Une Carte Blanche offerte à Robert Morgan ! Quand on y repense, c’était assez inévitable. L’enfant du bizarre à qui l’on doit depuis plusieurs années le petit clip d’ouverture des séances de notre festival lyonnais préféré se devait de faire tôt ou tard une petite escale dans cette célébration cinéphile qui a toujours pris soin de suivre son travail. Donc acte. Avec, en guise d’apothéose, la projection en clôture de son premier long-métrage réalisé par l’intéressé. Voilà bien ce que l’on a envie de mettre en avant pour présenter cette 17ème édition, au lieu de s’extasier comme chaque année sur les promesses folles de cette nouvelle programmation. Parce que ce clip de présentation continue encore aujourd’hui de laisser des traces sur l’esprit. Témoin d’un cinéma bis et transgressif plus que jamais destiné à muter et à susciter des réactions toujours plus contradictoires, mixant la fascination à la répulsion, l’artisanal à la technologie, le cryptique à l’organique : voici la position privilégiée dans laquelle ont su nous mettre ces vingt petites secondes introductives made by Robert Morgan avant chaque séance de nos chères Hallucinations Collectives. Mise en bouche ? Mise en condition ? Un peu des deux. Mais surtout une garantie : celle de perdre tous nos repères face à tout ce que nos confrères en pull cachemire de la presse intello-bobo de Paname ne prendront jamais la peine de défendre. Promesse d’un cinéma hors normes voué à s’affranchir des modes, des dogmes, du conformisme, de l’étiquetage et de la morale à deux balles, quitte à désorienter son audience. Promesse de jamais-vu, voilà tout, comme à chaque fois. Dix-sept ans, déjà, et pourtant ce n’est jamais assez. Rentrer dans le rythme des Hallus est comme à chaque fois un rituel à suivre autant qu’un piège dans lequel on tombe volontiers… Once you come back, you never go back…
Concrete Utopia (Um Tae-hwa)
OUVERTURE
– Concrete Utopia d’Um Tae-hwa (Corée du Sud)
Séoul est frappée par un puissant tremblement de terre qui détruit toute la ville, à l’exception de la barre d’immeuble Hwang Gung. Les survivants se tournent vers un officier et une infirmière pour tenter de surmonter la longue crise qui les attend…
CLÔTURE
– Stopmotion de Robert Morgan (Royaume-Uni)
Ella travaille dans le domaine exigeant de l’animation image par image. Elle officie dans l’ombre envahissante de sa mère, star de la discipline désormais incapable de mener un projet à son terme. Un événement funeste va pousser Ella vers une autre forme de création…
DOUBLE PROGRAMME « ABSURDOMANIE »
Voilà un terme bien choisi pour nommer la traditionnelle soirée du vendredi des Hallus, composée cette année de deux films intemporels et anticonventionnels, avec l’absurde comme matière à manipuler.
– Steak de Quentin Dupieux (France)
En 2016, la mode et les critères de beauté ont beaucoup changé. Une nouvelle tendance fait des ravages chez les jeunes : le lifting. Georges, un jeune diplômé récemment lifté, profite des vacances d’été pour s’intégrer aux « Chivers », une bande de caïds liftés à l’extrême. Blaise, un loser rejeté et ex-ami d’enfance de Georges, aimerait lui aussi faire partie de la bande…
– Napoleon Dynamite de Jared Hess (Etats-Unis)
Napoleon Dynamite est un nerd de premier ordre, tendance no-life. Asocial, désagréable et menteur, Napoleon entraîne (malgré lui) dans ses aventures l’oncle Rico, son frère Kip, son ami mexicain Pedro, et la timide et touchante Deb, secrètement amoureuse de lui… Par hasard plus que par conviction, Napoleon va tenter de faire élire Pedro délégué de classe : il utilise pour cela toutes ses aptitudes, dont son talent inné pour dessiner les guerriers médiévaux…
When Evil Lurks (Demián Rugna)
COMPÉTITION LONGS-MÉTRAGES
L’incontournable colonne vertébrale de chaque édition des Hallus, avec deux récompenses remises lors de la cérémonie de clôture : le Grand Prix (par vote du public) et le Prix du Jury (par trois utilisateurs du Pass Culture).
– Wake Up de François Simard, Anouk Whissell & Yoann-Karl Whissell (Canada/France)
Un groupe d’activistes s’introduit de nuit dans un grand magasin, dans le but de dénoncer son impact environnemental. Ils ne vont rencontrer comme seuls interlocuteurs que deux vigiles, dont un bricoleur avec, disons, de gros problèmes de gestion de la colère…
– Pendant ce temps sur Terre de Jérémy Clapin (France)
Elsa, 23 ans, a toujours été très proche de son frère aîné Franck, spationaute disparu mystérieusement trois ans plus tôt au cours d’une mission. Un jour, elle est contactée depuis l’espace par une forme de vie inconnue qui prétend pouvoir ramener son frère sur terre. Mais il y a un prix à payer…
– En Boucle de Junta Yamaguchi (Japon)
Quelques flocons de neige tombent sur le coquet hôtel Fujiya, dans le village de Kibune. Pas le temps de s’arrêter sur cette splendeur bucolique : le personnel et les hôtes tentent de s’extraire de la boucle temporelle de deux minutes dans laquelle ils sont coincés…
– When Evil Lurks de Demián Rugna (Argentine)
Deux frères, Pedro et Jaime, entrent dans une bicoque de leur village et y découvrent le corps atrocement déformé d’un homme à l’agonie, hôte d’un démon. La fratrie prend sur elle afin de mettre fin à ses souffrances, et le mal se répand dans toute la population avoisinante…
– Property de Daniel Bandeira (Brésil)
Des ouvriers agricoles découvrent que les terres où ils travaillent vont être vendues. Ils demandent alors des comptes au couple de propriétaires. Le ton monte, Monsieur est séquestré, Madame parvient à s’échapper et à s’enfermer dans un véhicule blindé…
– Late night with the Devil de Cameron Cairnes & Colin Cairnes (Australie/Émirats arabes unis)
Jack Delroy cherche désespérément le petit quelque chose qui manque à son émission de divertissement pour dépasser la concurrence. Le soir d’Halloween, les segments se succèdent et l’ambiance commence sérieusement à déraper sur le plateau, en plein direct…
– The Coffee Table de Caye Casas (Espagne)
Maria et Jesus, jeunes parents, exacerbent leurs tensions conjugales autour de la question d’acheter ou non une table basse hors de prix. L’affaire est finalement tranchée, le meuble trône en définitive dans le domicile. Ne lui manque qu’une vis…
Tank Girl (Rachel Talalay)
HARO SUR L’AUTORITÉ !
Les organisateurs du festival ayant bien pris en compte que les Hallus n’avaient pas encore l’âge de la majorité, autant se faire plaisir avec quatre films bien punchy où toute forme de rébellion envers l’ordre établi s’impose en reine !
– If… de Lindsay Anderson (Royaume-Uni)
C’est la rentrée scolaire. Travis et ses deux amis sont de retour au pensionnat pour leur pénultième année. De retour dans un système autoritaire et hiérarchique, qui distribue les brimades et les violences répétées auxquelles il faut consentir de bon gré. Mais les trois adolescents, assoiffés de fantaisie et de liberté, sont de moins en moins enclins à cette soumission…
– L’Armée de l’Empereur s’avance de Kazuo Hara (Japon)
Kenzo Okuzaki n’est pas un modèle de tempérance. Il en veut particulièrement à l’Empereur et aux cadres de l’armée, responsables de l’enfer qu’il a vécu en Nouvelle-Guinée à la fin de la Seconde Guerre mondiale. Ce soixantenaire se bat, dans tous les sens du terme, pour révéler une terrible vérité que tout le monde préférerait bien oublier…
– Themroc de Claude Faraldo (France)
Dans le Paris des années 70, Themroc, ouvrier dans le bâtiment, subit sa vie « métro, boulot, dodo ». Son quotidien le conduit imperturbablement du modeste appartement où il cohabite avec mère et sœur, au métro bondé d’anonymes individus jusqu’à l’usine assourdissante du grouillement des travailleurs. Face à son patron, la colère monte. Elle ne s’arrêtera plus…
– Tank Girl de Rachel Talalay (Etats-Unis/Royaume-Uni)
2033. La Terre n’a pas connu la pluie depuis plus de 10 ans, et les maigres ressources en eau sont contrôlées par la Water & Power Corp. Dans sa quête de domination totale, la firme millitaro-capitaliste va tomber sur un os : une jeune femme irrévérencieuse, amoureuse d’un tank et prompte à lever le majeur bien haut…
JAN ŠVANKMAJER, LE SOUFFLE DE VIE
Une triple plongée en apnée dans l’univers magique et surréaliste d’un cinéaste tchèque injustement méconnu, capable de faire vivre mille émotions à ses spectateurs.
– Jan Švankmajer en courts de Jan Švankmajer (République Tchèque)
Initiation à l’univers de Jan Švankmajer en six courts-métrages emblématiques portés par les obsessions organiques de leur auteur. Qu’ils soient un constat de la cruauté, de l’animalité et de la voracité de l’Homme, une reconnaissance de l’absurdité du monde environnant, ou encore la critique acide du principe de possession, ces films intemporels n’ont rien perdu de leur force…
– Les Conspirateurs du plaisir de Jan Švankmajer (République Tchèque/Suisse/Royaume-Uni)
En toute clandestinité, six individus, absorbés par des rituels préparatoires fétichistes, œuvrent à parfaire leur quête du plaisir…
– Démence de Jan Švankmajer (République Tchèque)
Souffrant d’hallucinations, Jean se laisse convaincre, par un étrange notable qu’il vient de rencontrer, de suivre une thérapie au sein de l’institution du Dr Murlloppe, où tous les patients vivent sans entrave, même les plus atteints…
CARTE BLANCHE A ROBERT MORGAN
L’homme à qui l’on doit l’incontournable petit clip d’ouverture de chaque séance des Hallus est cette année l’invité de prestige du festival ! Lui offrir une Carte Blanche s’imposait donc pour une plongée digne de ce nom dans les tréfonds du cinoche bis qui tâche.
– The Boxer’s Omen de Chih-Hung Kuei (Hong Kong)
Chan Hung part en Thaïlande défier Bu Bo à la boxe et se retrouve par une suite de fortes improbabilités ensorcelé. Il devient alors un bouddhiste invincible combattant un sorcier thaïlandais particulièrement fou…
– Les Possédées du diable de Jesús Franco (France)
Patrick, un riche homme d’affaire, prépare le dix-huitième anniversaire de sa fille Linda. C’est à cet instant que la mystérieuse Linda revient dans sa vie afin de lui rappeler un étrange pacte signé il y a de nombreuses années…
– Last House on Dead End Street de Roger Watkins (Etats-Unis)
Après un an de prison, un type décide de rembourser la société en faisant des films qui contiennent des morts en direct. Quatre personnes sont donc capturées, attachées et gardées en otage pour son projet. Un à un, ils sont tués pour des scènes filmées. Une femme se fait scier les membres, pendant qu’il s’occupe de la garder consciente. Une autre victime est tuée avec une perceuse électrique…
Le Cœur fou (Jean-Gabriel Albicocco)
CABINET DES CURIOSITÉS
Des films curieux, orphelins, inclassables, méconnus, incroyables : que demande le peuple ?
– Une journée bien remplie de Jean-Louis Trintignant (France/Italie)
Au fil d’une journée, un homme parcourt les routes du Gard au guidon d’une moto en compagnie de sa mère assise dans un side-car, tuant des personnes de façon insolite et selon un itinéraire bien établi…
– A way to die : The films of John Balance & Peter Christopherson de Maxime Lachaud & Relvaks Timeless (France)
Dans les années 70 et 80, le duo fondateur de la formation mythique Coil a filmé, à tout va, en 8 et 16 mm. Entre art médical, performances homo-érotiques et body horror, ces courts-métrages et instants capturés, portés par un certain nombre de compositions inédites du groupe et réunis ici dans un document unique…
– La Maison aux fenêtres qui rient de Pupi Avati (Italie)
Stefano s’installe dans un petit village, où il doit restaurer une fresque macabre. Au fil des jours, les langues locales se délient autour de la personnalité du peintre décédé et du sens de ses œuvres. L’enquête de Stefano le mène à une mystérieuse maison…
– Le Cœur fou de Jean-Gabriel Albicocco (France)
Alors qu’il réalise un photo-reportage sur son ex-épouse dans un institut psychiatrique, un journaliste tombe sous le charme d’une jeune pyromane. Cherchant à fuir la fureur du monde et à retrouver une pureté perdue, ces nouveaux amants s’enfoncent dans une folie à deux, littéralement incendiaire…
– The Fireworks Woman de Wes Craven (Etats-Unis)
Angela et Peter sont de la même famille et éprouvent une attirance l’un pour l’autre depuis leur enfance. Tandis que cette attirance grandit, Peter s’efforce de continuer ses étude pour devenir pasteur. Quand Angela parvient enfin à mettre Peter dans son lit, ce dernier commence à éprouver des doutes quant au reste de sa carrière…
ET AUSSI…
– une sélection de courts-métrages en compétition :
AAAAH ! d’Osman Cerfon (France)
Drizzle in Johnson d’Ivan Li (Canada)
G-Man : A Qixia in Space de Liu Yuchen (Chine)
Inside you d’Erik Sémashkin (Ukraine)
Juggernaut de Daniele Ricci & Emanuele Ricci (Italie)
La déchéance de l’homme taureau de Nicolas Jacquet (France)
Septichexen d’Anders Elsrud Hultgreen (Norvège)
UWD de Brigitte Poupart & Myriam Verreault (Canada)
– une projection du documentaire Other, Like Me de Marcus Werner Hed & Dan Fox (le 21 mars au Marché Gare de Lyon)
– une exposition des images et planches de l’auteur lyonnais de bande dessinée Aurélien Maury (galerie de Boskop du 8 au 27 mars)
– une exposition des planches de Maybelline Skvortzoff (espace rencontre du Comoedia du 26 mars au 12 avril)
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