La Planète Des Singes – L’Intégrale

En 1963, l’écrivain français Pierre Boulle publia ce qui restera son roman le plus célèbre avec Le Pont De La Rivière Kwaï : La Planète Des Singes. La popularité de ces deux livres se mesure aujourd’hui surtout par l’immense prestige de leurs adaptations cinématographiques. Celles-ci sont à juste titre considérées comme deux des plus grands chefs-d’œuvre du septième art. Avec amertume, on doit toutefois se rendre compte que ceux-ci n’appartiennent pas au patrimoine français mais américain. Dans le cas de La Planète Des Singes, cette perte pour notre cinématographie apparaît d’autant plus stupide lorsqu’on en connaît la cause. Dans une sorte de grande tradition franchouillarde, Boulle ne considèrera pas que son roman avait une quelconque portée cinématographique. Oui, vous lisez bien. Selon son auteur, la description d’un monde où le singe gouverne et l’homme est réduit à l’état d’animal n’a aucune portée cinématographique ! Une véritable incompréhension de sa propre création qui peut largement être considérée par rapport au dédain commun de l’époque pour la science-fiction. La plupart des gens n’y voient alors que des sous-produits ou des série B minables. En soit, La Planète Des Singes aurait pu être un produit misérable en de mauvaises mains. Boulle céda ainsi en premier lieu les droits aux frères King, producteur responsable d’un décalque anglais de Godzilla nommé Gorgo. Entre leurs mains, on pouvait être assuré que le roman deviendrait un bête film de monstre fauché pour deuxième partie de soirée. Heureusement, Arthur P. Jacobs, un ancien agent artistique désireux de se reconvertir en producteur, va changer la donne. En partenariat avec la Twentieth Century Fox sous l’égide de Richard Zanuck (fils du mythique Darryl), il récupère les droits. Ainsi va naître l’une des plus fascinantes franchises de science-fiction du cinéma.

6/6 LA PLANÈTE DES SINGES
Franklin J. Schaffner – USA – 1968 – 1h52

1968 est une année charnière pour la science-fiction. A cette date sortent sur les écrans deux des plus grands classiques du genre : 2001 : L’Odyssée De L’Espace de Stanley Kubrick et donc La Planète Des Singes de Franklin J. Schaffner. Ces deux chefs-d’œuvre vont faire définitivement comprendre au public que la science-fiction ne consiste pas juste en d’insensibles gamineries. Toutefois, la conception des deux films et leurs qualités attribuables s’avèrent très différentes. 2001 est une œuvre portée par le perfectionnisme d’un Kubrick désireux d’avoir la main mise sur le moindre petit détail (c’est d’ailleurs pour cela que le génie Osamu Tezuka refusera de participer à la production). La Planète Des Singes est au contraire une œuvre collégiale dans le sens où c’est la réunion exceptionnelle de différents talents qui lui a permit de voir le jour. Sachant qu’il lui faudrait une star pour porter le projet, Arthur Jacobs sollicitera le charismatique Charlton Heston. L’interprète de Ben-Hur acceptera et proposera Schaffner à la réalisation (ils ont tourné ensemble Le Seigneur De La Guerre trois ans plus tôt). Schaffner sollicitera quant à lui son compositeur Jerry Goldsmith. Bref, rien que ce package assurait un niveau de qualité qui ne sera que rehaussé par l’apport de quelques personnalités supplémentaires.

Pour signer le script, Jacobs embauche ni plus ni moins que Rod Serling, le créateur de La Quatrième Dimension. Le sujet semble parfaitement dans ses cordes avec un concept fort, développant une mécanique diabolique et véhiculant tout un lot de réflexions. Pourtant, Serling se montrera bizarrement quelque peu intimidé par la tâche. Au bout du compte, il livrera ainsi un manuscrit très proche du roman de Boulle. Cela pose un certain problème au studio. Le principe d’une société simiesque coûte déjà très cher rien que pour le maquillage des acteurs. À cette tâche, c’est le brillant John Chambers qui s’y attelle. Remarqué pour son travail non crédité sur le jubilatoire Le Dernier De La Liste de John Huston (où il rendait méconnaissable Kirk Douglas, Robert Mitchum, Burt Lancaster et d’autres), Chambers s’est vu accordé une carte blanche pour transformer le casting en singes. Son talent allié à des moyens conséquents (plus de 20% du budget sera englouti dans les maquillages) offre un résultat exceptionnel toujours aussi impressionnant aujourd’hui. Toutefois, outre cet aspect, le script de Serling exige la construction d’une cité futuriste complexe. Si on suit cette logique, le budget des effets spéciaux va exploser et rendre le film non rentable. Etant donné que la crédibilité des singes implique la réussite du projet, il s’avère préférable d’écarter le principe d’une société futuriste. Du fait de cette décision, une grande partie du scénario de Serling est jeté à la trappe. Un seul élément est conservé et pas le plus négligeable : la fin. La conclusion du roman de Boulle était perturbante (le héros retournait sur Terre et découvrait que ses congénères étaient désormais des singes) mais peu compréhensible. Serling lui décide de tout résumer en une image qui constituera l’une des plus célèbres du cinéma. Explorant la planète sur laquelle il doit désormais habiter, le héros découvre avec stupeur la statue de la liberté rouillée et à moitié ensevelie sur une plage. Une image puissante qui nous indique la triste réalité (ce monde à l’envers est la Terre du futur) et symbolise la situation du héros (sa liberté n’est plus qu’un rêve agonissant). Boulle détestera cette vulgarisation mais on peut aisément considérer qu’il s’agit là d’un signe de fierté blessé d’avoir vu un américain s’approprier son œuvre pour en tirer quelque chose de bien plus fort.

Le reste du script a été remanié par Michael Wilson qui avait déjà officié sur l’adaptation du Pont De La Rivière Kwaï. Wilson se plie à la volonté du studio d’élaborer un monde simiesque moins évolué technologiquement mais se permet surtout de repenser de fond en comble l’intrigue. La narration s’écarte ainsi énormément du roman de Boulle et Wilson y incorpore des notions socio-politiques qui le préoccupent grandement à l’époque. On sent clairement ses apports dans une scène comme celle du procès où cette victime du maccarthysme pointe la stupidité de la logique judiciaire. Quitte à pousser le gag jusqu’au bout, Schaffner choisira d’ailleurs de montrer le jury prendre la position des singes de la sagesse (ne pas parler, ne pas voir, ne pas entendre) lorsque la voix de la raison se fera entendre. Toutefois, si beaucoup ont analysé la portée sociale évidente et passionnante de La Planète Des Singes, la force du film tient surtout à sa portée métaphysique et son illustration fascinante par Schaffner. Toute la première partie est un miracle d’installation en ce sens. Schaffner aura dû batailler ferme pour la maintenir, les exécutifs ne comprenant pas pourquoi le réalisateur a besoin d’une demi-heure d’introduction avant l’entrée en scène des singes. Il s’agit pourtant d’un aspect primordial pour la réflexion du récit : resituer l’homme par rapport à l’univers avant de le soumettre à ce monde à l’envers (Schaffner annoncera ce dernier dès la scène du crash en faisant tourner sa caméra subjectif à trois cent soixante degré). Le film s’ouvre sur un monologue nous présentant le personnage de Taylor, notre héros. Ce dernier est immédiatement résumé comme un solitaire (le reste de l’équipage est déjà cryogénisé et le temps l’a séparé de son époque) qui n’a guère d’affection pour le genre humain (« L’homme, cet être si merveilleusement doué, cet extraordinaire paradoxe qui m’a expédié dans les étoiles, est-ce qu’il fait toujours la guerre à son frère et laisse mourir de faim les fils de son voisin ? »). Pourtant, devant le vide interstellaire, il avouera se sentir troublé. « Je me sens très seul » admettra-t-il avec anxiété. Les forces de la nature l’effraient et il va être confronté à sa toute puissance.

Après s’être écrasé sur une planète qu’il croit inconnue, Taylor et ses deux compagnons vont marcher à travers des paysages désertiques en quête de vie. Schaffner prend là encore le soin de montrer la petitesse de ses personnages au sein de ces sublimes et gigantesques environnements. Lorsque la société simiesque se dévoile enfin, on considère généralement que le comportement des singes implique une critique de nos habitudes humaines. C’est le cas mais pas seulement. Car plus largement, La Planète Des Singes se pose comme une réflexion sur la notion d’espèce dominante. Comme nous aujourd’hui, les singes refusent de croire que les animaux sont intelligents et peuvent être leurs égaux. Admettre cela, ce serait admettre la part d’animalité qui est en nous et ça nous le refusons. Nous préfèrerons croire que nous sommes plus grands. Pour nous aider, nous mettons notre foi dans l’existence d’une puissance divine qui nous a faite parfait par rapport aux autres créatures et nous le remercions en suivant à la lettre les préceptes de sa religion. Si les singes reproduisent des schémas de pensée liés à l’homme contemporain, cela apparaît moins comme une critique que comme le fait inéluctable que l’espèce dominante doit de se comporter ainsi. Ce sont les puissances invariables de la nature qui sont à l’œuvre. D’ailleurs, la fin ne fait qu’affirmer cela. Durant tout le film, Goldsmith nous aura conduit avec sa stupéfiante musique où parti-pris ébouriffants (le compositeur obligeait certains musiciens à prendre leurs instruments à l’envers) et expérimentations époustouflantes (refus de la mélodie au profit de quelque chose de plus primal) débouchaient sur une écoute mémorable (on se souviendra longtemps de la chasse avec ce cor marquant la première apparition des singes à l’écran). Pourtant, point de musique n’apparaît au générique de fin. Tout ce qu’il y a, c’est le bruit incessant des vagues. Ce bruit à la répétition perpétuelle nous rappelle que certaines choses sont immuables.

Cette portée évocatrice allouée à un sens du divertissement remarquable (décors sublimes, photographie alléchante, vivacité de la mise en scène de Schaffner) fait de La Planète Des Singes un énorme succès. Bien que certains aspects aient un brin vieilli (l’esthétisme a une connotation terriblement sixties et il ne vaut mieux pas être allergique au zoom), il demeure un classique à la qualité inaliénable.

3/6 LE SECRET DE LA PLANÈTE DES SINGES
Ted Post – USA – 1970 – 1H35

Le succès de La Planète Des Singes ne pouvait laisser indifférent les ambitions pécuniaires de la Twentieth Century Fox. Par ailleurs, aussi brillante soit la fin du premier opus d’un point de vue symbolique, celle-ci est frustrante pour le public pragmatique qui voudrait bien savoir ce qui arrive à Taylor suite à la terrible révélation. C’est donc en grande pompe que le studio annonce la mise en chantier du Secret De La Planète Des Singes. Toutefois, celui-ci se heurte à un problème de taille. En effet, Charlton Heston n’est pas très chaud pour se plier à l’exercice d’une suite. Face à l’insistance d’Arthur Jacobs, Heston proposera un compromis : il accepte de jouer dans le début du film mais doit disparaître jusqu’à la dernière bobine. Voilà une exigence qui a dû causer des cheveux blancs au scénariste Paul Dehn chargé de succéder à Rod Serling et Michael Wilson. Auteur des scripts de Goldfinger et Le Crime De L’Orient-Express version Sidney Lumet, il optera pour la méthode de facilité. Après avoir fait disparaître Taylor sous un prétexte idiot (donnant lieu à quelques ignobles effets optiques), Dehn s’attèlera à livrer un simple remake du premier épisode. Nous suivons ainsi John Brent, astronaute qui comme Taylor se sera écrasé sur ce monde à l’envers (on notera que James Franciscus a du être engagé plus pour sa ressemblance avec Heston que pour ses talents de comédien). Brent sera capturé par les singes, se libèrera et découvrira la même vérité que Taylor : cet enfer est la Terre. Une réalité se dévoilant au travers d’une scène au combien moins puissante que l’original. Brent visitera ainsi le centre de New York désormais enseveli sous terre. Une séquence ambitieuse visuellement mais complètement gâchée par des trucages écœurants.

Même si la production se targue d’avoir soigné au possible ses suites et ne pas juste livrer des sous-produits, cela ne l’empêche pas d’avoir réduit pratiquement de moitié le budget. La rentabilité se cherche partout que ce soit par des moyens judicieux (la réutilisation des décors du premier film) ou simplement honteux (réemploi de prothèses en latex à usage unique pour les maquillages). Sentant que la situation ne risque pas d’être aisée, Schaffner quitte le navire. En remplacement, le studio choisit Ted Post, faiseur capable du meilleur (Magnum Force) comme du pire (Le Commando Des Tigres Noirs) mais qui a l’avantage de ne pas être contraignant. De manière prévisible, Post s’attelle de manière trop sage à la mise en image du script et ne réussit pas à tirer le film par le haut. Sa mise en scène n’est pas déshonorante mais est complètement inoffensive par un étalage des acquis du premier opus auquel toute l’agressivité de Schaffner a été retirée. Inutile de dire que la partie remake ne présente qu’un intérêt limité. Le résultat est d’autant plus ennuyeux qu’il y a un véritable rabaissement du propos. Le Secret De La Planète Des Singes n’a pas la portée métaphysique de son aîné et concentre son propos sur sa toile socio-politique. L’aspect le plus pertinent du film est d’ailleurs l’introduction du spectre de la guerre du Vietnam avec ces gorilles va-t-en guerre (« un bon humain est un humain mort ! ») qui foutront une raclée au passage à des chimpanzés organisateurs d’une manifestation pacifiste. Une manière également d’appuyer le principe de segmentation sociale de la société simiesque présenté dans le premier film (les gorilles constituent la main d’œuvre ouvrière, les chimpanzés la middle-class et les orangs-outans sont les érudits à la tête du pouvoir). Tout ceci éveille la curiosité même si on regrettera de ne pas renouer avec la profondeur du message initial.

Cela vaut toujours mieux que ce qui suivra. Après avoir donc visité les entrailles de la planète des singes, le héros découvre une nouvelle société composée d’humains mutants télépathes. Vêtus d’accoutrement que n’aurait pas renié la secte de Raël, ces personnages font tomber le film dans le kitsch le plus complet. Déjà handicapé par de sérieux problèmes d’effets spéciaux, le film devient d’un mauvais gout qui semble sans limite tant il s’accroit de minute en minute. L’étonnement face à certaines idées tient moins de leur caractère audacieux que déroutant. Difficile en effet de savoir si ces hommes vouant un culte à la bombe atomique constituent juste une bonne blague ou un sérieux devenu involontairement drôle. Celle-ci arrivera pourtant à nous conduire à une fin apocalyptique absolument stupéfiante. Bien qu’il accepta de tourner dans la suite, Heston ne veut guère qu’on le sollicite lui ou ses collègues à l’avenir. Du coup, il fait une proposition de fin à Jacobs que ce dernier acceptera. Alors que les hommes et les singes s’entretuent, Taylor qui a perdu tout espoir dans les deux espèces active la bombe et fait exploser la Terre ! Une conclusion ultrapessimiste qui repousse la noirceur de l’original à un point inimaginable. Pourtant, cette fin nihiliste ne mettra pas un terme aux idées du studio.

4/6 LES ÉVADÉS DE LA PLANÈTE DES SINGES
Don Taylor – USA – 1971 – 1H38

La Twentieth Century Fox a trouvé la poule aux œufs d’or et ne va pas la laisser mourir sur le seul caprice d’une star. Si les critiques ne sont guère tendres avec ce second opus, l’opération reste fort rentable commercialement. Ni une, ni deux : un nouvel épisode est commandé. Paul Dehn rempile au scénario mais se heurte à un casse-tête encore plus rocambolesque que précédemment. Taylor, Brent, le professeur Zaius et toute la population terrestre sont morts. Difficile de voir comment la franchise peut repartir dans ces conditions. Dehn trouve une porte de sortie avec l’excuse du voyage temporel. Celui-ci impliquera Zira et Cornelius, deux chimpanzés qui aidèrent nos héros dans leur quête de vérité. Alors que se déroule l’intrigue sous-terraine du second épisode, ces deux personnages retrouvèrent le vaisseau spatial de Taylor qui avait sombré au fond d’un lac au début de la série. Ils le réparent et se lancent dans un vol d’essai juste au moment où la Terre est détruite par la bombe nucléaire. L’explosion crée alors un trou noir qui les projette dans l’Amérique des seventies. Ne nous voilons pas la face, ce pitch repousse toutes les limites de la vraisemblance que ce soit au niveau scientifique (n’importe quel prétexte est bon pour rentrer dans la quatrième dimension) que dans la cohérence filmique (vu leurs agissements dans le second épisode, on doute que Zira et Cornelius aient pu préparer longtemps à l’avance leur « évasion »). Bien sûr, on peut voir clairement ce qui a séduit le studio dans un tel pitch. Désireux de rogner encore un peu plus le budget, ce script offre quelques atouts économiques. Le contexte contemporain évite d’investir dans de couteux décors et il n’y a désormais plus que trois singes à maquiller contre les dizaines précédemment requis. Cela permettra au maquilleur John Chambers de souffler un peu, lui qui tentera difficilement de maintenir la qualité des maquillages sur le second opus grâce à l’expérience acquise initialement (cela n’empêchera pas quelques abominations d’apparaître à l’écran).

Cela dit, au-delà d’un argument misérable, Les Evadés De La Planète Des Singes amorce un surprenant et agréable retour à la source. En effet, le script de Dehn reprend plusieurs aspects du roman de Pierre Boulle qui avaient été délaissés dans le film initial suite aux réécritures de Michael Wilson. Ainsi, dans le livre, le héros avait réussi à prouver son intelligence et se voyait accepté par la société simiesque. C’est ce schéma narratif qui est ici adopté… mais à l’envers. Ainsi, ce sont les singes échoués sur la Terre d’aujourd’hui qui sont accueillit au sein de la société humaine. En soit, ce renversement de valeurs aurait tendance à rabaisser encore un peu la portée du message. Jusqu’à présent, les singes servaient à stigmatiser certaines attitudes humaines. Maintenant, il n’y a plus le paravent de la métaphore imaginative pour transporter les idées. Lorsque l’on veut pointer du doigt des comportements humains néfastes, on montre juste des hommes prenant de mauvaises décisions. Cela nous pousse bien sûr à affirmer toute notre sympathie envers les singes. En même temps, difficile de ne pas s’attacher à Cornelius et Zira dont les nombreuses prises de bec ne manquent pas de piquant. L’interprétation de Kim Hunter et Roddy McDowall n’est pas non plus indifférente à cette appréciation. En soit, le film se veut globalement d’une certaine légèreté pendant sa grande majorité. L’intégration des singes à la société contemporaine nous réserve quelques moments cocasses (Zira à la tête d’un groupuscule féministe), le réalisateur Don Taylor (Nimitz, retour vers l’enfer) livre une mise en scène rythmée et Jerry Goldsmith (de retour après avoir cédé sa place au peu inspiré Leonard Rosenman sur le second opus) se lâche dans un score funky.

Néanmoins, la noirceur refait surface au fur et à mesure. On peut déjà sentir un malaise en filigrane dans la manière dont une société tente de formater à son image les éléments étrangers qui s’y aventurent. Une façon de faire qui conduira au rejet des membres récalcitrants par peur de la différence. Une peur ici dictée par l’avenir que symbolise pour l’homme ces deux personnages. Gardant secret le fonctionnement de leur société et l’issue du conflit entre les espèces, Cornelius et Zira se font démasquer. Le gouvernement découvre donc que les singes domineront l’homme dans le futur et que la Terre sera détruite par leurs fautes. Afin de prévenir la catastrophe, il décide d’éliminer Cornelius et Zira dont la grossesse risque d’engendrer la nouvelle espèce dominante. En phase avec son contexte de guerre froide, l’histoire pose ainsi la question du sacrifice de quelques personnes au profit du plus grand nombre. Les forces de la nature à l’œuvre dans le premier film refont également leur apparition avec ce futur à la boucle temporelle inéluctable que les hommes tentent de rompre tant bien que mal. La thématique revient donc mais le film ne semble pas prêt à l’assumer pleinement (le contexte contemporain limite Don Taylor dans les possibilités d’illustration… qu’il n’était de toute façon peut-être pas apte à explorer). La fin mélancolique exploite toutefois joliment le trouble face à cette perte de repères. Malgré la bonne humeur du récit jusqu’alors, le dernier acte renoue avec l’habituelle ambiance dépressive de la franchise. Les charmants Cornelius et Zira meurent (non sans avoir emmené avec eux le salaud de l’histoire)… mais leur progéniture a survécu. La dernière image du film est ainsi étrange avec ce bébé chimpanzé s’exclamant maman. Se mêle à la fois l’espoir de voir que nos deux héros ne sont pas morts pour rien et la détresse de se rendre compte que la planète des singes pourra bien voir le jour par cette nouvelle génération.

Malgré sa forme de divertissement léger et inoffensif, Les Evadés De La Planète Des Singes démontre une mécanique simple mais efficace qui a réussi à brouiller notre perception. Notre affection se porte-t-elle ainsi envers notre part primitive ou civilisée ? Après le spectacle consécutif de ces trois films, on ne sait plus à quel saint se vouer et ces tourments ne vont pas être guéris par l’épisode suivant.

4/6 LA CONQUÊTE DE LA PLANÈTE DES SINGES
Jack Lee Thompson – USA – 1972 – 1H28

Si la valse des réalisateurs continue avec désormais l’inquiétant Jack Lee Thompson (adepte des grands écarts qualitatifs allant de Les Nerfs A Vif à Le Justicier Braque Les Dealers) aux commandes, Paul Dehn a lui conservé sa place de scénariste. Le moins que l’on puisse dire, c’est qu’il se sent pousser des ailes et qu’il se lâche dans la proposition de spectacle pour ce quatrième épisode. Il faut dire que les contraintes d’écriture sont ici bien moindres que sur les deux derniers épisodes. Avec La Conquête De La Planète Des Singes, Dehn n’a pas a composé avec les caprices de star du Secret De La Planète Des Singes ou la réinvention d’une histoire laissée dans l’impasse comme dans Les Evadés De La Planète Des Singes. Ce dernier film laissait clairement la porte ouverte à une suite et Dehn semblait parfaitement savoir comment il allait l’orienter. Elevé par un directeur de cirque, César, le fils de Zira et Cornelius, arpente la société humaine et découvre comment l’homme maltraite ses congénères. Car bien des choses ont changé après le dernier épisode. Les singes sont devenus la main d’œuvre de la société humaine et doivent exécuter leurs basses besognes. Bien qu’élevé par une figure paternelle humaine et bienveillante (qui lui sera malheureusement enlevé), César va rapidement se rebeller face à l’exploitation de son peuple. Du fait de son intelligence surdéveloppée, il entraîne ses congénères dans un mouvement de révolte que le gouvernement n’arrivera pas à canaliser. Bon en même temps, il l’a bien cherché. Dans le dernier épisode, il lui a été clairement exposé que le monde risquait à l’avenir d’être dominé par les singes. Le fait qu’il décide de les utiliser comme esclaves alors qu’il est en possession d’une telle connaissance apparaît quelque peu invraisemblable. En même temps, un tel choix peut symboliser une société qui se moque de la dangerosité de ses solutions tant qu’elles permettent de remplir leur office dans l’immédiat.

La Conquête De La Planète Des Singes se caractérise en ce sens par son absence de finesse. Comprenant qu’il n’arrivera jamais à réatteindre la profondeur thématique du premier opus, Dehn abandonne définitivement un système de valeurs avec multiples niveaux de lectures. Ici, tout est brut avec une ambition qui consiste plus à interpeller en choquant qu’à faire réfléchir. Inutile donc de chercher une grande portée métaphysique à ce projet. Les seuls éléments qui pourraient toucher à l’esprit humain (l’homme soumettant le singe afin de tourner le dos à sa propre animalité) sont exprimés clairement dans le dialogue. Il en va de même pour le contexte social, l’exploitation et la révolte des singes renvoyant à la situation des noirs de l’époque. Le réalisateur Jack Lee Thompson ne se cachera pas d’avoir eu en tête les images des émeutes de Watts lorsqu’il mit en scène son climax. Faiseur doué lorsqu’il le veut bien, Thompson s’épanouit parfaitement dans cette orientation. Privilégiant les effets immersifs de la caméra à l’épaule à la solide stabilité du précédent opus, Thompson ne ménage pas son spectateur. Il dépeint avec hargne son univers violent où l’homme finira par tomber de son piédestal. Thompson se lâchera même un peu trop. Le comité de censure sera particulièrement choqué par la violence du produit et exigera un nombre sévère de coupes pour adoucir l’ensemble. Pas forcément très à l’aise avec la teneur du projet, le studio profitera de l’occasion pour adoucir la fin. Alors que César victorieux exclamait à la foule la naissance de la planète des singes et la fin de l’ère des hommes, un remontage et un nouveau doublage viendront complètement changer la donne. César scandera désormais la paix entre les espèces, le singe devant se montrer un meilleur maître que ne l’était l’homme. Alors que la fin rejoignait de loin le thème du premier opus sur la supériorité barbare de l’espèce dominante, cette fin ruine gentiment le propos par son politiquement correct déplacé.

En l’état, cela ne change pas l’impression générale sur un film agressif et rentre-dedans. Malgré des restrictions budgétaires toujours plus importantes ruinant tout le cachet de l’esthétisme (la cité futuriste prend place dans un complexe immobilier fraîchement construit) et des effets spéciaux (la réapparition des scènes de foules conduit à des maquillages atteignant l’horrible), La Conquête De La Planète Des Singes frappe fort et c’est salutaire. Par contre, le public est lui décontenancé de voir la tournure qu’a pris ce qu’il considérait comme un spectacle familial. Cela obligera le studio à être un peu plus regardant sur sa stratégie pour le prochain épisode.

2/6 LA BATAILLE DE LA PLANÈTE DES SINGES
Jack Lee Thompson –USA – 1973 – 1H36

Il s’avère que la Twentieth Century Fox a bien du mal à maîtriser et surtout à comprendre le phénomène de La Planète Des Singes. S’ensuit donc une politique du « battons le fer tant qu’il est chaud » qui entraîne la franchise dans tous les sens. Les produits dérivés pullulent sur les rayonnages, la franchise envahit le petit écran avec deux séries télé (une live et une animée) et la production s’est fixée un rythme de sortie annuelle en salle. Tout ceci concourt à manquer véritablement de recul sur ce qui est conçu. Cela conduit à la problématique de La Conquête De La Planète Des Singes. En dépit d’histoires tournant autour de questions socio-politiques et de conclusions qui n’ont rien d’happy end, la franchise semble apparemment surtout fédérer le jeune public. Ce dernier semble se délecter de ces films montrant des singes parlants et aime se laisser envahir par tout le merchandising. Sur l’opulent Blu-ray de La Planète Des Singes, on trouve d’ailleurs un documentaire sur ces personnes qui, enfants, ont voué un culte à la franchise. On sera stupéfait par le fait qu’ils se montrent moins préoccupés à décortiquer les films et leurs thèmes que d’exhiber leurs collections de souvenirs. Un documentaire assez atterrant et qui explique sans peine la naissance de La Bataille De La Planète Des Singes.

Contrairement aux précédents épisodes, ça n’est plus le réalisateur qui troque sa place (Jack Lee Thompson sera le seul cinéaste à avoir rempilé sur la franchise) mais le scénariste. En effet, Paul Dehn a dû être frustré de voir ses plans tomber à l’eau avec la volonté du studio de remanier le ton de cet épisode. Pour Dehn, ce cinquième opus devait être dans la parfaite continuité de La Conquête De La Planète Des Singes. Autrement dit, une œuvre noire et brutale. Un choix logique par rapport à un titre qui nous fait attendre le moment crucial où l’homme sera définitivement dominé par le singe. Dehn écrit un script dans cette optique mettant en avant un César ivre de pouvoir et un enjeu de taille renvoyant au Secret De La Planète Des Singes (la possession de l’arme nucléaire). Malheureusement, le triste accueil de La Conquête De La Planète Des Singes réduira à néant ses ambitions. Au contraire, La Bataille De La Planète Des Singes sera l’épisode le plus infantile de toute la série. S’ouvrant à la manière d’un conte (avec le génial John Huston en narrateur), le film tisse un propos incroyablement didactique permettant d’être parfaitement appréhendé par les plus jeunes. À la place du tyran qu’il devait être initialement, César devient donc un être très posé qui contemple et juge sagement la société qu’il a créé. Selon son souhait, l’homme et le singe doivent vivre en harmonie. Cela n’est bien sûr pas simple puisque l’animal ne veut pas donner trop de pouvoir à ses anciens bourreaux. Les interactions entre les espèces sont simples et tentent plus d’inculquer des vertus morales à la jeunesse qu’à questionner notre société. Le propos est donc rabaissé plus bas que terre, ce que tendent à confirmer certains personnages (l’armurier qui ne délivre son attirail qu’à ceux répondant à ses énigmes) et évènements (la bataille est déclenchée parce que le chef des hommes s’ennuie dans sa grotte !). Si on le prend pour ce qu’il est, un divertissement con-con pour les mioches, cette Bataille De La Planète Des Singes reste un gentil spectacle regardable.

Il faudra pourtant reconnaître que les perpétuelles coupes budgétaires semblent ici atteindre un point de non-retour. Les effets spéciaux et les maquillages sont désormais d’une certaine médiocrité, les décors sont d’un vide inesthétique digne d’un téléfilm et le malléable Thompson se contente d’une mise en scène passe-partout loin de la hargne de sa précédente réalisation. Si le succès sera toujours présent en salles et que la fin appelle des films supplémentaires (la bataille du titre n’a aucunement solutionné le conflit), le studio comprend qu’il vaut peut-être mieux arrêter les frais. Le décès brutal du garant de la franchise Arthur Jacobs n’est probablement pas indifférent à cette décision. La résolution est sage et laisse le temps au studio de réfléchir à une nouvelle voie. Et celle-ci mettra du temps avant d’être trouvée.

1/6 LA PLANÈTE DES SINGES
Tim Burton – USA – 2001 – 1H59

A l’instar du reboot de Superman, le projet du remake de La Planète Des Singes aura connu une mise en chantier chaotique durant toutes les années 90, avant de pouvoir se concrétiser au début des années 2000. C’est bien simple, tous les réalisateurs les plus prestigieux de la décennie y sont passés à un moment ou à un autre : James Cameron, Sam Raimi, Chris Columbus, Oliver Stone, Roland Emmerich, Michael Bay, Peter Jackson… tous ont essayé et aucun n’a pu mener à bout le projet. En soit, le fait de confier la réalisation à Tim Burton apparaissait comme l’issue de secours évidente pour le studio. A ses débuts, le réalisateur avait sorti Batman de son development hell. On peut soupçonner qu’il fera de même ici et ça sera effectivement bien le cas. Burton réalisera le film et la sortie en salles sera couronnée par une pluie de millions de dollars. Tout est bien qui finit bien. Enfin pas vraiment puisque tout le monde s’accordera sur la qualité toute relative de ce remake. Si Burton devait théoriquement sortir l’entreprise de l’impasse, le studio semble avoir d’autre projets pour lui.

Dans son commentaire audio, Burton évoque les choix qu’il a fait (le crash du héros en forme de renaissance, le fait de prendre un psychotique chimpanzé en méchant plutôt que l’habituel gorille) et ses influences (les tableaux de Coolidge montrant des chiens jouer au poker pour la scène du repas). Or ce qui est stupéfiant lorsque l’on voit le film, c’est le manque de patte de son auteur. La Planète Des Singes s’apparente à l’archétype de la grosse production couteuse mais impersonnelle. Le fait est établi que sur ce genre de projet, chacun des techniciens ne désire qu’une chose : offrir le meilleur travail possible. Les décorateurs veulent faire les plus magnifiques constructions qui soient, les costumiers les plus beaux habits, le directeur de la photographie les plus splendides éclairages, les maquilleurs les plus beaux effets… Un esprit collégial qui, comme nous l’évoquions plus haut, était à la base de la réussite du film de Franklin J. Schaffner. Le remake de Tim Burton s’apparente toutefois au revers de la médaille d’une telle politique. On retrouve certes cette certification de qualité professionnelle. La Planète Des Singes exhibe la compétence assurée de tous ses services. Le plus impressionnant en ce sens reste bien sûr les maquillages de Rick Barker, repoussant le degré de réalisme de ses singes. Mais au-delà de l’exposition de ses qualités à l’œil, il faut un chef d’orchestre pour que la somme de ces composants devienne une multiplication d’émotions. Le réalisateur doit relier ces différents moyens autour de sa vision pour qu’on dépasse le stade de la belle exécution. C’est là que La Planète Des Singes version Burton se ramasse lamentablement.

Passons sur le fait communément admis que Burton est incapable de filmer des scènes d’action palpitantes (les images de tournage de la bataille finale sont plus impressionnantes que le rendu dans le film !), c’est le moindre des défauts. Le plus ennuyeux face à cette Planète Des Singes est son manque de personnalité. L’apport esthétique de Burton semble minime (des casques en forme de spirale, un arbre tordu dans le coin de l’image) et certains choix qu’ils revendiquent dans son commentaire audio s’apparentent plus à des décisions prises par le studio lors de la longue gestation du projet. Ainsi, le dessinateur Mark « Crash » McCreery s’affirmera étonné que plusieurs des idées qu’il a développé en travaillant avec Columbus (la société simiesque moyenâgeuse et les armures japonisantes en tête) se retrouveront dans le film de Burton. Chacune des justifications de choix par le cinéaste semblent cacher de plus douloureuses vérités. Par exemple, l’une des grandes modifications apportées à la franchise provient du choix de l’évolution des espèces. En effet, le remake prend place dans un univers en amont de l’original. Les singes ont encore un comportement animal et les humains parlent normalement. Burton explique que cet aspect lui permettait de s’éloigner de la stricte copie de l’original (il désirera même un temps rebaptiser le film Le Visiteur). Toutefois, cela s’apparente surtout à un moyen pour le studio de se conformer dans un certain politiquement correct. C’est qu’il ne s’agirait pas de trop perturber l’audience en montrant des humains se comportant comme des bêtes alors que les singes se montre fort civilisés. Il s’agit d’offrir des points d’identification précis et confortables au spectateur, ce que tend à démontrer le groupe d’humains entourant le héros : une Barbie à gros lolos, un gamin ne servant qu’à foutre la merde, un black satisfaisant les quotas et un papy juste là pour se faire buter (Kris Kristofferson avait probablement des impôts à payer). D’autant plus gênant que ce remodelage amenuise le propos, le réduisant à une simple lutte contre l’esclavage mais sans le jusqu’auboutisme de La Conquête De La Planète Des Singes.

Cela dit, il reste parfois que l’intérêt perce au gré d’une intrigue lourde à suivre et avare en péripéties. Le propos sur l’esclavage peut se montrer fort alléchant par instants (la scène du repas constitue le meilleur passage du film) et on ne manquera pas de savourer l’ironie de la fin par rapport à celui-ci. On retrouvera même quelques réflexions sur la frontière entre l’animal et l’homme au travers du personnage du général Thade formidablement interprété par Tim Roth. Son plus grand moment sera d’ailleurs sa fin. Hurlant et s’agitant comme un fou furieux pendant tout le film, Thade vole une arme à feu au héros durant le climax. Manipulant celui-ci avec curiosité, il finira par en comprendre le fonctionnement. Pointant l’arme vers le héros, il adoptera alors une position typiquement humaine. Le héros profitera de l’occasion pour refermer son piège et prisonnier Thade dans une salle au sein de laquelle l’arme ne lui sera d’aucune utilité. Thade a ainsi appréhendé la technologie jusqu’à évoluer et cela l’a conduit à un état d’enfermement où il n’est plus qu’une bête apeurée et pathétique. Cette séquence est passionnante mais constitue un des trop rares passages où le film s’envole. Le script privilégie ainsi une méthode de construction/déconstruction du mythe assez passionnante dans le principe mais dont le bagage science-fictionnel le rend plus proche de l’univers d’un James Cameron que d’un Tim Burton visiblement dépassé. En interview, il déclarera que ce qu’il l’effrayait le plus dans l’original, ça n’était pas les singes mais Charlton Heston. Il y avait probablement dans cette confession une voie plus alléchante à explorer. D’ailleurs, Burton ne confiera-t-il pas aux meilleurs acteurs de son casting les rôles des singes ?

Au bout du compte, cette Planète Des Singes s’avérait fort mal taillée et ne pas tirer partie de ses opulentes ambitions. Voilà qui clôturait de piètre manière une franchise certes fait de haut et de bas. En tout cas pour un temps, puisque voilà qu’arrive La Planètes Des Singes : Les Origines (on préfèrera le titre original Rise Of The Planet Of The Apes) qui s’affirme comme une sorte de remake/reboot de La Conquête De La Planète Des Singes. La bande-annonce laisse pourtant fort septique, que ce soit par rapport au visuel (du gris métallisé comme on en voit trop dernièrement) ou au fond (espérons qu’on évitera le pamphlet religieux antiscience). En l’état, la presse se montre enthousiaste. Peut-on donc espérer une résurrection en bonne et due forme de la franchise ? On croise les doigts.

2 Comments

  • edit : SPOIL

    J’ai toujours beaucoup de tendresse pour la première Planète des Singes, la dernière scène, devant la Statue de la Liberté, reste toujours dans mes souvenirs d’enfant.

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