REALISATION : Chris Miller
PRODUCTION : DreamWorks Animation, Paramount pictures…
AVEC : Antonio Banderas, Salma Hayek, Zach Galifianakis, Billy Bob Thornton, Amy Sedaris…
SCENARIO : Tom Wheeler
DIRECTEUR DE L’ANIMATION : Fabio Lignini
MONTAGE : Eric Dapkewicz
BANDE ORIGINALE : Henry Jackman
TITRE ORIGINAL : Puss in Boots
ORIGINE : Etats-Unis
GENRE : Animation, Aventure, Spin-off
DATE DE SORTIE : 30 novembre 2011
DUREE : 1h30
BANDE-ANNONCE
Synopsis : C’était bien avant que notre mythique Chat Potté ne croise la route de Shrek… Le légendaire félin, et non moins redoutable amant, s’était alors embarqué dans un périple riche en rebondissements, avec la ravissante et rusée Kitty Pattes de Velours et Humpty Alexandre Dumpty, véritable « cerveau » de l’opération. Leur objectif : s’emparer de la fameuse Oie aux Œufs d’Or pour sauver la ville où le Chat Potté a grandi. Voici l’histoire véridique du Chat, du Mythe, de la Légende et… des Bottes !
Il était initialement prévu pour une sortie directe en DVD, il ne l’aurait surement pas volé. Près de dix ans après l’annonce initiale du projet, le très populaire chat potté voit donc le film qui lui est dédié être exploité en salles, en 3D, et prend la relève de la saga Shrek qui l’a fait connaître. Et depuis l’annonce par Jeffrey Katzenberg d’exploiter à fond les univers du catalogue Dreamworks au gré de suites en tous genres (une trilogie est annoncée pour Dragons, six épisodes pour Kung-Fu Panda…), il n’y a guère qu’un cataclysme au box-office qui pourrait nous éviter une ou plusieurs sequels du Chat potté qui nous intéresse dans l’immédiat. Non pas que celui-ci soit à situer dans le fond du panier Dreamworks (Nos voisins les hommes, Megamind…) : il se place ni plus ni moins dans la moyenne des œuvres du studio, de celles réalisées sans réelle ambition, sans autre véritable objectif que celui de faire une blague toutes les trois minutes pour faire marrer leur audience. Ce qui en soit s’avèrerait tout à fait louable dans le cadre d’une écriture pensée autrement qu’avec l’exploitation cynique de mythes (Le prince d’Égypte…), de contes, parfois agrémentée de rots et de pets dans la boue (les Shrek), quand ce n’est pas l’anthropomorphisme qui est poussé à son paroxysme le plus débile (Gang de requins et ses poissons qui se font livrer des pizzas après une séance de gym).
Toutefois, Le chat potté s’inscrit dans deux continuités bien distinctes et pas si communes dans le cas de Dreamworks.
La plus évidente concerne bien sûr sa filiation avec la saga Shrek. En tant que spin-off, Le chat potté investit un univers préexistant dont il s’empare des codes, diégétiques ou non (mise en dérision de contes et de la culture populaire, chara-design, composition de musique par les personnages ou utilisation de tubes…). On se retrouve là face au principal problème du long-métrage : qu’ils s’amusent avec un nouveau conte (Jack et le haricot magique) ou nous rappellent la familiarité du monde dépeint (notamment par les humains, à l’apparence toujours aussi dégueulasse au demeurant), jamais les auteurs ne semblent avoir l’intention d’établir de lien tangible avec les précédents films de leur héros. Que l’histoire se déroule en amont de ces derniers ne le justifie en rien. Le plus marquant reste l’absence de personnages secondaires délirants qui enrichissaient la saga originelle. Dans le même ordre d’idées, les références faciles ou les gags parodiant des films ou émissions de télévision se font moins présents, voire carrément absents. L’intention est à présent de se montrer plus proche des personnages, moins déjanté dans le ton, de se créer sa propre cohérence. Tout y est plus confortable, plus propre. Bref, Le chat potté dégage de tout son long une volonté de négation, de reniement du passé cinématographique du studio. Les gags restent évidemment nombreux et continuent d’être le moteur principal du film mais changent de nature. Le spectre de Shrek 4 nous revient alors, soit l’épisode qui semblait ne même plus vouloir faire dans l’humour, et qui avait transporté l’ogre dans un monde parallèle. Ce qui à l’aune de la découverte de ce Chat potté, peut se voir comme une note d’intention.
Cependant, rien n’empêchait de justifier cet état de fait, ne serait-ce que par l’image. De même, on nage là en plein paradoxe, dans la mesure où le personnage conserve son intégrité, à la fois combatif, charmeur et jouant de sa nature de chat (vous n’échapperez évidemment pas au regard qui a fait sa gloire), et à laquelle une histoire savamment écrite aurait rendu justice en dépit des transformations effectuées.
Relations prévisibles entre les personnages, passages obligés, rebondissements improbables (notez qu’on essaie de nous faire croire que l’oie légendaire, recherchée pendant les trois quarts du film, est l’oison que les personnages ramènent avec eux #MêmePasPeur )… Le chat potté ne fonctionne jamais en termes de récit. Le décorum de western ici mis en place est exploité à l’avenant, toujours dans cette logique d’assainissement de l’univers des Shrek. Si le choix d’abandonner en majorité l’orientation parodique de ces derniers – au profit d’un comique plus en phase avec les nouvelles conventions adoptées – est plus à même de permettre la cohabitation entre western et comédie pure, il manque un équilibre et une vraie déférence au genre pour susciter l’adhésion. À titre de comparaison et tout jugement de valeur quant aux gags mis à part, Rango était une réussite en la matière car c’est la comédie qui investissait le western et non l’inverse.
Demeure toutefois un traitement visuel honnête vis-à-vis des intentions. S’il ne constitue pas une source d’enthousiasme compte tenu d’un manque assez clair d’ambition, Le chat potté se pare de quelques superbes plans venant étayer la narration aux meilleurs moments, et tirant souvent parti d’environnements pourtant sombres, ou de scènes nocturnes. Le contraste commence à se faire saisissant avec les précédents films d’animation Dreamworks, qui avaient au moins pour eux un attrait certain pour les couleurs chaudes et à qui on pouvait déjà reprocher un Kung-Fu Panda 2 en rupture totale avec l’identité du premier opus. C’est sans prendre en compte l’excellent Tempête de boulettes géantes, précédent film de Chris Miller (qui réalise Le chat potté), qui bénéficiait lui aussi d’une photographie lumineuse. C’est à se demander à quoi ressemblera Dragons 2, suite de l’actuel meilleur et plus beau film du studio. À tout, on l’espère, sauf à ce Chat potté reniant ses origines à des fins bien tristes.