Volontairement ou non, le film de Walter Hill porte encore pas mal la patte de Kramer. Cela se ressent tout particulièrement par rapport à un côté barjo probablement hérité de la BD. Dans Du Plomb Dans La Tête, on cherche donc des dossiers sur lesquels sont tamponnés d’énormes « preuve », on obtient n’importe quelle information grâce à un téléphone magique et on visite un bal masqué gentiment décalé. Bien sûr, on retrouve également des éléments plus proches de la filmo de Hill entre une dynamique de buddy movie héritée de 48 Heures ou Double Détente et un combat final à la hache renvoyant à celui des Rues De Feu. A défaut d’être transcendant, cet alliage entre une ambiance autre à la Kramer et un spectacle brutal à la Hill donne une saveur appréciable au film. Les ambitions de ce dernier demeurent modestes mais le soin de Hill à exploiter cette humilité débouche sur une mise en images solide. Du Plomb Dans La Tête est en ce sens bien l’anachronisme attendu. Les possibilités technologiques actuelles permettant de concrétiser les visions les plus fantastiques, on ne compte plus les productions pratiquant un processus de toujours plus grand sans s’assumer. Avec une modeste durée de quatre-vingt-dix minutes, Du Plomb Dans La Tête revendique son maigre potentiel (l’intrigue est simpliste au possible) et assure de faire bien avec peu. Par exemple, son contexte urbain est sommaire mais la caméra de Hill capte bien l’ambiance de la Nouvelle-Orléans avec une musique jazzy aguicheuse. Il transmet tout ce plaisir à voir Stallone démolir des bad guys avec un charisme ravageur avant de s’engueuler avec son comparse.
Il est d’ailleurs regrettable que ces scènes d’action soient aussi ratées. Le découpage de tels passages a toujours été la bête noire de Walter Hill. Elle est ici conjuguée avec l’enfer de la shakycam et du montage hystérique. Les multiples empoignades viriles se montrent ainsi très décevantes et auraient mérité de conserver l’aspect simple et direct qui caractérise le reste du film. Cette unique concession aux effets de mode est bien la seule ombre au tableau de ce type de petit divertissement qui fait cruellement défaut au cinéma actuel.