Après Bienvenue A Zombieland et 30 Minutes Maximum, on ne s’attendait pas forcément à voir Ruben Fleischer investir une production comme Gangster Squad. L’intérêt de ses deux précédents long-métrages tenait dans leurs capacités (pas très pertinentes mais au moins amusantes) à jouer avec les codes du genre, que ce soit le film de zomblards pour le premier ou les high-concept films pour le second. Du coup, on peut se demander comment Fleischer s’est retrouvé sur un projet qui n’a aucunement la vocation de verser dans le pastiche. Le braquage foiré d’un casino et l’évasion avortée d’une cellule sont les deux seules scènes à jouer sur la crédulité des personnages vis-à-vis des clichés. Ces deux moments portant la patte de Fleischer font ainsi presque tâche dans un tableau d’ensemble se voulant très sérieux. Trop sérieux d’ailleurs, vu l’application quasi-outrancière à respecter son cahier des charges (jusque dans une conclusion moralisatrice appelant le spectateur à faire son devoir face au crime). On pouvait bien exprimer son enthousiasme à voir sur grand écran ce récit d’une brigade d’incorruptibles menant la vie dure à Mickey Cohen. C’est le genre de récit vu mille fois mais qu’on est prêt à revoir une millième-unième fois avec plaisir. Il faut juste que l’équipe ne fasse pas preuve d’une si évidente lassitude sur son propre travail. Réduits à des vignettes, les personnages ne montrent aucun intérêt. Faute de savoir les laisser respirer, l’intrigue dévoile constamment son inconsistance. Mais le pire reste la mise en scène de Fleischer. Ses limites de cinéaste étaient déjà apparues sur ses deux autres films mais la problématique se renforce avec la nécessaire rigueur de cette nouvelle entreprise. De toute évidence, le bonhomme a beaucoup aimé le Public Enemies de Michael Mann. Il y pioche constamment des idées pour renouveler cette ambition de dépoussiérer l’imagerie naphtaline des films de gangsters des années 30. Une reprise en règle qui peut avoir un aspect bénéfique comme des scènes d’action plutôt honnêtes mais qui revendiquent l’absence de point de vue de Fleischer sur son matériau. Un exemple parmi tant d’autres serait ce plan-séquence nous introduisant dans un cabaret. Pourquoi ce parti-pris ? Celui-ci devrait servir à établir la géographie d’un lieu important qui servira plus tard. Ça ne sera pas le cas (la scène d’action s’y déroulant prend place dans une autre section du bâtiment) et le plan-séquence est juste là parce qu’il est commun de l’employer en cette occasion. Les excès de violence incorporés de manière tellement artificiels qu’ils semblent déplacés sont un autre indicateur. Bref, c’est un morne tableau que dresse Gangster Squad. Son casting trois étoiles est la seule garantie que le spectateur préfèrera rester attentif à l’écran plutôt que de tomber dans les bras de Morphée.