Après la figure de la « sorcière » l’an dernier, c’est désormais le cinéma afro-américain et ses revendications sociopolitiques qui sont à l’honneur cette année pour la 12ème édition de nos indispensables Hallucinations Collectives. Preuve d’opportunisme en vue de coller à l’actualité du moment ? Que nenni, et l’équipe du festival s’est bien chargée de le rappeler en préambule de cette douzième fournée : tant mieux si le hasard crée une résonance entre les thématiques explorées et les débats du moment. Les habitués de ces festivités annuelles et lyonnaises le savent d’ailleurs très bien. Creuser davantage un thème global qu’une idée particulière, tisser des connexions que l’on peut embrasser ou abandonner, obtenir un solide panorama qui dessine plusieurs voies au lieu de n’en griffonner qu’une seule, et surtout, penser toujours « autre » et non pas « pareil » : voilà l’esprit des Hallucinations Collectives que nous nous faisons une joie de vous faire partager chaque année, via nos comptes-rendus et nos articles sur l’actualité de ce festival si cher à notre cœur de cinéphage. Rebelote à nouveau pour cette cuvée 2019, à nouveau casée sur une semaine pré-Pâques où des films rares seront les meilleurs œufs en chocolat qui soient, et qui regorge d’ores et déjà d’un très grand nombre d’événements forts, allant de thématiques clairement subversives (la cause afro-américaine, le roman porno…) à un Cabinet des Curiosités comme toujours des plus alléchants, sans oublier la fameuse Carte Blanche accordée cette fois-ci au précieux couple Cattet/Forzani dont chacune des propositions de cinéma a toujours mérité un torrent de dithyrambes (Amer, L’étrange couleur des larmes de ton corps, Laissez bronzer les cadavres…). Et en attendant comme un dingue le début des festivités, que peut-on faire, à part vous recommander de trouver n’importe quel prétexte afin de savourer sept jours d’hallucinations filmiques ? En fait, de notre côté, on a déjà fait la liste… Prendre un peu son mal en patience… Rester curieux et ouvert à l’inconnu… Débuter les paris sur ce qui sera le plus fou à voir ou à découvrir… Ne pas chercher à savoir combien de fous rires et d’arrêts cardiaques risquent d’avoir lieu durant la soirée Bobbypills (si vous ne connaissez pas encore Vermin ou Peepoodo, une intense préparation physique et psychologique est à prévoir)… Fuir les substances interdites et les excitants chimiques, puisque les films eux-mêmes sont là pour provoquer cet effet… Et bien sûr, vibrer encore et toujours au sein du collectif cinéphile qui, d’une année sur l’autre, anime ce festival et en fait vivre l’âme.
COMPOSITION DU JURY LONGS-METRAGES
– Maureen Wingrove, alias « Diglee », romancière, illustratrice et autrice de BD
– Emre Orhun, dessinateur et illustrateur
– Yogo Higashi, danseuse, performeuse et musicienne
The Golden Glove (Fatih Akin)
OUVERTURE ET CLÔTURE
– Freaks de Zack Lipovsky & Adam B. Stein (Etats-Unis)
La petite Chloe, maintenue à l’écart du monde extérieur par son père, n’a jamais quitté la maison familiale. Attirée par la musique du marchand de glaces en bas de la rue, elle va braver l’interdit paternel…
– The Golden Glove de Fatih Akin (Allemagne)
Fritz a un gros problème de boisson. Et il a un encore plus gros problème avec les femmes, qu’il massacre régulièrement dans son appartement insalubre, empuanti des bouts de corps planqués dans les murs…
COMPETITION LONGS-METRAGES
– 1987 : When the day comes de Jang Joon-hwan (Corée du Sud)
La mort accidentelle d’un étudiant pendant un interrogatoire beaucoup trop poussé et le camouflage de la vérité par les instances étatiques exacerbent les tensions socio-politiques en Corée du Sud…
– Factory de Yuri Bykov (Arménie/France/Russie)
La fermeture de leur usine pousse un groupe d’ouvriers à la dernière extrémité : kidnapper leur patron, un oligarque a priori intouchable, pour lui extirper une rançon qui fera office d’indemnités de départ…
– Freaks de Zack Lipovsky & Adam B. Stein (Etats-Unis)
La petite Chloe, maintenue à l’écart du monde extérieur par son père, n’a jamais quitté la maison familiale. Attirée par la musique du marchand de glaces en bas de la rue, elle va braver l’interdit paternel…
– In Fabric de Peter Strickland (Royaume-Uni)
Une superbe robe rouge, fierté de la boutique de prêt-à-porter Dentley & Soper’s, passe de corps en corps et torture ses différent(e)s propriétaires avec un certain raffinement dans la cruauté…
– Lords of Chaos de Jonas Akerlund (Royaume-Uni/Suède)
Au début des années 1990, la Norvège n’est que calme et tranquillité. Les formations de black metal Mayhem et Burzum vont venir secouer la paisible social-démocratie avec leur musique diabolique et une généreuse portion de crime…
– Luz de Tilman Singer (Allemagne)
Une conductrice de taxi débarque dans un commissariat, de nuit, dans un état a priori second. Poursuivie par un démon épris de ses charmes, elle se pense à l’abri. Déboule alors un médecin spécialiste de l’hypnose…
– Tous les dieux du ciel de Quarxx (France)
Simon vit dans une ferme isolée avec sa sœur Estelle, alitée dans un état végétatif. Suite à son licenciement, il rompt encore plus le ban avec la société et se replie sur ses obsessions paranoïaques…
– We de Rene Eller (Belgique/Pays-Bas)
A la faveur du doux désœuvrement estival, les ados d’un village flamand s’abandonnent à tous les excès à leur portée. L’émulation collective les pousse à aller de plus en plus loin, à jouir de l’euphorie du moment sans se soucier des conséquences de leurs actes…
Maw (Jasper Vrancken)
COMPETITION COURTS-METRAGES
– Blue de Samantha Severin (Etats-Unis)
Une femme se montre et regarde un écran, des hommes paient pour la regarder. Elle ou son double…
– Coyote de Lorenz Wunderle (Suisse)
Un paisible coyote venge sa famille assassinée sous ses yeux par une meute de loups…
– Kids de Michael Frei (Suisse)
Et si une incompréhension entre deux personnes déclenchait la chute de l’Humanité toute entière ?
– Limbo de Daniel Viqueira (Espagne)
José n’arrive pas à s’adapter à sa nouvelle vie. Il va être entraîné dans une spirale de destruction…
– Maw de Jasper Vrancken (Belgique)
Richard est rongé par un sombre fantasme : il est sexuellement excité par l’idée d’être dévoré par un animal sauvage ou un monstre…
– Nursery Rhymes de Thomas Noakes (Australie)
L’histoire d’un étrange jeune homme, torse nu, tatoué, transi de froid, qui chante une berceuse…
– The Boogeywoman d’Erica Scoggins (Etats-Unis)
La légende de la Boogeywoman raconte qu’une sorcière se nourrit de l’âme des garçons. La lumière s’éteint et un garçon disparaît…
– The Sermon de Dean Puckett (Royaume-Uni)
La morale, la pudibonderie et le puritanisme régissent une petite communauté rurale vivant au rythme des sermons d’un prêcheur…
Top of the heap (Christopher St. John)
RETROSPECTIVE « UNEXPLOITED »
– Ganja & Hess de William Gunn (Etats-Unis)
Le docteur Hess, anthropologue afro-américain blessé par une dague sacrée, découvre les joies de l’immortalité et les souffrances du manque. Il entraine avec lui sa maîtresse Ganja dans une inextinguible soif de sang…
– Point noir de Jules Dassin (Etats-Unis)
Avril 1968. Martin Luther King vient d’être assassiné. À Cleveland, un groupe de révolutionnaires noirs décide de cambrioler un stock d’armes. Mais un des compères se dégonfle, et l’affaire tourne mal…
– Sweet Sweetback’s Baadasssss Song de Melvin Van Peebles (Etats-Unis)
Pour avoir donné une correction à deux flics racistes et aidé un jeune militant à s’enfuir, Sweetback devient la cible prioritaire de la police de L.A. Une seule solution pour un homme noir avec « The Man » sur le dos : courir…
– Top of the heap de Christopher St. John (Etats-Unis)
George Lattimer est un des rares agents de couleur au sein de la police de Washington. Pression sociale et rêves brisés vont nourrir son amertume et sa colère, lui faisant progressivement perdre pied…
RETROSPECTIVE « ROMAN PORNO »
– La maison des perversités de Noboru Tanaka (Japon)
Depuis le grenier, Saburo observe en secret les habitants d’une pension, leurs manies et leurs travers. Jusqu’à ce que la criminelle Minako lui rende son regard, scellant dès lors leur perverse complicité…
– Woods are Wet : Woman’s Hell de Tatsumi Kumashiro (Japon)
Sachiko, jeune, pure et innocente, trouve refuge chez un couple fortuné dont le caractère déviant des distractions ne va pas tarder à poindre. Elle se voit projetée au cœur d’un théâtre de la cruauté et des plaisirs infernaux…
– Yumeno Kyusaku’s Girl Hell de Masaru Konuma (Japon)
Utae et Aiko sont internes dans un pensionnat de jeunes filles particulièrement strict. Mais cette apparente rigueur morale n’est qu’un paravent que le couple d’adolescentes passionnées va bientôt déchirer…
Millennium Actress (Satoshi Kon)
CARTE BLANCHE : HELENE CATTET & BRUNO FORZANI
– Carne de Gaspar Noé (France)
Un boucher chevalin de la région parisienne élève seul sa fille. Le jour de ses premières règles, elle panique et va retrouver son père à la boucherie. À la suite d’un malentendu, ce dernier croit qu’elle a été violée en chemin…
– La Bouche de Jean-Pierre de Lucile Hadzihalilovic (France)
A la suite de la tentative de suicide de sa mère, Mimi est recueillie par sa tante. L’arrivée du fiancé de celle-ci va troubler la jeune fille, jusqu’à lui faire perdre le sommeil…
– Millennium Actress de Satoshi Kon (Japon)
Un journaliste et un cadreur de télévision s’en vont interviewer Chiyoko Fujiwara, célèbre actrice japonaise sans âge d’un cinéma populaire oublié. Recluse dans une retraite paisible, elle raconte sa vie…
– Quelli Che Contano d’Andrea Blanchi (Italie)
De retour des États-Unis, le gangster Tony Aniante débarque en Sicile pour semer la discorde entre deux familles mafieuses locales. Un moyen comme un autre de faire un peu de ménage par le vide…
Next of Kin (Tony Williams)
CABINET DES CURIOSITES
– Grey Gardens de Muffie Meyer, Ellen Hovde, David & Albert Maysles (Etats-Unis)
Recluses à Grey Gardens, leur insalubre demeure, « Big Edie » Bouvier Beale (80 ans) et sa fille « Little Edie » (58 ans), tante et cousine de Jackie Kennedy, occupent leurs journées entre disputes et discussions nostalgiques…
– La Nuit de la Mort de Raphaël Delpard (France)
En acceptant son nouveau poste d’infirmière-gouvernante dans une maison de retraite, la jeune Martine ne se doute pas de ce qui l’attend. Elle se retrouve rapidement confrontée à l’autorité de la directrice et aux caprices de pensionnaires équivoques…
– Le Sexe qui parle de Claude Mulot (France) (séance interdite aux moins de 18 ans !)
Au sein d’un couple bourgeois, la libido n’est plus au rendez-vous. Un jour, le sexe de Joëlle prend la parole (en parlant du nez) et entraîne la jeune femme frustrée dans de cocasses situations…
– Next of Kin de Tony Williams (Australie)
En héritant de Montclare, ancienne demeure familiale transformée en résidence pour personnes âgées, Linda se retrouve au cœur d’une série d’événements inquiétants, identiques à ceux décrits par sa défunte mère dans son journal…
– Within Our Gates d’Oscar Micheaux (Etats-Unis)
Alors que l’idéaliste Sylvia Landry collၥcte de l’argent pour une école destinée aux enfants pauvres de la communauté afro-américaine, son passé trouble nous est révélé dans une série de flashbacks époustouflants…
– XTRO de Harry Bromley Davenport (Royaume-Uni)
Alors qu’il s’amuse avec son fils Tony, Sam disparaît brutalement tandis que le ciel se déchire. Trois ans plus tard, une monstrueuse entité extra-terrestre attaque une femme… et Sam fait sa réapparition…
AUTRES EVENEMENTS
– une projection du film Within Our Gates d’Oscar Micheaux (mercredi 10/04, 18h30, Médiathèque de Vaise)
– une lecture de l’ouvrage Comme un million de papillons noirs par son auteur Laura Nsafou (samedi 13/04, 11h, Librairie A Titre d’Aile)
– un salon de la microédition (samedi 13/04, de 11h à 22h, Théâtre de l’Élysée)
– une Carte Blanche offerte au collectif Météorites, avec des films-surprises et des courts-métrages expérimentaux (samedi 13/04, 20h30, Théâtre de l’Élysée)
– une discussion autour de l’afroféminisme avec Mrs Roots (13/04, 17h, Théâtre de l’Élysée)
– une performance danse-musique de Yogo Higashi (samedi 13/04, 20h30, Théâtre de l’Élysée)
– une rencontre avec l’éditeur Stéphane Duval (lundi 15/04, 19h, Librairie Le Bal des Ardents)
– une exposition Soul Cinéma (du 05/04 au 23/04, Espace rencontre du cinéma Comoedia)
– une soirée spéciale consacrée au studio d’animation Bobbypills (vendredi 19/04, 19h30, Cinéma Comoedia)
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Planning des séances : ici