acteur qui s’éclate, et qui, avec ce film, entamait une voie plus glorieuse que celle de Steven : l’année suivante, il retrouvera Andrew Davis pour Le Fugitif et empochera un Oscar bien mérité. La grande vedette de Piège en haute mer, c’était bien lui.
Bodycount : 27
Conseil de visionnage : VF
Répliques cultes :
- « Hey, t’es dans la Marine, tu ne te rappelles pas ? Ce n’est pas un job, c’est une aventure ! »
TERRAIN MINE
Steven Seagal
Etats-Unis – 1994 – 1h38
Là, on s’attaque enfin à du très lourd ! C’est peu dire que découvrir Terrain miné – ou s’autoriser à le revoir lors de nombreuses soirées pizza-bière entre potes – constitue encore aujourd’hui une expérience hors du commun. Date-charnière dans la filmographie de Steven, le film suit le carton-surprise au box-office de Piège en haute mer et permet à notre homme – clairement à l’apogée de sa carrière – de réaliser enfin le « grand film mystique et écolo » qui lui tenait à cœur. Peu avare en ambitions et encore plus mégalo que jamais, le bougre s’auto-propulse réalisateur et voit les choses en très grand : budget énorme de 50 millions de dollars, tournage luxueux dans les décors naturels d’Alaska, Basil Poledouris à la musique, Michael Caine en bad guy, Irvin Kershner en caméo, etc… Le tout animé par sa croyance absolue en la pureté de son message et de ses intentions, du genre à lui permettre enfin de choper cet Oscar qui manque sur sa cheminée – le bide cosmique du film n’aura pas suffi à lui faire entendre raison. Sauf que sa fibre écologique sera ici le soleil brûlant qui viendra lui cramer les ailes, tant cette première réalisation met surtout en avant sa dichotomie permanente – et génialement poilante – entre le discours et la mise en pratique. Sur la base du récit initiatique d’un expert en pétrole qui se venge de ses ignobles et pollueurs d’employeurs après avoir été sauvé par des esquimaux, le film n’obéit qu’à une logique manichéenne où le manque de finesse sur le fond contredit la soi-disant pureté de la forme. En fait, tout le problème est révélé dans cette scène a priori anodine où Michael Caine, sur le point de tourner un spot vidéo écolo-hypocrite dans un faux décor en carton-pâte, se fiche des indications du metteur en scène, misant ainsi sur le poids du message – tout sauf sincère – au détriment de la cohérence de la mise en scène. C’est à se demander si Steven aurait volontairement inclus son aveu d’échec dans le résultat final – auquel cas son film a de quoi paraître monumental.
De par ce constat fatal, Terrain miné a donc tôt fait de devenir une œuvre insensée, sidérante de débilité, où s’étale d’une scène à l’autre la philosophie mystico-fêlée d’un beauf à grosses couilles en mode « faites ce que je dis mais faites pas ce que je fais ». Ça commence par un incendie de station pétrolière que Steven réussit à éteindre… en faisant tout exploser (!), ça continue par une partie de main chaude avec un beauf bourré qui tape sur les esquimaux, et ça entame ensuite un trip chamanique afin de se battre contre les méchantes industries du pétrole qui veulent s’approprier les terres des gentils autochtones du coin. Mais attention : pour Steven, communier avec la nature et entamer un combat avant tout spirituel, cela consiste à battre un ours à mains nues (ou à l’étreindre, on ne sait pas trop…), à écouter les conseils d’un vieux chaman ridé, à s’envoyer en l’air avec la bimbo de la tribu inuit (Joan Chen ?!?), à ressortir les armes – dont une avec une bouteille vide en guise de silencieux ! – pour aller péter la tronche de tout un tas de seconds couteaux bien débiles (un grand bravo à R. Lee Ermey et Billy Bob Thornton pour leur abnégation), et surtout à faire exploser une station pétrolière dernier cri, causant ainsi une catastrophe écologique maousse juste avant de conclure son œuvre par six minutes de morale écolo. Le tout mis en scène de façon schizophrénique, avec une caméra soit placée au mauvais endroit soit prompte à provoquer une illusion de lyrisme vite évaporée, et où chaque scène d’action se retrouve hachée par des ralentis pourris. Cette propension de Steven à ne jamais se rendre compte de ce qu’il fait est un cadeau inespéré, idéal pour inviter un esprit critique à faire ses premiers pas, et indispensable si l’on veut connaître et comprendre Steven en profondeur. Bref, un nanar impayable qu’il convient de protéger autant que le pucelage de nos sœurs.
Bodycount : 54 (+1 si on compte l’ours !)
Conseil de visionnage : VF
Répliques cultes :
- « Dites-lui que je suis une souris qui se cache des faucons dans la maison d’un corbeau – C’est exactement ce qu’un ours aurait dit »
- « Vous voulez savoir qui est ce type ? Alors fouillez au plus profond de votre âme, dans les recoins les plus secrets et les plus sombres. Essayez d’imaginer, si vous le pouvez, le plus abominable des cauchemars, et ce ne sera rien comparé à cette sorte de fumier quand il se fout en rogne »
- « Vous n’avez rien à craindre du FBI. De toute façon, tout le monde sait qu’ils ne trouveraient pas une pute dans un bordel ! »
- « J’ai aimé le monde des esprits et j’aimais ton père, mais on n’en est plus là. Ce qui compte maintenant, c’est la froide et dure réalité de ce monde. C’est à ça qu’on est confrontés. Je ne voulais pas recourir à la violence, mais je n’ai pas le choix. Je ne prendrais aucun risque cette fois »
- « Je veux que tu protèges cette entrée comme si c’était le pucelage de ta sœur, c’est compris ? »
- « Quand la crosse est sortie, ça fait penser à un mec qui n’a pas de couilles, tu vois ? Il y a plus de risques quand la crosse est relevée, je trouve ça plus bandant. Et quand je tuerais cet enfoiré, je veux être fier de moi, je veux me sentir fort… »
- « Mon contact à Washington dit qu’on n’a pas affaire à un élève mais qu’on a affaire au professeur. Quand l’armée monte une opération qui ne doit pas échouer, c’est à lui qu’ils font appel pour entraîner les troupes, d’accord ? C’est le genre de type qui boirait un bidon d’essence pour pouvoir pisser sur ton feu de camp. Ce mec-là, tu le largues au pôle nord, sur la banquise avec un slip de bain pour tout vêtement, sans une brosse à dent, et demain après-midi tu le vois débarquer au bord de ta piscine avec un sourire jusqu’aux oreilles et les poches bourrées de pesos. Ce type là est un professionnel. S’il atteint la plateforme, on sautera tous, et il restera plus qu’un grand trou au beau milieu de l’Alaska. Alors on va trouver ce type, le descendre et on sera débarrassé de ce fumier »
- « Il y a longtemps que je me pose une question sans trouver la réponse : qu’est-ce qu’on peut dire à un homme qui n’a pas de conscience ? »
PIEGE A GRANDE VITESSE
Geoff Murphy
Etats-Unis – 1995 – 1h35
Précision importante : l’échec de Terrain miné n’aura pas poussé Steven à accepter la suite de son plus gros succès au box-office afin de se refaire une santé aux yeux d’Hollywood. Prévue depuis deux ans, cette suite ramène donc notre bouddhiste préféré au rôle qui aura fini par lui coller à la peau, à savoir celui d’un type qui s’est trouvé un nouveau métier (en l’occurrence celui de cuisinier), mais qui donne toujours l’impression de pratiquer l’ancien (en gros celui d’un Navy Seal expert en aïkido). Cette fois-ci, ce n’est plus dans un bateau qu’il va foutre une branlée à des terroristes, mais dans un train où quelques soldats bien crétins et un informaticien à tête de con prévoient de détruire Washington avec un satellite armé en orbite autour de la Terre. Était-il nécessaire de prendre un train en otage pour faire ça, alors qu’il leur suffisait de rester chez eux avec une connexion satellite ? Mystère… Toujours est-il qu’en sachant que ce bon vieux Casey Ryback se trouve dans l’un des wagons, ils savent qu’ils ont affaire au meilleur et qu’ils ont donc de bonnes raisons de commencer à trembler. Bienvenue donc dans Piège à grande vitesse (ou « PGV » pour les intimes), produit calibré à tous les étages, basé sur un script intitulé In Dark Territory – terme ferroviaire désignant une zone obscure où une section de voie ferrée ne laisse plus passer aucun signal de communication – et torché sans aucun mérite par Geoff Murphy, cinéaste néozélandais révélé par Utu en 1983 et devenu par la suite expert en séquelles pourraves (Fortress 2, Young Guns 2… on vous fait un dessin ?).
Avouons-le, les premières images spatiales font presque croire qu’on s’est trompé de film, voire – mieux encore – que Steven va casser des bras hors de la Terre et laisser son ego atteindre la stratosphère. Fausse alerte, bien sûr, car l’échelle de l’ambition a semble-t-il été revue à la baisse. Malgré un budget deux fois plus élevé que pour Piège en haute mer, on se retrouve face à un film infiniment plus cheap, où quelques jolis plans spatiaux en 3D côtoient des transparences hideuses, où la contrainte du huis clos n’invite jamais le réalisateur à topographier efficacement son décor de train, et où la mollesse des scènes d’action – encore moins nombreuses qu’avant – devient la seule explication possible à ces quelques accélérés furtifs qui parasitent le montage. Lors d’un combat au couteau contre Everett McGill, le réalisateur va même jusqu’à utiliser trois fois le même plan de Steven qui mouline les bras ! Et Steven n’est lui aussi pas gâté : en plus d’avoir pris un peu de poids (ça y est, ça commence…), on l’encombre ici d’une nièce adolescente jouée par Katherine Heigl (ici dans l’un de ses premiers rôles) et d’un sidekick noir tout juste bon à rouler des mécaniques pour détendre l’atmosphère. A part ça, il continue de dévertébrer les vilains et de bricoler des bombes artisanales avec tout ce qui lui tombe sous la main (notamment du verre pilé et de l’huile de noix de coco !). Tout avance ici avec la nervosité d’une voiture Corail, et il faudra attendre la fin du voyage pour savourer un déraillement final assez spectaculaire où deux trains à grande vitesse rentrent en collision sur un pont suspendu. Bref, avec ce PGV, prenez le temps de ne pas aller très vite.
Bodycount : 25
Conseil de visionnage : VF
Répliques cultes :
- « Tu sais, le temps passe, les années s’envolent, et avant que tu ne t’en rendes compte, c’est déjà trop tard »
ULTIME DECISION
Stuart Baird
Etats-Unis – 1996 – 2h08
Celui-là, en principe, on n’aurait pas dû l’inclure dans cette rétrospective, et ce pour une raison que tout le monde connaît : ce n’est pas un « film de Steven Seagal » ! En effet, notre Saumon Agile n’apparaît ici que dans un second rôle (pire encore : son nom n’apparaît même pas dans le générique de début !), mais surtout, il crève très courageusement à la 42ème minute ! Pas cool quand on est un colonel de l’armée chargé d’investir un avion de ligne où des terroristes dirigés par Hercule Poirot ont pris tout le monde en otage afin de réclamer la libération de leur psychopathe de chef. Oui, c’est le même genre de scénario qu’Air Force One (qui sortira pourtant un an plus tard !), et oui, le suspense va donc se résumer à une banale partie de cache-cache dans les soutes de l’avion. Autant dire qu’on s’emmerde à peu près autant que cette pauvre hôtesse de l’air jouée par Halle Berry, tandis que Kurt Russell – contraint de remplacer Steven après avoir été chargé de le seconder – tente de désamorcer une bombe sans se faire remarquer. Stuart Baird, monteur attitré d’un bon paquet de films d’action et futur réalisateur d’U.S. Marshals, emballe l’affaire en traitant les codes de l’actionner volant et du film catastrophe comme les dernières roues du carrosse. Tant et si bien que lorsque le film s’achève, on ne met pas plus de cinq minutes à l’effacer de notre mémoire. Ne reste alors que le souvenir de la mort prématurée de Steven, qui invite à considérer qu’il n’avait pas besoin de s’attarder davantage dans un film avec si peu de testostérone et de cojones. Les mauvaises langues, elles, sont unanimes pour dire qu’il s’agit de sa meilleure performance. Les cons…
Bodycount : 7
Conseil de visionnage : VOST
L’OMBRE BLANCHE
John Gray
Etats-Unis – 1996 – 1h28
Très étrange, ce film. Un peu comme si on avait voulu tenir compte du récent succès de Seven en dupliquant les mêmes critères (le duo de flics, le serial-killer adepte de crimes à connotation religieuse, l’image poisseuse, l’ambiance pluvieuse…), en y greffant ensuite les codes du buddy-movie façon Le Dernier samaritain avec un autre frère Wayans au casting (Keenen remplace Damon), et en y injectant des gènes décongelés de Copycat à mi-parcours. On ne sera ici pas trop étonné de voir le buddy-movie prendre l’avantage sur le thriller, puisque L’Ombre blanche fut envisagé au départ comme un gros film d’action à gros budget – le semi-échec des précédents films de Steven aura incité la Warner à faire des coupes drastiques. Reste que le résultat final relève du produit schizophrène, dans lequel une intrigue policière assez captivante et moins simple qu’elle n’en a l’air se voit trouée ici et là par des cassages de bras et de gueules qui frisent le hors-sujet. Le look de Steven, avec collier de perles tibétaines et tenue de bouddhiste censée dissimuler un gavage de pancakes, bloque déjà toute possibilité de croire qu’il joue un policier. On prend un pied énorme à l’entendre répéter qu’il ne doit pas se battre parce que sa religion l’interdit – cela ne l’empêche pas de faire craquer les os de tous ceux qui lui barrent le passage. A ses côtés, Keenen Ivory Wayans – pas encore réalisateur de Scary Movie – se révèle étonnamment sobre et crédible dans le rôle d’un acolyte black qui n’est pas uniquement là pour blaguer. Leur tandem, touchant et équilibré, constitue le point fort du film.
On a tout de même une précision capitale à apporter. A l’époque lassé de contredire ses croyances spirituelles en jouant le bourrin qui tue sans cesse les méchants, Steven souhaitait jouer ici un vrai personnage bouddhiste, prompt à ne pas employer la violence et à résister à sa condition de bourrin monolithique. Nul doute que la Warner a dû râler en lui disant « Arrête coco, t’as déjà des grosses couilles, n’essaie pas de nous faire croire que t’as une âme ! », invitant donc l’acteur à réitérer son image de marque et à nous offrir de grands moments de portnawak hilarants dont lui seul a le secret. Ainsi donc, dans L’Ombre Blanche, on boit du thé chinois enrichi aux testicules de lama pour accentuer la virilité, on utilise une carte de crédit truquée pour égorger des mafieux russes, on défonce des crânes à grands coups de crosse de revolver, on s’en va chialer au cinéma devant une scène de Casablanca avec Humphrey Bogart, et on cite même ce cher Sun Tzu pour mettre en perspective le fait de traquer un serial-killer. Récupérant un poste de réalisateur initialement prévu pour Roland Joffé (Mission), John Gray filme tout ça un peu n’importe comment, rend instable chacun de ses plans par un abus de la caméra portée, et n’a pas besoin de faire le moindre effort pour nous faire deviner qu’il a fait son beurre sur le tournage de séries télévisées. On mettra toutefois à son crédit un soin tout particulier accordé aux atmosphères, ainsi que des choix élégants de production design : ainsi donc, dans un New York tour à tour pluvieux et diurne où pullulent les lofts spacieux et les résidences de luxe, on reconnaîtra la demeure du vilain de l’intrigue comme étant la fameuse Ennis House, villa hollywoodienne ayant déjà servi au tournage de Blade Runner.
Bodycount : 28
Conseil de visionnage : VF
MENACE TOXIQUE
Felix Enriquez Alcala
Etats-Unis – 1997 – 1h40
Steven a bel et bien ses caprices que la raison ignore. Que son Terrain miné ait fait un four terrible au box-office n’a semble-t-il pas ralenti sa confiance à vouloir combiner sa fibre écologiste avec les impératifs du cinéma de divertissement. Menace toxique marque donc une seconde étape sur sa route du polar d’action à vocation écologique, et la Warner s’est visiblement laissée prendre au jeu en injectant pas moins de 60 millions de dollars dans ce film qui en rapporta à peine 16. La sanction ne s’est pas fait attendre : le studio s’empressa de déchirer le contrat qui le liait à Steven, et le film fut le premier de sa carrière à ne pas bénéficier d’une sortie dans les salles françaises. Notons qu’afin de limiter la casse, les huiles du studio ont même été jusqu’à tronquer le montage, supprimant de ce fait un grand nombre de sous-intrigues et de scènes d’action coûteuses – cela explique pourquoi un budget aussi élevé ne se reflète jamais à l’écran. Doit-on pourtant conchier le résultat sans s’interdire de prendre plaisir à ses éventuelles énormités ? A la surprise générale, cette question n’est pas celle qu’il convient de se poser. Désir de Steven ou désir de studio, on n’en sait rien, mais toujours est-il que Menace toxique adopte un ton infiniment plus modeste que Terrain miné, en tout cas sans propension au nanar qui se mord la queue. Inutile d’attendre de Steven qu’il fasse exploser quelque chose de polluant pour nous faire ensuite avaler son discours écolo : son combat contre les rednecks miniers qui déversent des déchets toxiques dans les Appalaches se traduit ici davantage en mots qu’en actions violentes. D’où un film frugal, assez mesuré, qui détonne sur pas mal de points.
Felix Enriquez Alcala a été réalisateur de séries télévisées (Urgences ou Battlestar Galactica), et ça se voit : sa réalisation, plate et conventionnelle, n’est pas celle d’un pro de l’action qui pense tout en matière de fluidité et de raccords de plan. Que ce soit pour découper n’importe la poignée de bagarres qui peuplent le récit ou pour rendre hommage à Duel lors d’une course-poursuite avec un camion (qui s’achève d’ailleurs de la même façon que le film de Spielberg !), on le sent incapable d’insuffler à son film une vraie nervosité. C’est donc quand le calme s’installe que son savoir-faire se révèle enfin. Menace toxique a cela de touchant qu’il mise autant que possible sur sa belle ambiance redneck, mettant en valeur les décors ruraux du Kentucky et humanisant un minimum les quelques seconds rôles que côtoie Steven (hormis les vilains, tous débiles et caricaturaux à loisir). Pas de quoi crier au drame sociologique, certes, mais la mise en avant de valeurs progressistes et écologiques, sans bout de gras nanardesque ni véritable propension au too much déplacé, fait plutôt plaisir. Ajoutez à cela une love-story très crédible avec Marg Helgenberger (pas encore star des Experts mais déjà très belle), des acteurs en lien direct avec cette Amérique profonde (Harry Dean Stanton, Kris Kristofferson, Stephen Lang…), une jolie musique country-blues qui sert à merveille le cadre du film (Steven nous révèle ses talents de chanteur et de guitariste au détour d’une scène), et en fin de compte, vous obtenez un petit polar très agréable.
Bodycount : 39
Conseil de visionnage : VF
Répliques cultes :
- « Vous voulez jouer dans la cour des grands ? J’envoie trois cent agents chez les péquenauds. Vous le sentirez, croyez-moi : ils vont vous inspecter par tous les trous, et votre médecin de campagne devra se faire importer une tonne de pommade pour vous soulager de vos hémorroïdes ! »
- « Le problème avec les riches, c’est qu’il leur arrive assez souvent d’être indifférents aux autres […] Pour ces gens-là, vous n’êtes que des ignorants, des vanupieds, des pauvres petits péquenauds qui n’ont ni l’argent ni le pouvoir ni la volonté de se battre »
- « Ce sont mes droits constitutionnels que vous êtes en train de violer – Je peux vous garantir que vous ne risquez pas d’oublier ce que violer veut dire »
- « Si je vous laisse passer, je perds mon job – C’est mieux que de perdre toutes tes dents de devant »
LE PATRIOTE
Dean Semler
Etats-Unis – 1998 – 1h27
Cette fois, c’est certain : Steven va mal. De plus en plus enrobé, limitant son jeu à une seule expression (avant, il en avait au moins deux !) et toujours obstiné à mythifier son image pour une cause écologique qu’il défend plus que tout, il se retrouve surtout sans studio et de moins en moins soutenu par sa fanbase. En cette année 1998, alors que la planète cinéma n’a que le mot « Titanic » à la bouche, Steven se contente de jouer son propre rôle dans My Giant – une grosse connerie avec Billy Crystal – et rentre en conflit avec son fidèle producteur Julius Nasso pour une histoire de racket financier dont les ramifications mafieuses restent encore à élucider. Avant que cette rupture artistique ne soit consommée, il persiste dans le polar écologique en finançant avec son propre argent ce nouveau film, sorti directement en DVD aux Etats-Unis, et dont le titre français n’aura jamais cessé de changer (Le Patriote, Piège à haut risque, Justice finale…). Sa présence limitée comme acteur dans le film révèle en outre le je-m’en-foutisme qui commence à le gagner par rapport au monde du 7ème Art. Bizarre dans la mesure où il se réserve le rôle d’un toubib-cowboy, qui traîne derrière lui un passé d’immunologiste et de leader de commando (rien que ça !). Soit pile poil le genre de type sur lequel il va s’agir de compter quand un groupuscule paramilitaire d’extrême-droite, toujours plus irrité par l’ouverture d’esprit du gouvernement, décide de niquer la population d’une petite ville du Montana en y lâchant un virus bactériologique.
Si l’on devait juger un film sur la qualité de sa photo, Le Patriote aurait juste ce qu’il faut pour avoir l’air regardable. Le temps d’un premier quart d’heure qui sublime la beauté des décors naturels du Montana et où Steven joue les cowboys avec son lasso, on pourrait presque s’imaginer dans un western réalisé par Kevin Costner. C’est d’ailleurs assez logique : le réalisateur Dean Semler n’était autre que le chef opérateur oscarisé de Danse avec les loups, et son travail sur les trois premiers Mad Max ne cachait déjà rien de son génie pour magnifier les grands espaces. Reste qu’un joli Scope ne suffit pas à faire un film, encore moins quand le résultat ne tarde pas à exhiber de bien douteux attributs. Que Semler soit incapable de faire mieux (ou aussi bien) que Wolfgang Petersen sur Alerte en matière de thriller pandémique, c’est une chose. Mais qu’il serve la soupe à la tendance facho et très premier degré d’un Steven qui avoue adhérer à l’idéologie d’extrême-droite tout en condamnant les méthodes de ces groupes néonazis, là, c’en est une autre ! N’ayant rien à offrir comme scène d’action ou comme ingrédients susceptibles de le faire tanguer vers la parodie débile, Le Patriote se complaît dans un premier degré détestable au possible et débite des messages politiques à la limite de l’indécence. A ce titre, au détour d’une ligne de dialogue, Steven va même jusqu’à nous resservir sa théorie puante d’une expérience militaire qui aurait été à l’origine de l’apparition du SIDA ! Il ne lui faudra qu’une infusion de recette indienne – transmise sous forme de pluie de pétales ! – pour éviter le pire et mettre fin à cette mascarade écolo-facho. Détail amusant : tandis que Camilla Belle joue ici sa fille, Steven travaille avec une jeune assistante jouée par… Ayako Fujitani, sa vraie fille dans la vie, qui sera plus tard dirigée par Michel Gondry pour le film à sketchs Tokyo !
Bodycount : 10
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « Les gens, il leur faut quelqu’un qui les aime près d’eux pour mourir. Les chevaux, ils préfèrent le faire seul »
HORS LIMITES
Andrzej Bartkowiak
Etats-Unis – 2001 – 1h37
Que faire quand votre carrière d’action-star est au point mort, que vous avez ramé pendant trois ans à devenir producteur indépendant, et que vous souhaitez revenir sur le devant de la scène avec la promesse de faire un régime ? Réponse : attendre qu’un producteur découvreur de talents et extracteur de gloires passées s’intéresse soudain à votre cas. C’est dire si Steven peut remercier Joel Silver de lui avoir proposé Hors limites : le beau succès au box-office de ce petit polar d’action ultra-bourrin fut le dernier sursaut positif d’une carrière de plus en plus orientée vers les limbes du DTV bas de plafond (nous allons bientôt y venir…). Basé sur un pitch traitant majoritairement de la corruption policière et adapté d’un obscur roman de l’ex-flic John Westermann, le film se construit en hommage voulu au cinéma urbain des années 70, avec un Steven en néo-Harry Callahan, moins charismatique que le vrai mais tout de même bien énervé de la gâchette, qui entame une croisade sans pitié contre les dealers des quartiers chauds de Detroit et les flics pas nets qui y font leur propre business en toute impunité. Avec, comme toile de fond d’un récit qui se croit plus malin qu’il ne l’est, le poids de plus en plus considérable de la sphère Web pour couper toute traçabilité des trafics illégaux. Cela vous fait penser à une version modernisée de Nico ? Vous avez tort.
La présence du réalisateur Andrzej Bartkowiak derrière la caméra a vite fait de nous remettre fissa les pendules à l’heure. Cet ancien chef opérateur devenu pyrotechnicien sans âme signe ici le second volet d’une trilogie officieuse, entamée avec Roméo doit mourir et poursuivie avec En sursis (tous deux avec Jet Li), le tout chapeauté par un Joel Silver qui pensait avoir trouvé la nouvelle formule gagnante du cinéma d’action américain (star physique + star musicale + destruction massive + humour lourdingue + kung-fu + 50 cadavres minimum = maxi-brouzoufs !). Tout ce que propose Hors limites se résume à un formatage grossier destiné à des cibles précises, la baston asiatique câblée d’un côté, la culture gangsta-rap de l’autre. Ce qui nous vaut ainsi pas mal de scènes inutiles, tamponnées à la hussarde sur diverses articulations d’une intrigue post-it, où des flics véreux causent sport dans un bar, où un DMX über-classe s’habille en Armani au ralenti devant sa glace, où l’horripilant Anthony Anderson joue les morpions vulgos chez un concessionnaire de luxe, et où son dialogue avec un Tom Arnold lui aussi très atteint nous vaut ici le générique de fin le plus répugnant jamais osé dans un film. Tout ceci ne sert à rien, mais dégage un degré de connerie si élevé que le film en devient réellement jouissif. Steven, lui, va ravir ses fans : fusillades, poursuite en moto, combat à mains nues ou à l’épée, sans oublier une perte de poids tangible et quelques prises d’aïkido qu’il assure pour ses plans rapprochés – sa doublure hérite encore des plans larges. Une amusante scène des « colériques anonymes » lui permet même de lâcher l’une de ses plus belles répliques. Au final, ce hachis clippesque façon MTV fut pour lui une heureuse parenthèse, hélas tout de suite refermée. Et soudain, le vide…
Bodycount : 26
Conseil de visionnage : VF
Répliques cultes :
- « Je ne suis pas en colère, je ne cache même pas ma joie. Vous voyez ce visage ? C’est le visage du bonheur. Et je vous souhaite de connaître un bonheur comme le mien »
- « Je suis un aimant à merde ! »
- « T’es un magicien, toi… – Si tu veux, je peux te sortir un lapin des fesses »
Cardio
EXPLOSION IMMINENTE
Albert Pyun
Etats-Unis – 2001 – 1h28
Albert Pyun est un cas à part. Ce n’est jamais facile de juger un film du bonhomme dans la mesure où sa connaissance accrue des ficelles du système D lui aura permis pendant des années de torcher de la série B pas chère en un temps record – cela suffirait presque à nous donner envie de le féliciter. C’est bien simple : avec Pyun, un tournage n’excède jamais une quinzaine de jours (seulement douze pour le film qui nous intéresse ici), et chaque scène est systématiquement conçue à l’aide de cadres rétrécis et de champs/contrechamps jamais tournés au même moment – ceci dans le but évident de dissimuler une telle misère budgétaire. Reste que, parfois, la panoplie du petit malin se déchire. Ce navet grotesque, prévu au départ pour Chuck Norris et tourné juste avant Hors limites (mais sorti en DTV juste après), en est la preuve. Non seulement on se désintéresse de ce sous-Blown Away où un terroriste menace de faire sauter un immeuble de San Francisco toutes les heures si on ne libère pas sa jeune et jolie complice (qui joue peut-être double jeu… ou pas ?), mais en plus, Steven y joue les utilités pour aider un flic joué par Tom Sizemore à coincer le méchant (un Dennis Hopper à barbichette et petites lunettes). Certes, il bastonne des soldats dans un couloir, mais c’est si mal monté qu’on ne capte rien. Certes, il neutralise un truand au volant en déclenchant son airbag d’un bon coup de pied dans le pare-chocs, mais désolé, ça ne compte pas. Et certes, il nous offre de jolies perles de bouddhisme WTF dans les moments les plus incongrus, que ce soit en situation de désamorçage de bombe ou pour décrire son travail de démineur (devenez plus zen en disant « appareil » au lieu de « bombe » !), mais c’est fait sans entrain. A part ça, Tom Sizemore et Peter Greene en viennent souvent aux mains sans qu’on comprenne pourquoi (avant de se réconcilier ni vu ni connu), et une clocharde-indic se la pète un max avec sa connaissance des légendes arthuriennes… C’est celaaaaaa, oui…
Pour autant, un tel ratage n’est pas imputable qu’aux bidouillages communs d’un réalisateur speedé et d’un scénariste trépané. L’historique du film révèle le pot aux roses : comme le confirme son ton vaguement gêné dans le commentaire audio figurant sur le DVD du film, Pyun aura vu la plupart de ses idées de mise en scène avortées par la production, ce qui poussera celle-ci à abuser à l’usure de tout un tas de stock-shots issus d’autres films produits par la firme Nu Image – qui entamera ici une collaboration sacrément houleuse avec l’ami Steven. En outre, comme la répartition des rôles entre les trois stars principales n’était pas à l’avantage de Steven, il fut décidé de rajouter quelques scènes d’action durant le dernier quart d’heure afin de coller aux standards de l’acteur. Cela justifie donc la tenue désastreuse d’un film qui, coincé entre des raccords de plans à la ramasse et des explosions qui remplissent du vide avec du creux, entoure tout souci de cohérence d’un vilain détonateur réglé sur cinq minutes. Cela nous offre néanmoins quelques fous rires quand la mise en scène ne peut rien dissimuler de ses artifices grossiers, en particulier des effets de transparences que l’on imagine bâclés par un stagiaire. A ce titre, lors d’une scène en voiture avec Dennis Hopper et Jaime Pressly, on vous conseille de bien regarder l’arrière-plan quand la voiture s’arrête. Voilà bien le genre de plan qui nous ferait presque croire à la résurrection de Bruno Mattei sous un nouveau pseudonyme !
Bodycount : 11
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « Le truc, quand on a touché le fond, c’est qu’on ne peut plus remonter vers le haut »
- « Il faut que tu dépasses la peur. Ne t’accroche pas à la vie ou à la mort. Dis-toi que la mort n’est qu’un autre stade de la récré. Tu dois ressentir cela. Et pour arriver à le ressentir, tu dois maîtriser ton esprit. Même si tu pars, tu reviendras. Oublie la vie, la mort, et tu n’auras plus peur. Si tu n’as plus peur, tu seras calme et tu te laisseras gentiment guider, d’accord ? »
- « Vas-y, tu peux leur parler. Ils t’écouteront. L’amour ne meurt jamais. Et ils ne sont pas morts. L’amour est éternel et ça fait long »
MISSION ALCATRAZ
Don Michael Paul
Etats-Unis – 2002 – 1h35
Relancé par le succès de Hors limites, Steven en a donc profité pour s’évader temporairement du vidéo-club… avant d’être rattrapé par ses démons et renvoyé dans les basses fosses du DTV torché vite fait mal fait dans les pays de l’Est. Et ce n’était pas avec Mission Alcatraz qu’il lui aurait été possible de remonter la pente, quand bien même ce film d’action ultra-cheap fut un mini-succès au terme d’une petite exploitation dans les salles américaines. Le problème, ici, c’est qu’en essayant là encore de capitaliser sur un domaine qui n’est pas le sien – à savoir la culture gangsta-rap – et qui lui aura valu une certaine considération du grand public, Steven perd de vue son identité première et ne fait que desservir son image poilante de bouddhiste-ostéopathe. Le voir désormais à peu près aussi rigor mortis qu’un Sammo Hung en fin de carrière, coiffé d’un bonnet de bain pour se la jouer big boss du tierquar et surjouant la coolitude forcée en donnant la réplique au rappeur Ja Rule, le tout dans un vieux bâtiment désaffecté de la Stasi que l’on essaie de faire passer pour un Alcatraz high-tech, c’est déjà le début du nanar. Mais du nanar qui se veut finalement moins drôle que pathétique, digne de tout produit bassement mercantile et télévisuel qui commence par inonder les rayons DVD des supérettes avant de finir offert avec un plein d’essence dans votre station-service préférée. Cela dit, inutile de se montrer trop défaitiste : toute série Z qu’il soit, qui plus est torchée par un incapable qui mise sur l’abus de RNB-rap et de plans obliques pour rythmer un découpage atone, Mission Alcatraz contient malgré tout son lot d’ingrédients suffisamment bêtes pour faire sourire.
C’est encore notre grosse saucisse qui met ici pas plus de cinq minutes pour nous donner le « la » du taux de connerie grasse que l’on s’apprête à ingurgiter. De nouveau dans la peau d’un agent d’on ne sait plus trop quoi (ici le FBI), Steven rejoue l’aïkidoka bouddhiste qui a tout compris de la vie. Revenu à la vie après avoir passé 22 minutes en état de mort imminente (« half past dead », titre original du film), il discute avec un vieux condamné à mort qui a décidé d’accepter les « représailles de son karma ». Celui-ci le convainc de lui révéler ce qu’il y a après la mort, mais comme ils sont interrompus par des terroristes à la con qui prennent la prison en otage, Steven gardera pour lui le secret le plus convoité de la création. Dommage, cela aurait pu nous permettre de valider ou non les théories de L’expérience interdite… Toujours est-il que, face à un Morris Chestnut visiblement en rogne de lui avoir autrefois servi la soupe dans Piège à grande vitesse, Steven s’avère invincible. Son essence divine le fait se relever quand on lui tire dans l’épaule, son flingue peut arrêter le crachat d’un bazooka, et sa surcharge pondérale ne l’empêche pas de se balancer d’une corde, de circuler dans des conduits d’aération et d’oser une chute libre pleine de grâce du haut d’un hélicoptère. Il est quand même trop fort, ce Steven ! Pas au point d’arriver à transformer Alcatraz en tatami géant, ni même de se montrer plus sexy qu’une Nia Peeples en vilaine sanglée dans une combinaison de cuir, mais ça demeure aussi bidonnant que bidon. Et rire de lui, c’est bien la seule chose qui va nous motiver à suivre le reste de sa filmo…
Bodycount : 10
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « Le plus dur n’est pas de mourir, mais de savoir que ta vie ne t’appartient pas. Connaître la date et l’heure de ta mort retire tout le mystère »
L’AFFAIRE VAN HAKEN
Michael Oblowitz
Etats-Unis/Pologne – 2003 – 1h32
A partir de ce film-là, les jeux sont faits : entre Steven et le cinéma, c’est une histoire d’amour qui a pris fin. Une nouvelle ère démarre : celle des direct-to-video de seconde zone, torchés à la chaîne et à coût réduit sous l’égide de boîtes de production peu réputées pour leur goût, le tout shooté le plus souvent par des gougnafiers de la pellicule dans des pays d’Europe de l’Est très ouverts aux crédits d’impôt. L’affaire Van Haken inaugure cette longue lignée de bousasses plus ou moins rigolotes avec un génie peu commun en matière de néant filmique. Déjà, on note que le titre français n’est pas clair : on affiche « Van Haken », mais pendant le film, ça hésite entre « Van Aken » ou « Van Aiken ». Ensuite, on précise qu’un synopsis promettant un dérivé du Transporteur ne garantit pas de finir scotché au bitume. Déjà qu’on ne comprend strictement rien à cette intrigue où Steven, de nouveau dans la peau d’un ex-agent de la CIA, transporte un mystérieux colis convoîté par à peu près tout le monde. Que peut bien contenir ce colis tant convoité ? Une bombe d’un nouveau genre ? Une collection de DVD HK devenus introuvables et hors de prix ? Le dernier bouquin d’Alexandre Jardin ? A priori, il s’agirait de la boîte noire d’un avion de ligne détruit de façon suspecte, mais on n’a pas tout saisi. Les choses ne s’arrangent pas quand il s’agit de capter le rôle de chaque « personnage ». Qui fait quoi, et pour le compte de qui ? Mystère… Mystère, aussi, de chercher une logique à des effets de montage grotesques (Steven s’offre les seuls plans en noir et blanc dans une boîte de nuit inondée de lumière bleue !) et à des gaffes narratives à peine croyables (quand on bute la réceptionniste d’un hôtel, on en retrouve une nouvelle derrière le guichet dans la scène suivante !). Non, vraiment, c’est édifiant…
A la question « Comment captiver quand on a rien à filmer ? », un sacré nullard du nom de Michael Oblowitz a souhaité répondre par un art consommé du meublage. Pour lui, il semble se dégager sophistication et pouvoir de l’illusion dans sa façon de filmer des déambulations absurdes dans des intérieurs aussi luxueux que vides – c’est d’ailleurs toujours les mêmes – et de faire passer des terrains vagues polonais pour des hectares de campagne française. Pour lui, il y a indéniablement du rythme et de l’effort dans le fait de voir un tueur escalader un petit mur de deux mètres et sauter en faisant une petite roulade de l’autre côté. Pour lui, il y a surtout un désir d’expérimentation dans son art de faire mumuse avec la bague de mise au point de sa caméra dans chaque moment de tension – imaginez une suite de champs/contrechamps où chaque plan ferait un quart de seconde ! Et avec ce cher Steven qui se fait doubler neuf fois sur dix quand il fait l’effort de se pointer sur le tournage, autant dire qu’il se persuade d’avoir trouvé la Rolls-Royce de l’actorat. On traverse donc cette affaire pourrie d’avance avec une mine effarée, réaction logique face à une production design inexistante (une moquette abîmée, une chaise, une commode Ikea, et hop, voilà une chambre d’hôtel !) et à des détails qui dépitent plus qu’ils ne font sourire (le CD explosif, l’hôtel Terminus visualisé en bâtisse paumée en pleine campagne, le bad guy british à la sauce Guy Ritchie qui tient sa clope dans toutes les situations, etc…). Inutile d’en dire plus, tant cet imbitable thriller à tiroirs reste encore aujourd’hui l’un des plus détestés de la filmo de Steven. C’est acté : le monde merveilleux du cinéma hollywoodien n’est pas prêt de lui rouvrir ses portes.
Bodycount : 27
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « Essaie d’ouvrir ce paquet, et tu peux dire adieu à ta petite bite ! »
- « Rester en vie n’est qu’une question de choix. Rares sont ceux qui le savent »
ULTIME VENGEANCE
Michael Oblowitz
Etats-Unis – 2003 – 1h27
Pour rappel, Steven avait déjà cité ce cher Sun Tzu – auteur de L’Art de la Guerre – au détour d’une réplique de L’Ombre blanche. Il en remet une couche dans Ultime vengeance, via une citation du bonhomme placée en tout début de film : « La guerre repose sur l’art de la tromperie ». Mais vu que ce gros couillon s’est senti obligé de compenser à nouveau avec une sacrée équipe de bras cassés, on jurerait d’y voir la profession de foi d’un gros cynique fier de jouer les cadors partout où il pose ses kilos. Tourné en Bulgarie avec la même équipe de bras cassés – scénaristes et producteurs de la firme Nu Image – que le minable Point d’impact avec Jean-Claude Van Damme, ce superbe nanar replace aussi au poste de réalisateur ce cher Michael « Je monte mon film avec les mains dans un panier de crabes » Oblowitz, gros beauf à cigare qui, dans le making-of du film, affirme vouloir rendre ici un grand hommage aux films de Tsui Hark et de Sammo Hung. On aura toutefois pris la peine de remarquer que c’est Steven qui dirige le film à la place. Ici, ce dernier joue un archéologue super crédible (la preuve, il est capable d’épousseter une fausse statue de terre glaise !) qui, tout à coup, se la joue virtuose du sabre face à deux bonzes surarmés et active sa vendetta destinée à faire couler le sang des infâmes triades chinoises qui l’ont injustement envoyé au trou. Petit détail pas piqué des hannetons : chaque chef des triades qu’il tue possède sur son poignet un idéogramme dessinant un vaste rébus bouddhiste du 15ème siècle – on appelle ça un « Kung-gi » – qu’il se devra de résoudre pour atteindre le boss final, et ce pendant qu’un duo de flics d’Interpol s’offre un pourcentage de scènes sensiblement plus élevé que lui.
S’il n’en rate jamais une pour entériner sa démarche bouseuse, Oblowitz réussit ici un mini-exploit par rapport à L’affaire Van Haken : chaque énormité mise en avant par sa mise en scène réussit à générer le fou rire. Il faut voir sa façon de jaunir l’image pour déguiser une campagne bulgare en plaine chinoise, ou encore de faire croire à un quartier de Chinatown en plaçant un faux restaurant de nems et deux lanternes chinoises dans une rue de Sofia. Il faut voir avec quelle acuité il utilise les fonds verts les plus dégueulasses possibles quand le cadre devient un peu agité (vous n’êtes pas prêts d’oublier la scène de l’avion…) ou les effets matrixiens les plus pourraves pour deux fusillades mal découpées. Il faut aussi savourer pleinement sa visualisation ubuesque de la triade chinoise sous forme d’une dizaine de papys constipés, assis autour d’une table sur laquelle la caméra glisse vers l’avant ou vers l’arrière. Il faut enfin lui tirer notre chapeau pour avoir regardé Matrix de travers : selon lui, n’importe quel mongolo couvert de poil à gratter peut soudain faire de la capoiera sur les murs et le plafond, et tout personnage secondaire peut servir de gâteau chinois ambulant pour un héros qui trace sa route (« L’eau au loin n’étanche pas ta soif », « Allume une bougie au lieu de maudire les ténèbres », « Difficile de descendre du dos du tigre », « Tous les corbeaux sont noirs », etc…). Sans oublier notre plan préféré parce que d’une gratuité bidonnante : une tasse à café qui tombe au ralenti… et qui ne se brise même pas ! Du pain béni pour un Steven qui casse des bras dans des intérieurs à la production design pas dégueu, qui fait un petit tour à la blanchisserie chinoise de la Rue de la Grue à Paris (avec « Blanchisserie chinoise de la Rue de la Grue » écrit en gros sur la vitre !) et qui tranche la tête du grand vilain en catapultant son katana du haut du cinquième étage ! Là, pour le coup, on admet qu’il y avait de quoi se fendre la poire…
Bodycount : 25
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « L’esprit est un miroir, une lumière qui brille. Il faut le nettoyer tous les jours pour en chasser toute poussière – Il n’y a ni miroir ni poussière ni ténèbres, rien que la lumière de l’esprit »
- « J’ai tout fait pour tourner le dos à mon passé, en vain. On dit qu’il faut en tuer un pour en prévenir cent. J’en tuerais peut-être cent pour en prévenir un. On dit aussi de creuser deux tombes avant de se venger, mais je vous promets que les âmes de nos ennemis seront réduites en poussière avant les funérailles »
- « L’eau au loin n’étanche pas ta soif. Allume une bougie au lieu de maudire les ténèbres »
- « Une grue survole un fleuve, sa paisible surface cache un danger au-dessous : voilà l’énigme que j’ai résolue en tuant dix de vos hommes »
UN ALLER POUR L’ENFER
Ching Siu-tung
Etats-Unis/Hong Kong – 2003 – 1h28
Après une petite enquête, il apparaît qu’Un aller pour l’enfer – titre français bien crétin pour Belly of the Beast – constitue l’un des DTV les mieux notés et les plus appréciés de la deuxième partie de carrière de Steven. On comprend aisément pourquoi. Certes, le résultat transpire la fibre du produit tourné en quatrième vitesse dans une Thaïlande touristique, avec un acteur doublé à 70% et au triple menton cadré toujours plus serré. Mais si Steven paraît ici un peu moins enveloppé qu’on ne le craignait, on le sent surtout un peu plus impliqué – il apparaît dans presque toutes les scènes – et désireux de prendre les choses au sérieux, sans doute en raison d’un film qui prend place sur sa nouvelle terre d’accueil et qui intègre une bonne partie de ses croyances bouddhistes au sein de l’intrigue. Et surtout, cette fois-ci, on ne retrouve pas n’importe qui derrière la caméra : ni plus ni moins que Ching Siu-tung, illustre réalisateur des trilogies Swordsman et Histoires de fantômes chinois, dont on connait le goût des chorégraphies bondissantes et des ambiances à forte teneur exotique. On aura beau savoir que lui et Steven ont failli en venir aux mains sur le tournage, le cinéaste ne s’est pas laissé faire, bien décidé à imposer son style par-dessus les exigences absurdes de son action-star marmoréenne. Ainsi donc, il exploite chaque décor au maximum, enveloppe chaque scène d’action d’un filmage soigné, propose quelques jolies idées visuelles (face à Steven, une fille nue fait couler de l’eau sur sa poitrine pour y faire apparaître un message caché !), et surtout, réussit à tirer profit de l’aura improbable de Steven en n’hésitant jamais à le filmer dans de grands moments de portnawak massif. A ce titre, on jubile à n’en plus finir de le voir glisser à plat ventre sur le lino comme Marie-Pierre Casey dans une publicité pour un dépoussiérant, ou dévier de ridicules flèches boisées en 3D par son incroyable habileté au tir et par sa maîtrise surnaturelle du katana.
On ne prêtera pas une trop grande attention à la trame du scénario, narrant comment Steven va s’y prendre pour libérer sa fille des griffes d’une bande de djihadistes cinglés (qui a dit pléonasme ?) qui exigent une rançon auprès du gouvernement. Il n’empêche que le contenu fait vraiment sourire dès qu’il s’agit de célébrer le périple spirituel de son improbable protagoniste. Ainsi donc, Steven n’est ici jamais aussi crédible en maître zen que quand il se contente de rendre ses « moulinets dans le vide » plus gracieux que jamais, donc en lien avec une intériorisation de la philosophie de son art martial. Mais à côté de cela, on le verra rendre visite à son ancien coéquipier devenu moine (mais qui va vite reprendre les armes pour l’aider !) avant de se taper une jeune thaïlandaise ayant à peine l’âge d’être sa fille, de visiter des strip-clubs riches en grandes gueules vite défoncées, et d’aller briser les roublignoles de la moitié du pays dans une gare désaffectée ou dans une menuiserie encombrée de planches en bois (on vous laisse imaginer les dégâts qu’il va y avoir !). Sans avoir assez de consistance nanardesque pour égaler le taux de bouddhisme WTF de Terrain miné, cet Aller pour l’enfer se révèle tout de même très adéquat pour une dilatation tranquille du diaphragme. Le genre de nanar bien rigolo et bien réalisé qui parvient à enjoliver l’image d’un Steven encore debout malgré les kilos en trop, et qui accompagnera idéalement une soirée sushis-binouze en compagnie de potes biberonnés à tout un pan du cinoche d’exploitation asiatique des années 80. On n’en demandait pas tant.
Bodycount : 48
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « Je préférais quand tu étais habillé en salope ! »
HORS DE PORTEE
Po-Chih Leong
Etats-Unis/Pologne – 2004 – 1h22
Qu’est-ce que Po-Chih Leong est venu faire dans cette galère ? Celui à qui l’on devait une singulière relecture du thème du tueur romantique (La Sagesse des crocodiles avec Jude Law) est semble-t-il tombé bien bas en acceptant de devenir l’homme de ménage pour le nouveau film de Steven – il ne remontera pas plus haut en signant deux ans plus tard le tout pourri The Detonator avec Wesley Snipes. On parle de « ménage », car Hors de portée n’est que cela : un nettoyage de tout ce qui pourrait faire passer une histoire aussi sombre et sentimentale pour un produit un peu sale, un peu dur, un peu rugueux, bref un minimum incarné et habité par un vrai désir de cinéma. Jouant à nouveau un ex-quelque chose (ex-agent secret) et souhaitant rendre hommage au nom de sa ville natale du Michigan (il s’appelle ici Billy Ray Lansing), Steven part ici à la recherche d’une orpheline d’Europe de l’Est à qui il pense être arrivé un malheur – leur correspondance par énigmes interposées a été stoppée net sans raison. Il a vu juste : un vilain peroxydé surjoué par Matt Schulze a joué le Bachelor auprès de jeunes orphelines, offrant ainsi une rose à toutes celles qu’il destine à devenir putes. Et ça, pour Steven, inciter des minettes à faire le tapin plutôt qu’à finir entre ses bras à lui, ce n’est pas cool du tout ! Vous avez déjà deviné la suite… Cela dit, rien ne tourne rond là-dedans : Steven se retrouve très souvent doublé par une voix différente – la faute à une réécriture de l’intrigue en pleine post-production – et traverse des décors aussi vides que son faciès en faisant mine d’attendre la pause déjeuner. Le réalisateur, lui, va boire son café en laissant la caméra tourner toute seule pour le duel à l’épée final. Seul point positif de cette bouse sans intérêt : l’improbable baraque du bad guy, sorte de palais oriental sorti d’un film de Tarsem Singh. A part ça, y a que dalle et on s’emmerde.
Bodycount : 15
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « Certains d’entre nous ont des choses à se reprocher. Et parfois, on trouve quelque chose qui nous aide à atténuer nos remords »
CLEMENTINE
Kim Du-yeong
Corée du Sud/Etats-Unis – 2004 – 1h40
Si l’on en juge par les mots du sympathique Jean-Pierre Dionnet (qui a inclus ce film dans sa collection DVD Asian Star), la présence de Steven dans Clementine serait due aux ennuis rencontrés par l’acteur avec l’I.R.S suite à ses liens avec des personnes peu recommandables, ce qui l’aura poussé à s’installer en Asie – plus précisément en Thaïlande où il tourna précédemment Un aller pour l’enfer – et à jouer dans plusieurs films locaux sur lequel il est parfois producteur (citons par exemple le calamiteux Dragon Squad de Daniel Lee que l’on vous souhaite fort de ne jamais visionner). Dionnet va même plus loin en jugeant Steven bien meilleur aujourd’hui, vantant son « expressivité à la Takeshi Kitano » (mouais…) et voyant en lui le nouveau Charles Bronson (euh, faut pas exagérer non plus…). Laissons-lui son avis subjectif, et contentons-nous de dire que Clementine n’a absolument rien d’un « grand film ». Rien de plus qu’un produit à inscrire dans cette première vague de films sudcoréens à la sauce Shiri ou Volcano High, conçus sans le moindre désir de singularité et surfant sur les modes avec opportunisme au début des années 2000, en tout cas quelques années avant que les géniaux Park Chan-wook et Bong Joon-ho ne viennent alors tout chambouler. Même en s’intéressant à un art martial peu montré au cinéma (le taekwondo) et en offrant le rôle principal à son champion du monde de l’époque (Jun Lee), Kim Du-yeong ne fait que resservir l’énième cliché du combattant forcé de se coucher lors de matchs truqués s’il veut revoir sa petite fille kidnappée. D’où un film fauché, pas toujours bien filmé et abusant d’images freezées, moins porté sur l’action que sur la dramaturgie (voire même le tire-larmes excessif et si caractéristique du cinéma coréen), et où Steven n’intervient qu’à la fin pour un combat inondé de sang et de musique pompière. Signalons aussi que l’insupportable gamine du film déclare sa flamme à Steven face caméra dans le générique de fin. Là, ça devient un peu malsain…
Bodycount : 1
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « Le monde est toujours corrompu et les gens deviennent de plus en plus égoïstes. Quand j’entends l’histoire de parents qui abandonnent leurs enfants pour raisons économiques, j’ai beaucoup de peine. Même si la vie peut être très dure, on est plus heureux quand on vit ensemble, n’est-ce pas ? »
INTO THE SUN
Christopher « Mink » Morrison
Etats-Unis/Japon – 2005 – 1h33
Rien qu’en lisant le synopsis, on s’interroge : Steven voulait-il imiter le Robert Mitchum du Yakuza de Sydney Pollack ? Eh bien, devinez quoi, c’était l’intention de départ du projet ! Du moins avant que Steven, producteur et coscénariste de la chose, n’influe sur le scénario afin de le plier à ses désirs narcissiques. Pas de réflexion sur le contraste entre valeurs orientales et occidentales, mais du pur Steven qui ne réclame de nous qu’un cerveau en option et l’envie de visiter le Japon pour le prix d’un DVD. Car oui, le film se déroule à Tokyo – en dépit d’un tournage à Bangkok ! – et offre un duel que l’on attendait depuis longtemps : Steven contre les méchants yakuzas ! Histoire de nous exciter encore plus, Saumon Agile s’est remis un catogan (où était-il passé depuis Le Patriote ?), parle le japonais comme un dieu, participe à la bande-son, joue du katana pour démastiquer les vilains, se fait envoyer des fleurs de la part de tous les Japonais (surtout les vieux sages qui n’ont sans doute pas le tiers de sa spiritualité) et reçoit les faveurs sexuelles de jeunes femmes qui fondent pour sa tronche néanderthalienne… Bref, il a l’air impliqué. Joliment photographié et moins cheap qu’on ne l’aurait cru, Into the Sun doit néanmoins sa saveur de gros Z à son estomac narratif, goinfré de passages obligés pour autobus de touristes (cérémonie du thé, resto à sushis, ballade au marché, visite chez la geisha…) et de scènes d’action découpées façon sashimi. Mais on s’en fiche autant que de l’intrigue. Seul compte le retour aux sources d’un Steven aiguisé et éclairé en clair-obscur, qui tire sa révérence au folklore nippon et qui tranche dans le vif lors d’un final bien sanglant. On croise même quelques visages connus durant le voyage, comme William Artherton (le journaliste salaud de Die Hard 1&2) ou Chiaki Kuriyama (la Gogo Yubari de Kill Bill). Et on s’énerve juste de savoir que Piège au Soleil Levant est l’autre titre français du film. Parce que vouloir à tout prix se rattacher au plus gros succès de Steven afin de vendre de la galette, ça ne mène à rien d’autre qu’au casse-pipe. Et ce n’est pas le film suivant que va nous contredire…
Bodycount : 17
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « On vit de manière juste… et on meurt de la même manière ! »
PIEGE EN EAUX PROFONDES
Anthony Hickox
Etats-Unis – 2005 – 1h33
Eh oui, contrairement à ce que son titre français laisse entendre, il n’y a pas de Casey Ryback en tête d’affiche de ce somptueux nanar ! Originellement conçu comme un pur survival horrifique où Steven devait affronter un monstre aquatique dans un sous-marin (ce qui suffisait à nous vendre du rêve !), Submerged – c’est son titre original – fut pour tous ses participants un véritable chemin de croix. D’abord parce que sa star capricieuse aura fini par refuser de jouer face à une créature numérique ; ensuite parce qu’une réécriture du scénario aura tout transformé en une intrigue basique où Steven joue les repris de justice affrontant des soldats victimes d’un lavage de cerveau ; enfin parce que le réalisateur Anthony Hickox – auteur de quelques inédits vidéo comme Waxwork ou Hellraiser III – aura souffert le martyr sur le tournage, incapable de gérer une star qui menaçait de le virer, qui refusait de participer au doublage et qui arrivait en retard pour tourner ce qui lui passait par la tête. Le tout finalisé par un début de crise diplomatique avec l’Uruguay (dépeint dans le film comme une république bananière !) et un procès intenté à Steven par les pontes de la société Nu Image pour comportement inapproprié. On imagine la galère… Et le résultat, donc ? Rien à voir avec un suspense subaquatique et claustro, on s’en doutait bien… Pour autant, si l’on met de côté des effets spéciaux « grandioses » (un modèle réduit d’avion en plastoc pour les plans aériens !), des fusillades pour épileptiques et des dialogues plus débiles tu meurs, force est de reconnaître qu’avec trois fois rien, Hickox fait preuve d’un certain sens de la mise en scène, offrant par-ci par-là des cadres corrects et osant même un art plutôt fun du montage psyché en roue libre. De son côté, encore plus bouffi et démotivé que jamais, Steven fait le figurant qui cache sa surcharge pondérale en investissant les coins les plus sombres du décor et qui meuble comme il peut en attendant son chèque. A noter que son combat avec Gary Daniels fut raccourci par sa faute, aboutissant ainsi à un pauvre duel de 45 secondes, en l’état salopé avec brio. Y a pas à dire : tant d’idiotie et d’incompétence, ça vous forge un sacré nanar !
Bodycount : 17
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « Je croyais que tu ne laissais personne derrière – Je ne laisse jamais personne dont j’ai à foutre »
TODAY YOU DIE
Don E. FauntLeRoy
Etats-Unis – 2005 – 1h27
Existe-t-il meilleur titre que Today you die pour un film de Steven ? Probablement pas. Mais ça fait surtout penser à un titre pour album de rap west coast, sans doute parce qu’ici, notre andouillette farcie s’est de nouveau adjoint les services d’un rappeur. Après DMX et Ja Rule, c’est au tour d’un certain Treach de devenir sa nouvelle utilité black dans une histoire de braquage raté qui, au terme d’une course-poursuite (pas trop mal fichue) dans Las Vegas, l’enverra fissa en prison. Parce que oui, petite nouveauté, Steven joue ici une sorte de Robin des Bois des temps modernes qui vole les super-riches pour nourrir les super-pauvres. Et comme on a osé l’accuser du meurtre de deux policiers et lui voler sa part du butin, lui et son nouveau pote gangster ne vont pas tarder à s’évader de cette prison très étrange où les gardiens ont toujours l’air aux abonnés absents – les circonstances de l’évasion sont d’ailleurs à pisser de rire. Sa vengeance ne se fera pas attendre, a contrario de cette fliquette-cougar de la DEA (Sarah Buxton) qui ne se précipitera jamais pour essayer de l’arrêter. Voilà pour l’intrigue, pas plus bête et incohérente qu’une autre, en tout cas traitée au premier degré par un nouveau réalisateur attitré de la Steven’s touch. On peut même dire que Don E. FauntLeRoy – ancien chef opérateur sur le Jeepers Creepers de Victor Salva – s’est dépensé un minimum pour torcher du DTV d’action tout juste correct, c’est-à-dire cadré, monté et éclairé avec des techniciens moins manchots qu’avant aux postes-clés, et que l’on déguste façon cheeseburger avec un ennui somme toute régulier. Le bonhomme ne réussit cependant pas à tirer quoi ce soit de Saumon Agile : bien que l’on puisse apprécier sa gueule dans 90% des scènes, notre Steven adoré débite son texte avec l’enthousiasme d’un condamné à mort face à la potence, et continue d’offrir son visage pour les très gros plans et sa silhouette de dos pour les plans larges. Un je-m’en-foutisme qui, là encore, lui vaudra quelques pépins judiciaires avec les huiles de Nu Image. Notons enfin que le catcheur Randy Couture a été coupé au montage, et que le film offre ni plus ni moins que la toute première apparition au cinéma de Chloë Grace Moretz (Kick-Ass), que l’on voit ici sortir d’un hôpital sur un fauteuil roulant.
Bodycount : 28
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « La mort est parfois symbole de changement. Ce n’est pas toujours mauvais »
BLACK DAWN
Alexander Gruszynski
Etats-Unis – 2005 – 1h32
L’affaire Van Haken avait-il vraiment besoin d’une suite ? Relisez notre critique un peu plus haut, et vous aurez deviné ce qu’on en pense… Vu qu’on n’a rien d’autre à faire que de se faire à l’idée, on retrouve donc l’ex-agent de la CIA Jonathan Cold infiltré chez les vilains trafiquants d’armes qui veulent vendre des armes nucléaires à de vilains terroristes tchetchènes – on sent déjà Steven attiré par les idées politiques de son futur pote Vladimir Poutine. Le plus exaspérant, c’est qu’il disparaît pendant les trois quarts du film – la faute à son envie subite de ne pas passer plus de quinze jours sur un tournage initialement prévu pour un mois – et qu’il se contente ici de casser le bras d’un figurant perfusé au schnaps – un bien faible bodycount que voilà. Traité en pestiféré par une vedette qui se fiche éperdument du film à tourner, un obscur réalisateur d’Europe de l’Est n’aura rien trouvé de mieux que de faire appel à des doublures et de réécrire le scénario pour donner davantage de poids dans l’intrigue au rôle tenu par Tamara Davies. Tout cela suffit déjà à faire de Black Dawn une purge honteuse, mais, autant mettre tout de suite les choses au clair, ce n’est que le début. Ce que nous offre ce DTV torché au mépris du bon sens relève du foutage de gueule XXL : un scénario imbitable et ennuyeux, une mise en scène jetée aux chiottes dès les premiers plans (le réalisateur ralentit ou accélère des plans sans savoir qu’il existe une vitesse au milieu !), des séquences de combat aberrantes à souhait (dans une seule et même scène, Steven agite les bras dans le vide tandis que sa doublure cogne quelqu’un !) et des effets spéciaux probablement torchés sur PaintShop par un stagiaire mongolo – c’est peu dire que les transparences sur les scènes aériennes font passer celles d’Ultime vengeance pour des trucages d’ILM. Le début du film aurait dû nous servir de signal d’alerte : on y entend la même phrase répétée en boucle sur pas moins de quatre minutes, et putain qu’est-ce que c’est agaçant !
Bodycount : 7
Conseil de visionnage : VOST
MERCENARY
Don E. FauntLeRoy
Etats-Unis – 2006 – 1h33
Les intrigues à base de magouilles géopolitiques à peine intelligibles et d’agents d’on ne sait quelle agence qui opèrent en secret pour on ne sait jamais qui, ça commence à encombrer la filmo de notre grosse baleine préférée. Mercenary rajoute une pierre à l’édifice en le catapultant ancien héros de la guerre du Golfe devenu mercenaire. Le jour où on le fait chanter en menaçant ses proches, il sait qu’il n’a pas le choix : il va devoir se coller à une nouvelle mission à haut risque, cette fois-ci sur le territoire des afrikaners imberbes et peroxydés de Cape Town. Et le jour où il s’aperçoit qu’il a été trahi, il a encore moins le choix : il va devoir faire lui-même le ménage. Classique. Bien sûr, Steven fait le minimum syndical pour la fin de sa collaboration orageuse avec la société Nu Image : il flingue les vilains plus qu’il ne les dévertèbre, et insiste pour qu’on lui colle encore et toujours ces deux barres ombrées sur le front et le triple menton, histoire de dissimuler le plus possible un faciès déjà bien déformé – un détail risible qu’on avait déjà pu repérer ici et là sur ses quatre précédents films. De quoi décrédibiliser plus d’une fois la réalisation d’un Don E. FauntLeRoy qui ne s’en sort pourtant pas trop mal, démontrant là encore sa relative aisance à se démerder avec de grosses contraintes budgétaires et une star à l’ego enflé qui n’en fait qu’à sa tête. Comme il l’avait prouvé avec sa poursuite inaugurale dans le Las Vegas de Today you die, le bonhomme lâche ici les chiens dans une première demi-heure qui fait illusion, reflétant le chaos de la guerre par des choix de découpage nerveux et une photo rugueuse de bon aloi. On espère alors le meilleur, mais l’ensemble retombe fissa dans un schéma basique d’actionner pour yakayos, où quelques seconds rôles bien dirigés – dont un Luke Goss qu’on aimerait revoir un peu plus souvent – peuplent un récit encombré de sous-intrigues inutiles. A défaut de pouvoir torcher un film capable de récolter la moyenne, FauntLeRoy se borne à sauver les meubles, et c’est déjà pas mal compte tenu de ce qu’il doit endurer. On reste tout de même dans de la valeur sûre en matière de DTV fauché, qui plus est conscient du fait que Steven s’apprête alors à sombrer vraiment très bas.
Bodycount : 21
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « Vous nous avez baisés, je vais vous fourer mon .45 dans le cul ! »
- « Salut gamin. Tu sais, j’étais sur la même base militaire que ton père… – Maman m’a dit qu’il ne reviendrait pas – C’était son désir le plus cher »
- « OK, j’ai compris. Tu te tais pour que ce soit moins dur si jamais tu dois tuer quelqu’un. Tu as l’air d’une statue, tu as un air stoïque. Avec moi, c’est jamais dur »
Chimio
L’AFFAIRE CIA
Michael Keusch
Etats-Unis/Roumanie/Royaume-Uni – 2006 – 1h32
Avec L’affaire CIA, il est venu le temps du Steven mystico-boulimico-grabataire qui tourne tout et n’importe quoi dans le seul but d’engloutir le budget cantine et de payer les pensions de ses trois divorces. Il est venu le temps des DTV super-pourraves qu’on sort à la chaîne dans n’importe quel ordre et sans le moindre souci d’évolution. Mais surtout, il est venu le temps des jaquettes de DVD honteusement photoshopées qui promettent un Steven alerte et agile quand celui-ci n’est en réalité même plus capable de lever la jambe et nécessite d’être doublé ne serait-ce que pour ouvrir une porte. Bref, il est venu le temps des cas très graves ! Tourné en cinquième vitesse à Bucarest dans la foulée de Mercenary, cette nouvelle bouse ment déjà sur son titre original : si le « Shadow Man » en question désigne notre tataneur bouddhiste, alors il y a un problème quelque part. Non seulement son obésité le rend fastoche à repérer partout où il se déplace, mais on ne le voit ici qu’au travers de gros plans qui constituent ici 90% de son jeu d’acteur. Devenu l’ombre de lui-même (on préfère interpréter ainsi le titre du film), Steven se fait même pathétique en s’efforçant de singer son passé glorieux, que ce soit en démarrant les festivités par une leçon d’aïkido – clin d’œil ultra-cheap à celle qui ouvrait Nico – ou en nous rappelant sa période Casey Ryback par un bricolage de bombes artisanales à partir de tout qui lui tombe sous la main. Et le scénario, alors ? Rien à battre. Toujours le sempiternel pitch de l’ex-agent secret super balèze qui se retrouve en plein méli-mélo imbitable à base de CIA, de Russes, de Roumains, de Français et d’ambassade américaine. Il suffit qu’on kidnappe sa fifille (encore !) pour qu’il laisse tomber les jeunettes à poil qui le chauffent au profit des prises d’aïkido tournées par sa doublure. Quand on pense que la première version du script devait s’attarder sur un ex-officier ouvrant une clinique médicale au Japon…
Produit bâtard totalement naze, L’affaire CIA obéit ainsi aux nouveaux desiderata de l’action-star la plus mégalo de la galaxie : une équipe et des acteurs locaux engagés sur place pour un tournage ultra-speed, un inconnu recalé des séries télé européennes qui hérite du rôle du réalisateur (traduction : qui laisse Steven dire « Moteur » et « Action » à sa place), une reine du métier qui vient faire coucou pour les impôts (ici, c’est la fierté de l’auteurisme british Imelda Staunton qui s’y colle !), une pause racoleuse dans un bar à putes, des zooms et des incrustations foireuses pour les scènes en voiture, un monteur qui ne doit surtout pas se poser de questions si Steven disparait du film pendant une durée indéterminée (ici, ce n’est pas trop gênant…), et tout un tas d’autres conneries nanardesques qui génèrent un gros fou rire nerveux (médaille d’or pour cette simili-Yoko Ono à lunettes fumées qui flingue en hurlant comme une folle !). On comprend aisément que le réalisateur allemand Michael Keusch ait vécu l’enfer sur ce tournage, avouant même dans des interviews que Steven aurait été jusqu’à le menacer de mort avec un couteau s’il ne cédait pas à ses exigences. Son investissement dans le « saumon de moins en moins agile » n’aura cependant pas été une si mauvaise affaire que ça pour lui : avant même que ne soit achevé le montage de cette daube, Keusch avait déjà deux autres films en préparation avec Steven. Spoiler : les choses ne sont pas allées en s’arrangeant…
Bodycount : 33
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « Je voulais vous dire quelque chose. A mon avis, vous voulez que les gens pensent que vous êtes inébranlable, que vous êtes une femme dure et froide. Mais je vous connais. Je lis dans votre cœur. Vous êtes douce et sensible. Vous êtes tendre et bienveillante, et je vous remercie »
ATTACK FORCE
Michael Keusch
Etats-Unis/Roumanie/Royaume-Uni – 2006 – 1h31
Quand on dit que la jaquette DVD d’Attack Force donne envie de se défoncer les abdos de rire, on ne frôle pas l’évidence, on lui fait carrément l’amour ! Par la magie du dieu Photoshop, l’éditeur s’est dit qu’il lui suffisait de prendre le visage rajeuni de Steven sur la jaquette du film précédent et de l’incruster sur un corps encore plus svelte pour piéger le consommateur. Et quand on sait qu’il s’agit du même éditeur qui avait osé mettre un jour ce cher Tony Jaa en gros sur la jaquette d’un nanar thaï intitulé Bodyguard où il n’apparaissait que vingt secondes, on se dit que certains n’ont parfois peur de rien ! En même temps, comment leur en vouloir d’essayer tant bien que mal d’arrondir les angles quand le produit biscornu qu’ils doivent vendre cumule toutes les tares possibles ? Considéré encore aujourd’hui comme l’un des pires navets de la carrière de Steven (et là, c’est clair, on ne dira pas le contraire !), Attack Force marque surtout un nouveau stade dans la détérioration de la relation de travail entre lui et l’incompétent Michael Keusch. D’une intrigue plutôt alléchante où ce sumo farci à la poutine (le plat québécois, pas le président russe) devait initialement batailler contre l’invasion de la Terre par des vampires extraterrestres, on récolte au final un récit merdique à souhait où Steven se castagne contre des soldats drogués, rendus surhumains suite à des manipulations génétiques. Pas de quoi aboutir à ce « sous-Predator 2 » que l’acteur avouait vouloir tourner, donc. Et le voilà qui opte pour la fuite en plein milieu du tournage, contraignant l’équipe technique à retourner 50% du script sans lui. Nouvelles scènes écrites à la truelle, photo si sombre qu’on ne voit rien, bastons shootées par un Parkinson en phase 3, production design risible (une rue quelconque de Bucarest se fait ici passer en vain pour un quartier branché de Paris ou de Bastia !), sans oublier le doublage de Steven qui change souvent d’une scène à l’autre… A ce stade-là, on ne peut plus parler de « film ». Même quelques moulinets dans le vide contre la caméra (!) durant la scène finale ne font que mettre en exergue la (grosse) couille dans le potage : celui qui filme Steven n’est désormais plus un allié.
Bodycount : 11
Conseil de visionnage : VOST
VOL D’ENFER
Michael Keusch
Etats-Unis – 2007 – 1h34
Vous avez été sidéré par l’explosivité aérienne du Broken Arrow de John Woo ? Vous trouviez que Rob Cohen n’avait pas atteint la stratosphère de l’improbabilité avec les loopings de Furtif ? Vous raffolez des beaux corps huilés des pilotes d’avion de Top Gun qui jouent du manche de leurs F-14 comme s’ils comparaient la taille de leurs quéquettes ? Si vous répondez trois fois oui, il y a de très grandes chances pour que Vol d’enfer… vous fasse vivre l’enfer. Contraint d’enquiller les stock-shots le plus souvent possible pour éviter de se farcir un Steven qui commençait sérieusement à le gonfler, ce gros nullard de Michael Keusch a encore fait n’importe quoi. Du coup, vas-y que je t’encombre mon « film » de vidéos d’archives piquées à l’armée, que je te balance de la transparence dégueu sur chaque scène aérienne (même la parodie X de Top Gun avait été mieux servie là-dessus !) et que je te cadre un « Bad Mojo » (!) capable de faire rentrer ses 150 kilos dans un petit cockpit d’avion de chasse. Jouer les cadors du manche ne semble pas faire peur à Steven, vu qu’il s’arrange pour rester le plus souvent assis. Et quand ça s’agite soudain dans ce coin de Roumanie déguisé en tranchée afghane, on lui colle un AK-47 dans les mains pour révéler sa suprême habileté au tir (même s’il vise toujours à côté !) et on l’invite à refaire ses moulinets dans le vide afin d’hypnotiser un braqueur de supérette (les yeux de ce dernier ont l’air de suivre ses mouvements de bras !). En outre, le temps d’un petit intermède racoleur où deux métisses se font des léchouilles, le monteur nous case un contrechamp de Steven qui, caché dans un coin du décor, tient à ne rien perdre de ce genre de scène qui fait le bonheur des gros pervers comme lui ! On en oublierait presque de raconter l’intrigue : le Steven du jour doit sauver le monde en pourchassant un soldat renégat qui a dérobé un avion furtif rempli d’armes nucléaires. Ouais, on vous voit venir : lui et son coscénariste auraient été jusqu’à pomper le film de John Woo jusqu’au trognon, mais en réalité, il s’agit d’un remake plus ou moins revendiqué du méconnu Black Thunder avec Michael Dudikoff. On a les références qu’on mérite…
Bodycount : 26
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « Ce qui est drôle avec les guerres biologiques, c’est qu’on comprend bien trop tard ce qui vient d’arriver »
- « On fait quoi si des gardes décident de nous contrôler ? – On leur vole leurs bijoux de famille et on leur apprend à chanter comme des sopranos ! »
URBAN JUSTICE
Don E. FauntLeRoy
Etats-Unis – 2007 – 1h33
Si le titre du film fait tout de suite baver, ce n’est évidemment pas pour les bonnes raisons. Loin de prétendre égaler le niveau du mythique Justice sauvage de John Flynn ou même d’être capable d’en reproduire la fuck you attitude jusqu’ici inégalée, Urban Justice n’utilise sa trame similaire – Steven recherche le meurtrier de son fiston policier dans un quartier mal famé – que pour resservir une soupe tiède, cuisinée à la sauce west coast comme n’importe quel DTV de troisième catégorie mettant en scène Ice Cube ou Snoop Dogg. D’où un film clairement écrit avec les pieds et surchargé de « fuck » pour remplir les trous, mais qui permet toutefois à Steven de sortir un peu de sa torpeur est-européenne et de revenir aux Etats-Unis – plus précisément dans un ghetto pourrave d’on ne sait quelle mégalopole de l’Oncle Sam – pour opérer un retour minimal aux sources. Le film n’est ainsi jamais plus passable – à défaut d’être regardable – que quand il essaie tant bien que mal de pousser Steven à se retourner vers sa gloire passée : celle d’un cinoche brutal et réac où il trace sa route vengeresse en enfilant les broyages d’articulations à mains nues, le tout en mode « Continue de crâner et ton crâne va déguster sévère ». L’erreur fut de croire que jouer les kékés avec le charisme et la masse corporelle d’un cachalot puisse rendre le saumon aussi agile qu’il ne l’était à ses débuts dans le corail urbain, qui plus est quand un faciès marmoréen à l’extrême est censé propager du fun à lui tout seul – c’est bel et bien raté. Mieux vaut donc regarder Urban Justice comme l’errance plus ou moins pathétique d’un papy empesé dans une ambiance et une scénographie qu’il ne peut plus habiter comme avant. Les bras cassés qu’on lui colle en face sont eux aussi à la ramasse : Danny Trejo en macro burrito, et surtout Eddie Griffin en Black Caesar du pauvre qui ne peut pas parler sans pencher la tête sur la droite à chaque syllabe. Quant à Don E. FauntLeRoy, c’est dire si sa mise en scène chute de plusieurs étages dans cette troisième et dernière collaboration avec Panda Vigoureux, la faute à une esthétique dégueulasse qui peine à cacher un budget rachitique et un énième tournage à l’arraché. Aussitôt vu, aussitôt oublié.
Bodycount : 37
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « Tu sais, je te regarde, et je vois un homme comme moi : quelqu’un de mauvais avec de bonnes intentions »
- « Parfois, on ne voit pas quelqu’un pendant dix ans. Et un jour, on sonne à sa porte, on entre, et c’est comme si on n’était jamais parti. C’est ça, être proche »
JEU FATAL
Roel Reiné
Etats-Unis – 2008 – 1h36
Les yakayos qui tentent de se la jouer un peu Actor’s Studio dans l’émotion pure au sein même de leurs produits bourrins, c’est un vrai numéro d’équilibriste. Parfois ça ne marche pas trop mal (JCVD dans L’empreinte de la mort), parfois c’est franchement à côté de la plaque (Chuck Norris dans Héros). C’est plutôt dans cette seconde catégorie qu’il faut rattacher cette tentative personnelle de Steven intitulée Jeu fatal : on le retrouve en ex-flic alcoolique doublé d’un père indigne, rongé par le démon du jeu et contraint d’accepter des contrats de tueur pour payer ses dettes. De ce parcours rédempteur à donner envie à Abel Ferrara de se reconvertir en réalisateur de films Disney (c’est du sarcasme), il n’y a vraiment pas grand-chose à sauver. Pas même la prestation un peu moins frimeuse de notre malabar maousse, toujours aussi constipé quand il sourit ou quand il grimace, et qui ne peut pas s’empêcher de replonger dans ses vieux démons (casser des bras, emballer des prostituées, débiter des punchlines à vomir de rire…) tout en prétendant tout faire pour fuir ses vices et sortir gagnant d’un script pondu en cinq minutes. S’il souhaitait marcher dans les platebandes de Stallone à la manière de sa prestation dans Copland, il a encore beaucoup de chemin à faire. Et si cet inconnu du nom de Roel Reiné – un expatrié du pays de la mimolette devenu depuis un cador de la purge à deux dollars avec Death Race 2 et Le Roi Scorpion 3 – espérait atteindre des sommets de réflexion humaniste avec ce machin informe, on lui conseillerait simplement d’aller un peu plus souvent au cinéma, histoire d’assimiler certains principes. Oh, ne soyons pas trop tristes quand même : Jeu fatal reste bien plus regardable que les quatre précédentes bouses de Steven, et surtout, ce dernier a toujours plus d’un tour dans son sac pour essayer de faire croire qu’il peut changer de registre. En effet, la même année, on le voyait jouer les guest-stars dans l’inédit The Onion Movie, sorte de satire super-débile des actualités télévisées où il parodiait sa propre image d’action-star proto-bouddhiste dans la fausse bande-annonce des aventures d’un justicier aïkidoka nommé le « Cock Puncher » (ça ne s’invente pas !). Rien qu’à l’entendre lâcher un tonitruant « Je parie que vous n’avez pas les couilles ! » à la fin de cette courte scène, on se dit que même Ben Stiller n’a pas su cogner aussi fort avec les faux trailers du Rôtisseur au début de Tonnerre sous les Tropiques !
Bodycount : 20
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « J’ai fini par me rendre compte qu’il me fallait une paire de couilles – Je t’aimerais beaucoup moins si tu avais des couilles, surtout si ta paire était plus grosse que la mienne »
- « Les gens qui m’ont parlé après que je les ai secoués m’ont donné une très bonne description de quelqu’un qui est ton portrait craché : extrêmement repoussant, le teint clair, bien sapé, mais moche comme un cul »
- « Je dois me reprendre, c’est ce que je suis en train de faire »
- « Puis-je vous aider ? – Oui, je dois me gratter les couilles »
KILLING POINT
Jeff King
Etats-Unis – 2008 – 1h32
Steven ayant déjà échoué avec L’Ombre blanche à empiéter sur un terrain déjà labouré par Seven, il ne désespère pas et persiste à œuvrer pour un 7ème Art redéfini par ses soins. Avec ce Killing Point tout sauf torturé, il continue d’appliquer sa conception très personnelle de la justice en se lançant dans la traque d’un vilain serial-killer peroxydé. Mais bien sûr, tenter de chercher la bête revient à plonger soi-même dans un environnement glauque où luxure et perversions en tous genres sont légion, au risque de voir le poursuivant devenir comme le poursuivi. Le souci d’explorer un personnage de super-flic tiraillé par son ambiguïté s’arrête donc ici à la note d’intention, Steven ayant décidé de rester fidèle à son immobilisme légendaire dès qu’il ne s’agit pas pour lui de casser des bras – on remarquera aussi qu’il fait ici ses adieux à son légendaire catogan. Toutefois, un petit morpion s’est immiscé dans la mécanique d’un scénario aussi creux qu’un puits sans fond. Car dans cette catégorie de plus en plus prisée des réalisateurs qui profitent d’un film de Steven pour mettre en pratique le « moulinet dans le vide » dans la salle de montage, nous avons ici un nouveau champion en la personne de Jeff King, yes-man de la télé canadienne qui déploie sur Killing Point son art de la boucle temporelle teubée. Entre un double take multiplié sans raison (voir cette chute du haut d’un immeuble répétée onze fois à l’image !), des fusillades molles de la fesse où des figurants tirent pendant cinq minutes chrono sur on ne sait pas qui, et des coups de poing que Steven distribue en boucle dans un bar sans se rappeler que l’aïkido consiste à mettre fin au combat dès qu’il démarre (putain, mec, t’as déjà tout oublié ?), c’est dire si le zéro pointé en découpage a trouvé son King, vrai cuisinier de la bouse qui racole comme un sagouin en élargissant n’importe comment le temps de cuisson de son plat. Une photo correcte, de jolis jeux de lumière et le minimum syndical en production design suffisent au moins à lui éviter un bonnet d’âne toujours conservé par Black Dawn et Attack Force. Autre surprise de taille : avec ce film, Steven retrouve enfin le chemin des salles de cinéma ! Uniquement au Japon et aux Emirats Arabes Unis, certes, mais c’est déjà ça…
Bodycount : 15
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « Tu vas te pencher et prendre mon « 48 fillettes » dans le cul ! »
AGAINST THE DARK
Richard Crudo
Etats-Unis/Roumanie – 2009 – 1h30
Là, ce n’est pas un pétard mouillé, mais carrément un foutage de gueule ! Si l’on se fie à ce que promettait la bande-annonce d’Against the dark, tous les voyants étaient dans le rouge cramoisi pour nous laisser croire que Steven allait enfin signer une série B ultra-fun et mieux foutue que la moyenne. Jugez plutôt : une invasion d’infectés sur toute la planète, avec Steven qui prend la tête d’une équipe de chasseurs rappelant le Blood Pack de Blade 2 et qui joue du katana pour trancher les assoiffés de sang dans de grands envolées charcutières. Trop beau pour être vrai. Et hélas, on s’est fait berner comme des bleus. Le premier film d’horreur de Steven sera donc l’un des films les plus malhonnêtes de sa carrière, d’autant plus apte à mentir sur sa profession de foi qu’il n’apparaît ici qu’un quart d’heure à peine malgré la mise en valeur de sa tronche en gros sur l’affiche. Tourné en son absence par l’ancien chef opérateur du très nul Hors de portée (un certain Richard Crudo), ce pathétique ersatz de 28 jours plus tard se contente donc de suivre le parcours de combattant d’une poignée de survivants réfugiés dans un hôpital désaffecté – nul doute qu’un budget rachitique est à l’origine de cette réorientation du récit en huis clos ramollo. Tandis que, dehors, le réalisateur nous offre une vision ô combien réaliste de l’apocalypse nucléaire : faites gigoter quatre ou cinq figurants bourrés sur des carcasses de voiture, le tout dans une rue de Bucarest où l’on a allumé un feu et renversé deux poubelles pour faire genre, et pas de doute, les spectateurs sont si cons qu’ils n’y verront que du feu ! On se tourne les pouces pendant 90 minutes, incapable de se sentir concernés quand des effets gore bien cheap et un Steven pas du tout vénère (il élimine les créatures baveuses en tranchant toujours à côté !) surgissent sans prévenir dans la narration avant de disparaître aussi sec. Du coup, on va effacer fissa de notre mémoire cette arnaque digne d’un sale coup d’Uwe Boll, et on va plutôt se remater Blade 2 ou La Horde à la place.
Bodycount : 20
Conseil de visionnage : VOST
LE PRIX DU SANG
Jeff King
Canada/Etats-Unis – 2009 – 1h35
La première scène du Prix du sang est juste grandiose : Steven accepte le défi chelou d’une bombe sexuelle, consistant à finir au pieu avec elle et sa copine s’il réussit, parmi trois gobelets en plastique, à en écraser un dans lequel elle n’a pas mis un pic de métal ! Non seulement il y parvient, mais quand elle lui demande quel a été son truc, sa réponse est sèche comme un coup de trique : « Je n’en ai juste rien à foutre ! ». Voilà qui donne le ton over the top de ce splendide nanar qui, en plus de passer pour le seul rayon de soleil d’une troisième partie de carrière bouseuse jusqu’à l’absurde, constitue sans doute le plus fun de Steven depuis Into the Sun. Les signes extérieurs d’une renaissance en cours sont bien là : une silhouette sensiblement amaigrie qui lui permet de courir à nouveau, une musculature enjolivée par des manches relevées, un look bling-bling de kéké qui fait la loi dans sa rue, une crudité verbale et martiale qui fait passer le pire des sales quarts d’heure à tous les connards qu’il croise… Steven ne s’est pas transcendé pour autant, mais il fait ici de gros efforts, n’a presque jamais l’air d’être doublé pour les bastons, et semble désireux de faire acte de présence dans 95% d’un film conçu avec un regain de conscience professionnelle. Cette intrigue qui l’intronise en ancien gangster russe offre de la valeur sûre : comme sa fille a été agressée la veille de son mariage avec le fils de son ennemi juré, Steven fronce les sourcils par un close-up à la Sergio Leone et s’en va défragmenter le squelette de tout un tas de russkoffs aussi tatoués que couillons. Un récit idéal pour le laisser se vénérer comme il ne l’avait pas fait depuis un bail et crever le plafond du sadisme à quelques reprises (mention spéciale à l’œil crevé par le canon d’un flingue !). Mieux encore : si ce tâcheron de Jeff King persiste dans la redite de plans (huit plans identiques pour Steven qui sort du métro !), sa vedette arrive à le museler, histoire qu’il se borne à emballer une réalisation bourrine, une photo soignée, et une vraie ambiance installée dans de vrais décors. Au final, on s’étonne que le calcul soit plutôt bon, sorte de grand écart solide entre la série Z luxueuse et le yakayo-movie qui te fait boire son jus de testostérone après l’avoir pissé.
Bodycount : 22
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « Ecoute-moi, il ne faut pas être un gangster pour se venger quand quelqu’un tue ta femme ou ton enfant. Il faut juste être un homme »
- « On a retrouvé deux hommes et une alliance – Sans doute un mariage homo »
SOUS HAUTE PROTECTION
Keoni Waxman
Etats-Unis – 2009 – 1h34
Machine arrière toute ! On avait beau se persuader que Steven avait fait des efforts pour remonter la pente, il ne lui aura pas fallu longtemps pour s’enfermer de nouveau dans sa logique je-m’en-foutiste. A le voir soupirer à de nombreuses reprises pendant Sous haute protection, que ce soit en soulevant des haltères, en écoutant une proposition d’emploi, en sortant d’une visite à l’église ou en mettant fin à cette intrigue dont on se bat les litchis, on se dit que son investissement dans Le Prix du sang n’était qu’un accident de parcours. Signalons que ce film marque aussi le début d’une très longue collaboration de Steven avec un certain Keoni Waxman qui enchaînera pas moins de neuf films avec lui. Le gars porte en tout cas super bien son nom de famille : avec lui, faire un film ou diriger Steven, c’est kif-kif en matière de cirage. Et pour son premier essai, il vise carrément le revival des « valeurs sûres ». Au début du film, on sourit de se retrouver face à une sorte de revival d’Echec et mort où Steven, blessé par balle et étendu sur un lit d’hôpital, doit prendre le dessus sur son coéquipier corrompu jusqu’à l’os qui essaie de le tuer. Il ne lui faut que deux secondes pour le tuer, et quitter la police au profit d’un autre boulot au Nouveau-Mexique : un riche homme d’affaires l’engage pour devenir le garde du corps de sa bimbo de fille qui, évidemment, se sent tout de suite protégée par ses kilos en trop et sa maîtrise du broyage d’humérus. Sauf qu’au moment où ce CDD allait devenir un CDI, la belle se faire enlever par des gangsters pas sympas du tout, et du coup, Steven n’est pas content. C’est sûr que ça pue la version Monoprix de Man on Fire, mais ça suinte surtout les conventions les plus éculées du 7ème Art selon Panda Vigoureux. C’est sûr qu’on va finir par se lasser de revoir ce couillon refaire cent fois la même chose, mais manger un burger réchauffé n’est jamais désagréable quand ça laisse un arrière-goût rigolo au fond de la bouche. C’est sûr que Steven est de moins en moins crédible avec les filles, au point qu’on se mette à l’imaginer en gourou capable de les hypnotiser pour qu’elles mouillent en le voyant, mais on sait que ne pas y croire nous facilite la tâche pour en rire. En cela, le titre du film devient une invitation : un Steven, ça se protège autant que les pandas, même quand ça fait n’importe quoi.
Bodycount : 20
Conseil de visionnage : VOST
DANGEROUS MAN
Keoni Waxman
Etats-Unis – 2009 – 1h31
On sait désormais à quoi s’attendre avec un film de Steven torché en cinquième vitesse par Keoni Waxman. Le générique de Dangerous Man fait déjà penser à celui d’une série télévisée, avec les traditionnelles postures d’acteurs freezés au moment de faire apparaître leur nom, et c’est un signe en soi : la mise en scène de la chose n’ira pas au-delà du minimum syndical du formatage télévisuel servant à remplir les prime-time les moins exigeants d’une obscure chaîne de la TNT. Un peu comme si cet énième film d’action sans action ne devait être qu’un nouvel épisode de la série True Justice – dont ce grand incapable de Waxman aura réalisé en tout huit épisodes pour son nouveau pote. N’y allons donc pas par quatre chemins : le seul point positif de Dangerous Man ne tient que dans un superbe cadre naturel, dû à un tournage à Vancouver qui tire parfois profit des grands espaces quand la caméra ne reste pas scotchée au quadrupule menton de Steven. Pour le reste, tout se résume à des cases à cocher sur la liste des passages obligés pour Saumon Agile : un personnage d’ex-membre des forces spéciales dont les actes sont en contradiction permanente avec les paroles, un scénario compliqué pour rien dont on n’a strictement rien à foutre et dont Steven n’a parfois même pas l’air de tenir le rôle principal (il doit protéger une jeune fille que la mafia chinoise a voulu prendre en otage, mais parfois, une autre sous-intrigue prend le relais), une mise en scène de l’action à base de doublages grossiers et de moulinets dans le vide qui ne font même plus sourire, et un désir tangible de laisser la tête d’affiche concurrencer Jean-Luc Lahaye dans le reluquage de midinettes qui n’ont pas encore atteint leur majorité. Comme on n’a pas grand-chose d’autre à dire, signalons juste le retour de Byron Mann en second rôle chez Steven six ans après Un aller pour l’enfer. Sauf que cette fois-ci, il joue le méchant. Voilà.
Bodycount : 13
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « Les gens disent beaucoup de choses. En général, ce sont surtout des conneries »
- « D’où je viens, on se fait sucer par les flics quand on est à court d’animaux »
- « Vous faites passer les autres avant vous-même, non pas pour gagner le respect mais parce que c’est votre nature »
MACHETE
Robert Rodriguez & Ethan Maniquis
Etats-Unis – 2010 – 1h45
Ceux qui ont cru que sa participation à un film de Robert Rodriguez allait être le signe d’un come-back fracassant sur grand écran se fourraient le doigt dans l’œil. Si Steven aura accepté de participer à Machete (et surtout d’y jouer le premier méchant de sa carrière), sa participation s’avère encore plus discrète que dans certains de ses pires DTV. En outre, on imagine que son amitié pour Danny Trejo – avec qui il avait déjà tourné quelques films – a dû peser lourd dans son choix, en tout cas bien plus que le désir d’incarner le genre d’antagoniste qu’il avait précédemment combattu dans Echec et mort – dont Machete reprend mine de rien les grandes lignes. Reste qu’en se la jouant bad motherfucker des cartels mexicains, en suintant plus que jamais la fuck you attitude, en s’entourant de bimbos jeunettes en bikini et en traitant tout le monde de puñeta dès qu’il en a l’occasion, Steven constitue bel et bien LA pochette-surprise de cette série B+ à grosses cojones. Et si son combat final contre Trejo l’amène fatalement à être vaincu (une première pour lui !), il s’arrange – en maxi-mégalo digne de ce nom – pour avoir une mort digne : même avec un katana qui lui transperce le bide, son personnage promet sereinement à Machete de l’attendre en enfer et transforme sa défaite en seppuku par une forte pression sur sa propre plaie ! Le genre de mort ritualisée que seul un grand maître du bushido pouvait accomplir… Quant au film lui-même, on continue de l’adorer, on assume totalement, et on s’en est déjà expliqué ici.
Bodycount : 1
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « Puñeta ! »
RENDEZ-VOUS EN ENFER
Lauro Chartrand
Etats-Unis – 2010 – 1h33
Difficile, après la jouissive parenthèse Machete, de devoir retourner au fin fond de la cuvette des actionners DTV de Steven, là où l’on pond de la bouse avec un art du low-cost et de la rentabilité à très court terme que même nos artisans de la purge comico-hexagonale estampillée TF1 ne sauraient égaler. Et comme notre descendant de Bouddha persiste à considérer le cinéma comme une usine à rétention pour un public qui veut bouffer toujours la même chose, il ne cherche même plus à se dédouaner par une quelconque ligne de défense à côté de la plaque – et c’est pourtant peu dire que ses interviews sont un puits en la matière. Cette fois-ci, et donc comme d’habitude, Steven pose son boule dans un quartier grisâtre de Bucarest, et scénarise lui-même une intrigue tellement originale que le commun des mortels peinerait à la résumer. Tentons le coup : en lien direct avec sa démarche de bouddhiste 100% pur jus (rires), le dur à cuire d’Interpol qu’il ne fait même pas l’effort d’incarner dans ce Rendez-vous en enfer devient ami-ami avec un vieux gangster russe afin de se farcir un moins vieux gangster russe qui collabore avec un gang de gitans pour trafiquer des armes et de la drogue – le plus souvent en utilisant des mules bombasses qui scotchent la cargaison interdite entre leurs melons siliconés ! Vous trouvez ça très bête ? Nous aussi. Vous vous en fichez ? Nous aussi. Tout comme le réalisateur lui-même – un obscur coordinateur de combats hollywoodiens nommé Lauro Chartrand – qui, du coup, va filmer un peu ce qui lui passe par la tête : une scène de bar à strip-tease inondé de techno, un type à cheveux blancs qui reste immobile face à un jeu d’échecs, un motard qui chute de son engin en s’arrêtant à un stop, une cargaison entière de bombes sexuelles en tenue cuir sexy ou en robe de soirée dont la caméra cherche constamment à cadrer le fessier ou le décolleté, ou encore un dealer sosie de Francis Lalanne qui, à peine arrêté, cire les pompes de Steven en vantant sa subtilité et son talent de fin limier. De quoi se bidonner à intervalles réguliers. Avec, en plus, le petit manuel des mille et une façons de bidouiller une scène : on la freeze, on l’accélère, on la ralentit, et ce sans aucune justification. Et si en plus elle est floue, on s’en bat les cacahuètes.
Bodycount : 14
Conseil de visionnage : VOST
MAXIMUM CONVICTION
Keoni Waxman
Etats-Unis – 2012 – 1h34
De temps en temps, Steven ne rechigne pas à s’entourer de gens qu’il porte en estime. Dans ce club VIP où la carte d’abonnement doit sans doute coûter très cher, on y retrouve le gratin des catcheurs américains, pour lesquels il aurait fait office de conseiller et d’entraîneur en vue de matchs importants de l’UFC (Ultimate Fighting Championship). Dans Maximum Conviction, on le retrouve donc sur un pied d’égalité avec le très burné Steve Austin, ancien catcheur reconverti en « acteur » de cinéma d’action et dont seule sa prestation de brute vénère dans le premier Expendables lui avait valu d’être remarqué. On ne mentira pas en disant que leur tandem s’équilibre à merveille : à peu près aussi expressifs que des bûches de forêt sibérienne, tous deux ressemblent à des anciens potes de salle de musculation qui, après avoir un peu trop forcé sur les burgers entre deux soulèvements d’haltères, en sont réduits à s’envoyer des fleurs comme De Niro et Pacino dans La Loi et l’Ordre. Les retrouver ici dans le rôle de deux partenaires chargés de sécuriser l’arrivée de mystérieuses détenues dans une prison n’est qu’un détail sans importance, et découvrir à mi-parcours quel est le véritable rôle de chacun n’a rien de surprenant d’un point de vue narratif. A vrai dire, Maximum Conviction fait vraiment pitié sur à peu près tous les points : cadré, éclairé et monté comme un épisode de Tatort, le film ne transpire aucun fun et se perd dans des déambulations incessantes dans des couloirs vides façon Against the dark. On ne peut décidément pas compter sur Keoni Waxman pour tenter de dynamiser du vide ou de sauver les meubles en laissant notre Bouddha ostéopathe partir en roue libre. Mine de rien, c’est peut-être Austin qui s’offre ici le meilleur rôle, souvent à hurler de rire lorsqu’on le voit courir avec la régularité d’un automate ou lorsqu’il préfère buter les vilains à grands renforts de Baygon enflammé plutôt qu’en utilisant ses poings. Autre détail tordant : ce n’est pas à des hommes méga-burnés que l’on doit les punchlines les plus dégueulasses du film, mais bel et bien à une femme, qui menace ici une autre femme avec un pied de table arraché et une série de phrases particulièrement imagées (lisez la troisième réplique ci-dessous).
Bodycount : 10
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « Vous, les sous-traitants, vous êtes tous les mêmes : des cadors, des héros de guerre, mais surtout de gros emmerdeurs ! »
- « Eh patron, on sait que t’as des femelles. Donne-nous en juste une, on va évacuer nos frustrations sur elle. Ou alors, tu te les tapes toutes les deux et tu nous files les clés – J’ai une meilleure idée : va donc enfiler ta maman avec son petit caniche ! »
- « Il y a un petit truc auquel j’aimerais que tu penses. Tu as de la chance : j’aurais dû te tuer et prélever la puce, mais il va falloir que j’attende […] Je ne vais pas te tuer tout de suite, pas avant d’avoir transféré toutes les données. Et après ça, tu sais où je vais te mettre ce truc-là, ma jolie ? »
- « Pas d’honneur sans douleur ! »
FORCE OF EXECUTION
Keoni Waxman
Etats-Unis – 2013 – 1h39
Changement total de look pour Steven à partir de Force of Execution, et s’il y en a bien certains à qui ça a fait un choc, ce sont ses fans les plus irréductibles. En effet, pour créer son personnage de John Alexander, il les aura fait tous flipper avec son bandana, ses lunettes fumées, son keffieh palestinien et surtout son bouc très zarbi qu’on espère ne jamais voir aussi long que son regretté catogan. Ce n’est d’ailleurs pas le seul truc bizarre : il n’est même plus ici un ex-bidule ou un ancien soldat machin-truc. Son amour du langage châtié, de la dope à écouler et des adolescentes sexy à placer aux postes-clés (c’est-à-dire contre lui), il l’exprime désormais sans s’échiner à user d’une quelconque activité policière ou militaire pour lui servir de bouclier hypocrite. Devenu baron de la drogue qui se contente de donner des ordres à ses sbires (ou de leur faire la leçon quand l’envie lui prend), il traverse tout le film à l’état de fantôme, voire d’éminence grise qui a l’air de tout savoir sans ressentir le besoin de se montrer – il n’apparaît que vingt minutes à tout défoncer. Bon, on a bien casé un jeune karatéka anti-charismatique dans cette intrigue archi-rachitique, mais on n’y fait même pas gaffe. Et surtout, quitte à tomber encore plus bas que ce qu’on croyait, Steven s’offre le soutien de deux potes has been de la série B qu’il entraîne sans ménagement dans sa culture du vide à mouliner : un Ving Rhames obélixesque qui joue du high kick comme JCVD sait expliquer le sens du mot « aware », et un Danny Trejo enfermé pour de bon dans son registre Old El Paso (on lui fait jouer un cuisinier mexicain qui sort trois fois les poubelles !). Hein ? L’intrigue ? Ah ben oui, je suis bête ! Oh, disons juste que Ving Rhames veut piquer le trône de Steven, que Danny Trejo crée des médocs avec le croisement des venins de deux scorpions (on n’y pige rien, mais c’est vraiment très drôle !), qu’une bonne demi-douzaine de truands du Nouveau-Mexique font souvent irruption dans le récit sans qu’on comprenne leur rôle, et que tous ces patapoufs dotés du QI de Booba ont l’air de ne penser qu’à la fontaine de téquila qu’ils vont pouvoir s’envoyer derrière la cravate à la fête de fin de tournage. Et en plus, Steven n’a strictement rien à rajouter.
Bodycount : 8
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « Je crois qu’il est grand temps que je me mette au vert. Je suis un dinosaure, je dois être le seul de mon espèce qui reste sur Terre. Pour exister, je n’ai pas hésité à écraser ceux qui se mettaient en travers de mon chemin. C’est comme ça que je suis devenu riche. Mais ce n’est pas une vie, et je regrette ce que j’ai fait… enfin, pas tout… »
A GOOD MAN
Keoni Waxman
Etats-Unis – 2014 – 1h39
On ne cherchera pas à savoir ce qui a pu motiver la paire Seagal/Waxman à se dire que Force of Execution pouvait être le point de départ d’une trilogie – voire même d’une quadrilogie si l’on en croit les derniers échos – centrée sur le personnage de John Alexander, puisque ce genre d’idée échappant à toute logique semble n’être intelligible que par eux. En l’état, sachez juste que ce bien nommé A Good Man – on ne peut pas faire plus clair ! – n’est en réalité pas la suite mais la préquelle du précédent film, sensée nous dévoiler le passé d’Alexander. Et là, surprise, celui que l’on pensait réduit à un statut de baron de la drogue bien vénère – donc sans lien avec les précédents métiers militaires des autres personnages joués par Steven – tombe soudain le masque ! Après un lourd passé dans les forces spéciales, ce gros lourdaud au look de macro vicelard avait donc tenté de fuir sa condition de barbouze et de trouver la rédemption en travaillant comme homme à tout faire dans un complexe d’appartements. Mais comme un locataire se faisait emmerder par un gangster russe et que des Chinois se sont vite mêlées à l’embrouille, il fut contraint de ressortir les armes, notamment pour se battre au katana avec un Tzi Ma qu’il enverra ad patres en trois secondes… Tourné de nouveau dans un coin paumé de la capitale roumaine qui a davantage l’allure d’un pâté de maisons abandonnées de Tchernobyl, A Good Man ne propose rien de neuf, sinon un Steven qui a visiblement attaqué un régime et une pépée brune super sexy à qui il ne manquera de palper les omoplates devant un rideau dans la toute dernière scène. Entre-temps, on ne l’aura vu que vingt minutes – notons qu’il n’est jamais doublé dans ce film – et on aura pris le temps de se servir trois cafés, de finir les restes de nos chocolats de Noël, et de passer trois quarts d’heure au téléphone avec notre copine, histoire de trouver un truc à faire pendant ces cent minutes de néant intégral. Combattre l’ennui, c’est comme Steven qui combat ses kilos en trop : c’est une guerre à mener, et on est certain de la perdre sans l’effort qui va avec.
Bodycount : 18
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « Aucune obscurité n’existe sans lumière, mais la lumière existe hors de toute obscurité. Et les deux coexistent en moi »
- « Il a combien de femmes, lui ? Plus encore qu’Oussama Ben Laden, tu crois ? Cela me fait de la peine de devoir le buter… »
- « Vous êtes bien réel ? – Non, mais je fais comme si »
POKERS
Justin Steele
Etats-Unis – 2014 – 1h25
Encore un film que certains gros malins ont voulu vendre en collant Steven en gros sur l’affiche alors qu’il n’apparaît que deux minutes à tout casser et que son nom n’a même pas sa place dans le générique de début ! Foutage de gueule pur et simple pour un petit polar distribué en DVD un peu par effet de mode, histoire de surfer avec opportunisme sur la lignée des films d’arnaque situés à Las Vegas comme Lady Chance ou Ocean’s eleven. A l’écran, c’est une toute autre affaire que l’on se mange en pleine gueule. Dire que l’on tourne en rond dans cette intrigue centrée sur un joueur criblé de dettes est bien plus qu’un euphémisme : le rythme est aux abonnés absents, la narration s’enferme en boucle dans une suite de palabres interminables, et les acteurs s’en tiennent à des partitions mécaniques, comme s’ils étaient tous conscients de devoir meubler en attendant leur chèque. Osons toutefois reconnaître qu’ils ont dû bien s’amuser, en particulier Stephen Lang – vu en bad guy dans Avatar et Menace toxique – avec la tête coincée entre les jambes d’une strip-teaseuse, ou encore ce (mal)chanceux de George Eads (Les Experts) qui s’offre ici une scène de sexe aquatique avec une AnnaLynne McCord bouillante comme jamais. Tout ce qui semble intéresser le réalisateur paraît se résumer à une esthétisation outrancière de chaque plan. Aussi clinquant qu’un épisode de la série Las Vegas avec James Caan, Pokers s’incarne en magnifique coquille vide, gavée de plans millimétrés et d’éclairages fluo à la Nicolas Winding Refn, mais où la moindre intention de montage ne sert jamais un propos ni une idée ni même une intention narrative. On peut s’éblouir cinq minutes des ambiances nocturnes de Las Vegas et de ses luxueuses villas cadrées dans un Scope à tomber par terre, mais sur 85 minutes, ça donne vite envie de tomber dans les bras de Morphée. Et en plus, Steven ne fait rien du tout là-dedans, à part rester assis sur une chaise et buter un mec à la fin. En poker, c’est ce qu’on appelle un bluff totalement raté.
Bodycount : 1
Conseil de visionnage : VOST
CODE OF HONOR
Michael Winnick
Etats-Unis – 2016 – 1h42
Le grand retour de Steven au cinéma avec le regretté Samuel Hadida à la production ? Une telle annonce nous faisait jouir de bonheur. Mais bon, pas d’emballement : Code of Honor n’aura eu qu’une sortie très limitée aux Etats-Unis et n’a rien d’un retour aux sources. Mais pour Steven, là, on a poussé les curseurs à fond, et ce dès la scène d’ouverture. Le voilà armé d’un fusil de sniper qui zigouille une quinzaine de dealers en tirant façon balayage sans faire l’effort de viser (et bien sûr il ne rate jamais sa cible !). Puis il descend en rappel grâce à un gros plan mal incrusté (il ressemble encore trop à Obélix pour pouvoir le faire en vrai), il va ensuite se reposer en matant des danseuses exotiques se déhancher dans un club glauque, et en sortant, il fait carrément péter le club tandis qu’il marche au ralenti dans la direction opposée (et tant pis s’il y avait à l’intérieur de pauvres stripteaseuses qui bossaient dur pour nourrir leur gosse !). Faut quand même préciser qu’il joue un colonel militaire qui, suite au massacre de sa famille, a décidé de faire le ménage dans la ville, si possible en ne se levant jamais de sa chaise et en optant pour le premier degré bien lâche de l’american sniper de base. Quant aux lois et à la Constitution, il chie dessus comme un gros facho, osant même quelques punchlines édifiantes pour convaincre ces cons de démocrates bobos du bien-fondé de sa morale expéditive (voir ci-dessous). Bref, Steven a pété un câble, se laisse introniser en marionnettiste omniscient qui fait douter les enquêteurs de sa propre existence (rien de tel pour entretenir son aura !), et exhibe encore son magnifique look de barbouze qui porte le bouc et qui fume le cigare, tout en faisant la moue avec l’assurance du frimeur qui n’a pas besoin d’incarner un personnage déjà ancré à 300% dans son ADN. Déjà si crétin dans son premier degré qu’il pourrait faire passer Un justicier dans la ville pour un parangon de nuance, Code of Honor prouve aussi qu’avec le temps, les DTV les plus roublards de Steven ont fini par gagner en budget, en qualité de photo et en jeux de lumière chiadés. Pas suffisant pour aboutir à un bon film, faut quand même pas déconner, mais ça fait l’affaire pour une suite d’images qui bougent avec un minimum de gueule. On ne peut désormais plus espérer davantage de Steven. A moins que…
Bodycount : 30
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « J’ai une question : serais-tu prêt à sauver le monde si personne n’était au courant ? C’est la différence entre toi et moi. Et c’est pourquoi tu n’as pas ton mot à dire »
- « Tu abats tous ceux que tu estimes nuisibles ? […] On a juré de protéger la Constitution. Tu l’as oublié ? – Il y a le bien et le mal. Les lois sont censées nous servir, et pas les servir, eux. L’esclavage était légal. Et si des hommes comme nous ne s’étaient pas battus, il perdurerait peut-être encore aujourd’hui »
- « Je dis ce que je vois. La vérité est subjective – La vérité est absolue. Ce sont les gens qui sont subjectifs »
THE PERFECT WEAPON
Titus Paar
Etats-Unis – 2016 – 1h24
… à moins que ce cher Steven ait tout prévu, qu’il ait gardé sous le coude sa plus belle surprise pour le moment le plus opportun, qu’il soit prêt à entamer un nouveau chapitre de sa glorieuse et improbable destinée. The Perfect Weapon a cela d’incroyable qu’il nous inflige en fin de bobine une hallucination si forte qu’on se voit du coup contraint d’achever ici notre long voyage spirituel au pays du Saumon Agile. Le film en lui-même vaut déjà le détour pour son statut de première incursion officielle de Steven dans la science-fiction (même si tous ses précédents nanars pouvaient déjà concourir au titre), comme si se projeter dans un contexte de film d’anticipation était l’expression la plus évidente de sa profession de foi. Ensuite parce que cette histoire bancale de tueurs manipulés par une dictature prend place dans une ambiance futuriste insensée, quelque part entre les concerts de Jean-Michel Jarre et les photos trafiquées au néon de Liam Wong, où la photo a l’air si noyée sous le fluo et le sucrage de HD que le film tout entier semble avoir subi une chirurgie radicale au Botox en fin de post-production. Enfin parce qu’en dépit d’une apparition réduite à trois scènes, Steven s’offre ici le rôle du dictateur de ce futur dystopique, posant ses grosses fesses dans une garçonnière déguisée en dojo nippon avec tout un tas de geishas qui ont chaud sous le kimono, autrement dit son fantasme absolu que seul un film d’anticipation pouvait concrétiser à l’écran. Bien sûr, on colle par-ci par-là quelques has been de l’actionner 80’s comme Richard Tyson (le psychopathe taré d’Un flic à la maternelle) ou Vernon Wells (le vilain de Commando et de Mad Max 2), ne serait-ce que pour prouver qu’ils ne sont que des morpions face à sa dégaine de sumo bouffi. Bien sûr, le parcours du jeune héros incarné par Johnny Messner – que l’on avait déjà vu jouer les tueurs dans La Peur au ventre de Wayne Kramer – nous en touche une sans bouger l’autre. Et bien sûr, nos orbites n’en ont ici que pour la beauté soufflante des images et des décors dans un Scope éblouissant, faisant montre d’une hausse qualitative du cinoche made by Steven que ses confrères de la série Z discount peinent à égaler – même JCVD et Dolph Lundgren sont désormais à la traîne.
Et là, tout à coup, on n’en croit pas nos yeux : au terme d’un ultime duel au moulinet dans le vide dans son repaire au sommet d’un gratte-ciel, Steven se fait tuer ! Et on a raison de ne pas y croire : son frère jumeau débarque illico presto comme dans un film de John Woo, promettant de le venger dans un futur proche ! Cela nous rappelle soudain cette théorie bien marrante – par ailleurs ressasée dans un docu très rigolo intitulé Steven Seagal, la revanche du catogan – sur un hypothétique frère jumeau de Steven qui, à la mort du premier (un grand aïkidoka bouddhiste qui aurait protégé des tibétains, bossé pour la CIA et entamé une carrière d’action-star énergique), aurait pris sa place pour devenir cet terrifiant double maléfique aussi obèse que pervers. Une théorie qui soudain prend vie, annonçant les futurs exploits d’un troisième Steven au comportement d’ores et déjà impossible à prévoir, et ne vendant ainsi que du rêve pour un nouveau chapitre d’une carrière décidément plus folle et plus imprévisible que n’importe quelle autre. On fume peut-être la moquette en disant cela, mais face à un ovni aussi génialement surréaliste que The Perfect Weapon (à voir impérativement en HD), on veut y croire, plus que jamais. Et le mot de la fin revient donc au Steven défunt, lequel nous éclaire de son savoir immémoriel dans la dernière scène avant de nous quitter pour de bon : « Qu’est-ce que la vérité ? Ce que l’on entend, ce sont des opinions, pas des faits. Ce que l’on voit, ça dépend du point de vue, ce n’est pas nécessairement la vérité. Je veux voir si je peux me glisser dans ton esprit pour savoir si tu connais la véritable réalité ». Ultime coup de génie d’un dieu vivant du WTF qui nous aura fait triper très haut et très loin. Steven est mort, longue vie à Steven !
Bodycount : 2
Conseil de visionnage : VOST
Répliques cultes :
- « Quand je lève ta main, tu l’élèves. Quand je la baisse, tu t’abaisses. Et si je la remonte, tu remontes. Toutes ces actions sont faites pour te manipuler. Elles ne sont pas forcément douloureuses car, pour te manipuler, je n’ai besoin que de mon esprit. Voilà les qualités qui feront le guerrier ultime »
- « Ma belle, j’ai étudié l’acupuncture, les plantes médicinales, les massages… Chaque méridien de ton corps représente un organe. Tout est connecté à ton système nerveux et à tes organes vitaux. La colonne vertébrale relie les nerfs et les organes. On peut masser les reins, le foie, le cœur, la rate, tout. Je vais t’enseigner tout ça pour que tu puisses m’en faire profiter toi aussi. Tu comprends ? »
- « Tu as fait du très bon travail et je t’en suis reconnaissant. Cela me fait mal de te voir comme ça, mon frère. Tu m’as donné ta vie. Tu m’as tout donné. Par chez moi, on dit qu’on peut juger la vie entière d’un homme par son dernier souffle. On vit avec honneur et on meurt avec honneur. Et tu as réussi »
2 Comments
Quel courage et quelle abnégation ! J’ai à la fois du respect pour ce complétisme, et en même temps ça me fait de la peine que tu te sois infligé ça volontairement, contraint d’aller jusqu’au bout.
E.
Oh, je tombe pile sur cette rétrospective pour m’accompagner dans le même périple que l’auteur de ce magnifique article.
Je termine tout juste le cycle « turbo » et je suis aux anges.
Un immense merci au fou qui a regardé et écrit sur chacune de ces oeuvres.
Et donc maintenant, le vide…