C’est qu’en dépit de ses incommensurables défauts de fabrication, G.I. Joe : Conspiration offre sa bonne grosse dose de testostérone bas du front. Le seul lien avec l’opus initial tient à cette même volonté enfantine d’empiler les scènes d’action et de destruction sans se soucier d’une logique pragmatique. Mieux, on en revendique l’inexistence. Ainsi la mise en scène de Jon Chu peut se voir sans mal comme un gentil désastre, incapable d’assurer la lisibilité de l’action. Tel le Justin Lin des Fast And Furious, il préfère juste montrer des actions complètement invraisemblables sans se soucier de la pertinence de l’assemblage des plans. Insupportable pour l’œil cinéphilique (et pour l’esprit, vu la kyrielle de répliques débiles et d’invraisemblances éhontées) mais le caractère ahurissant des évènements montrés (mention au combat des ninjas à flanc de montagne) suffit à faire naître cet impérial plaisir primaire. Un sentiment certes puéril, éphémère mais inévitable.
En interview, tous les membres de l’équipe tentent de définir Jack Le Chasseur De Géants comme un grand spectacle bon enfant avec une grosse part d’humour mais avec suffisamment de respect de son matériau pour ne pas tomber dans la parodie. Cette ambition renvoie assez à celle de Stardust. Or, on est ici très loin du formidable film de Matthew Vaughn. Car sur ses penchants humoristiques, le long-métrage de Singer est un désastre complet où approximativement tous ses gags tombent à plat. Singer ne trouve jamais le tempo comique adéquat et déleste ainsi chaque gag de leur impact. Une inadaptation qui se retrouve d’autant plus lorsque Singer essaie de s’incruster sur le terrain de jeu de Guillermo Del Toro. En contant la légende des géants au travers d’un spectacle de marionnettes en CGI, la scène d’ouverture nous renvoie d’office à l’univers du créateur d’Hellboy II. On pourrait être sensible à l’utilisation d’un montage parallèle démontrant comment l’influence des légendes s’étend par delà les conditions sociales. La thématique principale de Jack Le Chasseur De Géants tourne alors autour d’une réflexion sur la place de la mythologie dans notre monde. Un propos que Singer n’arrive à tenir que de manière superficielle et en se ramassant au passage sur une fin fort discutable. Pour autant, le divertissement n’est pas non plus complètement désagréable à suivre. Assurant le cahier des charges en matière de décors et d’effets spéciaux classieux, le long-métrage rappelle par moments que Singer peut toujours se montrer un réalisateur brillant. Un talent s’exprimant au travers de l’exploitation du contraste entre humain et géants, notamment lors de l’arrivée dans Gantua. Singer pioche allègrement du côté de Steven Spielberg et de son Monde Perdu pour faire ressentir le caractère démuni d’humains perdus dans une contrée peuplée de créatures bien plus puissantes qu’eux. Une qualité de réalisation qui s’avère l’une des rares idées agréables d’un spectacle fort riquiqui.