REALISATION : Michael J. Bassett
PRODUCTION : Konami, Davis-Films…
AVEC : Adelaide Clemens, Sean Bean, Kit Harington, Carrie-Anne Moss, Radha Mitchell, Malcolm McDowell…
SCENARIO : Michael J. Bassett
PHOTOGRAPHIE : Maxime Alexandre
MONTAGE : Michele Conroy
BANDE ORIGINALE : Akira Yamaoka
ORIGINE : Etats-Unis
GENRE : Horreur, Adaptation
DATE DE SORTIE : 28 novembre 2012
DUREE : 1h34
BANDE-ANNONCE
Synopsis : Depuis son plus jeune âge, Heather Mason a l’habitude de changer d’adresse très souvent avec son père. Sans vraiment savoir pourquoi, elle fuit. Pourtant, cette fois, elle est piégée. Pour sauver celui qui avait toujours réussi à la protéger et découvrir qui elle est vraiment, Heather va devoir affronter un cauchemar qui devient de plus en plus réel…Silent Hill.
Ironique il est de voir Michael J. Bassett aux commandes de la suite de Silent Hill. Au-delà de la présence du producteur Samuel Hadida, son précédent film, Solomon Kane, est lié lointainement à Silent Hill. En effet, l’adaptation des aventures du héros créé par Robert E. Howard était initialement dans les mains de Christophe Gans. Ce dernier ayant la fâcheuse manie de cumuler les projets sans les concrétiser, il abandonnera Solomon Kane lorsque se présentera l’opportunité de porter à l’écran le jeu vidéo de Keiichiro Toyama. En se concentrant sur Silent Hill, Gans laisse la place à Bassett d’abord en tant que scénariste, puis en tant que réalisateur. Après les productions modestes qu’étaient La Tranchée et Wilderness, c’est un rêve pour Bassett de se retrouver à la tête d’un projet d’heroic fantasy sur un personnage qu’il affectionne depuis son adolescence. Malheureusement, le rêve vire au cauchemar. Malgré la passion qu’il met dans l’entreprise, le résultat est peu concluant et boudé par le public. Si Bassett et Hadida planchaient déjà sur une franchise (le deuxième opus se serait situé en Afrique du Sud et le troisième aux Etats-Unis), l’idée est abandonnée face à cette piètre performance au box-office.
Du coup, l’octroi de la réalisation de Silent Hill : Révélation s’apparente à un lot de consolation de la part d’un Hadida gêné. En soit, c’est également le moyen de remettre en marche une série en veille depuis plusieurs années. Sans être un succès monstre, le film de Christophe Gans fut une bonne affaire et une suite était tout à fait envisageable. Le scénariste Roger Avary commencera même à plancher sur un traitement. Mais suite à de tragiques circonstances extraprofessionnelles (il sera condamné pour homicide involontaire suite à un accident en état d’ivresse), Avary abandonnera l’affaire. Le projet fut mis au vert jusqu’à l’arrivée de Bassett. Disons clairement que dans ses mains, cette suite tardive ne semblait pas de bon augure. A l’image d’un Paul W.S. Anderson, Bassett a démontré qu’il était de toute évidence un mec sympa, très passionné et investi dans ce qu’il accomplit, avec une absolue volonté de bien faire… sauf qu’il fait preuve d’une incroyable incompétence dans tout ce qu’il entreprend.
Pour rajouter aux craintes, il existe un moyen à disposition pour prendre la température de cette suite. En effet, la première réalisation de Bassett, La Tranchée, proposait une atmosphère proche de celle de Silent Hill. Le film contait l’histoire d’un bataillon de la première guerre mondiale trouvant refuge dans une tranchée ennemie déserte. L’endroit devenait alors une sorte de purgatoire où différentes visions horrifiques obligeaient les personnages à se confronter à leurs démons intérieurs. Excitant sur le papier, le résultat l’était moins à l’écran à cause d’une narration lénifiante et incohérente. Bien sûr, de l’eau a coulé sous les ponts depuis ce premier essai. Si on ne l’accueille pas forcément avec joie, il pouvait nous montrer le fruit de sa maturité acquise avec le temps. En un sens, c’est ce qu’il fait et c’est son principal défaut.
Soucieux d’éviter les dérives nonsensiques de La Tranchée, il met en œuvres des efforts considérables pour ne pas ruiner la cohérence avec le premier film. Or, cela va jusqu’à vampiriser une grande partie de l’histoire. Là se pose le problème des changements sur les postes de réalisateur et scénariste. Ayant eux-mêmes posés les bases de l’univers cinématographique, Gans et Avary devaient certainement savoir comment les faire évoluer pour la suite. Bassett, lui, se retrouve confronté à la difficulté de créer sa propre histoire tout en assurant qu’elle soit raccord avec le premier film. Du coup, Silent Hill : Révélation fait la part belle aux longs tunnels de dialogues décrivant le pourquoi du comment pour assurer la jonction entre les deux films. Au-delà d’explications plus ou moins alambiquées, le résultat est surtout laborieux puisque plus soucieux de sa propre logistique que de l’expérience qu’il peut apporter aux spectateurs.
Du coup, pour dynamiter la chose et éviter l’ennui d’apparaître, Bassett n’hésite pas ponctuellement à faire dans le bourrinage pur et simple. Il a été globalement reproché au premier film son manque de jump scares. Gans privilégia une horreur raffinée jouant sur une ambiance malsaine et inquiétante. Le principal intéressé reconnaît lui-même qu’il aurait bien du lâcher quelques effets chocs ici et là. Ça n’est toutefois pas une excuse pour que cette suite fasse dans le déballage exhaustif. Malgré un budget coupé par deux, Bassett envoie son lot de créatures malfaisantes contre les personnages. Il a juste omis de leurs trouver des utilités narratives. A un rythme métronomique, ces scènes de frousses apparaissent pour contrebalancer la lourdeur des dialogues sans rien apporter (ou si peu) à la progression de l’histoire. L’exemple le plus frappant reste le monstre aux mannequins. La séquence le concernant ne sert juste à rien. Elle n’approfondit pas l’univers, elle ne donne pas d’information sur l’intrigue et ne se justifie en aucune manière (tout juste laisse-t-elle annoncer les clins d’œil de la fin). Pour autant, la scène en elle-même est plutôt agréable. La créature est impressionnante, le déroulement de la scène est simple mais exécuté avec une certaine efficacité. En l’état, c’est un peu la seule chose qui sauve le film. Bien que sa mécanique soit aussi rouillée que son univers infernal, le film se laisse suivre tranquillement. Les scènes d’horreur ne nous amènent nul part (pauvre Malcolm McDowell) mais ont chacune un petit quelque chose qui leur donne un semblant de charme. On résumerait bien la chose en deux mots : production design. Bassett et son équipe ont le bon goût de réemployer les acquis du film de Gans. Que ce soit les choix sur les effets spéciaux ou l’esthétisme des décors, il y a un nombre considérable de choses qui flattent consciencieusement la rétine et donne une saveur suffisamment différente d’un produit lambda pour s’apprécier.
En soit, ce constat n’est déjà pas si mal au vu des casseroles que se trimballe le film. Certes, Bassett se montre incapable d’offrir de véritables soubresauts émotionnels (la confrontation du manège est un échec faute d’une mise en images pertinente) mais il assure un petit train fantôme perfectible mais amusant.