REALISATION : Tatsuya Nagamine
PRODUCTION : Toei Animation
AVEC : Mayumi Tanaka, Kazuya Nakai, Kappei Yamaguchi, Hiroaki Hirata, Akemi Okamura, Yuriko Yamaguchi…
SCENARIO : Osamu Suzuki
PHOTOGRAPHIE : Takeo Ogiwara
MONTAGE : Nobutaka Maki
BANDE ORIGINALE : Kôhei Tanaka, Shiro Hamaguchi
TITRE ORIGINAL : Wan Pisu Firumu: Zetto
ORIGINE : Japon
GENRE : Anime, Animation, Comédie, Combat, Piraterie
DATE DE SORTIE : 15 mai 2013
DUREE : 1h47
BANDE-ANNONCE
Synopsis : Z, un ancien amiral de la Marine, débarque avec son équipage sur une île du Nouveau Monde. Le but de leur voyage : dérober un minerai renfermant une énergie phénoménale capable de rivaliser avec la puissance des armes antiques. Mais Z et ses acolytes ont un autre objectif : l’extermination totale des pirates de toutes les mers du monde. Alors qu’il navigue dans les eaux du Nouveau Monde, l’équipage au chapeau de paille va croiser la route du terrible Z. Mais ce n’est pas le seul danger que vont devoir affronter Luffy et ses compagnons : leur vieil ennemi Aokiji et la Marine sont également sur leurs traces. Le sort du Nouveau Monde est désormais entre leurs mains et une bataille d’une ampleur sans précédent est sur le point d’éclater !
C’était l’une des problématiques soulevées lors de notre retour sur Le baron Omatsuri et l’île aux secrets, réalisé par Mamoru Hosoda. En tant que produit dérivé, qui plus est du fait de son temps de production nécessitant de cohabiter avec l’avancée plus rapide de la série, il est peu aisé pour un long-métrage tiré d’une franchise animée de se défaire des codes de l’univers qu’il investit. On entend par là qu’il s’agit avant tout de rendre cohérent la déclinaison d’une mythologie sur différents supports (manga, film…). Sous couvert d’un souci de continuité, difficile notamment d’imaginer la mort de l’un des principaux personnages, pas plus que la maltraitance des thématiques qui leurs sont attachées. C’est en tout cas le mythe ouvertement fallacieux que les films One Piece (et évidemment bien d’autres, mais là n’est pas le sujet) s’évertuent à entretenir les uns après les autres. Ceux-ci pourraient user de leur caractère autonome sans jouer avec l’intégrité de leur matériau originel. Une sorte d’alternative narrative que les films Dragon ball ont entre autres incarné en dépit de l’absence totale de prises de risques liées à ce parti-pris.
En l’état ici, une succession de récits à la structure identique et pour le moins lassants quoiqu’il faille bien l’admettre, la saga cinématographique One Piece se révèle tout à fait agréable à suivre. Et c’était déjà tout le paradoxe qui habitait Strong world, son dixième film mais premier à être distribué dans les salles françaises. Rebelote avec ce One piece Z aussi impersonnel que plaisant.
Difficile d’évaluer pleinement l’apport d’Eiichiro Oda à la production de Strong world et One piece Z. Garant pour certains de leur prétendue qualité, l’auteur du manga n’aura quoiqu’il en soit pas effectué les choix les plus favorables à une nouvelle orientation des longs-métrages. C’est d’autant plus vrai dans le cas du dernier cité que celui-ci tente de se réapproprier certains motifs aperçus dans les précédents, à l’image de cette bataille que la bande à Luffy mènera parée des équipements autrefois portés par les victimes de Z. Une volonté de lui asséner quelques coups à la symbolique bien sentie et qui rappelle en cela les flèches envoyées par le baron Omatasuri dans le film de Hosoda. L’occasion pour One piece Z d’appuyer ses thématiques par l’image mais dont son Tatsuya Nagamine de réalisateur parvient mal à s’accommoder. Car en plus d’être sous-exploitée, cette tentative se révèle être l’une des rares belles idées d’un film qui en manque cruellement et qui ne parvient pas à valoriser celles qu’il met en œuvre. Le rajeunissement de Nami et compagnie n’a par exemple qu’un impact tout relatif sur le récit (obtenir une information que d’autres obtiendront en même temps) en dehors des quelques gags sympathiques – mais évidents – qu’il suscite. En résulte ni plus ni moins qu’une nouvelle production estampillée One piece et typique de ce que l’on pouvait en attendre. De la connaissance de Z à son inévitable défaite, en passant par la sempiternelle séquence explicative de l’évolution de sa personnalité et les classiques confrontations de point de vue sur les notions de liberté, d’ambition et de justice, One piece Z ne captive au final réellement jamais au-delà de quelques passages-clés et du charme indéniable qu’il possède.
Un charme qui, comme toujours dans ce genre de cas de figure, dépendra essentiellement de la capacité de chacun à adhérer pour la énième fois à des codes qui ne varient pas d’un iota. Pas l’ombre d’un changement en ce qui concerne des personnages réagissant toujours de la même façon face aux mêmes conflits (mais que les passionnés apprécieront encore et toujours), encore moins d’inventivité en ce qui concerne une animation standardisée à l’allure télévisuelle incessante… À la mise en scène purement fonctionnelle de Nagamine ne répondent d’ailleurs que quelques instants un tantinet euphorisants, telle cette séquence introductive menée tambour battant ou encore… le générique d’ouverture. Bref, One piece Z est aux antipodes d’un Baron Omatsuri et ne fait que bénéficier de l’aura de son univers si attachant à qui il se contente respectueusement d’offrir une nouvelle aventure. C’est là toute l’évidente problématique d’un film à la déférence si prégnante envers son matériau qu’il satisfait les attentes primaires de ses habitués (l’humour fonctionne une nouvelle fois sans sourciller) tout en annihilant systématiquement toute envergure nécessaire pour les transcender. Reste qu’avec ses six millions de spectateurs nippons, One piece Z ne se fera pas déclencheur d’une transgression tant attendue. A charge d’un potentiel successeur de Mamoru Hosoda de se manifester.