[EN BREF] Du plomb dans la tête

Depuis une décennie et son peu glorieux Un Seul Deviendra Invincible, Walter Hill avait déserté les écrans de cinéma. Malgré sa participation à la série Deadwood, on voyait bien le vieux briscard savourer une retraite bien méritée. Avec celle-ci, on disait adieu à une filmographie faite de westerns modernes à la virilité outrancière. Inutile donc de feindre la surprise de le voir aux commandes de Du Plomb Dans La Tête. Pour autant, il faut remettre en perspective son arrivée sur le projet. A la base, l’adaptation de cette bande-dessinée française signée par Alexis Nolent et Colin Wilson était entre les mains de Wayne Kramer. Malheureusement, le réalisateur de La Peur Au Ventre ne sera pas sur la même longueur d’onde avec sa star Sylvester Stallone. Thomas Jane (qui devait jouer le partenaire de Stallone avant de se faire remplacer par Sung Kang) soumet le nom de Hill. Associer Hill et Stallone, voilà un package tellement évident qu’on se demande pourquoi il ne s’est pas concrétisé lors de leurs âges d’or des 80’s. Pour autant, cette arrivée tardive sur le projet et cette nécessité d’en modifier le ton n’est pas le contexte de travail le plus idéal. La situation de Hill renvoie à celle de Supernova qui aboutira à la catastrophe que l’on connaît (certes dû également à ceux qui lui succèderont sur cette production maudite).

Volontairement ou non, le film de Walter Hill porte encore pas mal la patte de Kramer. Cela se ressent tout particulièrement par rapport à un côté barjo probablement hérité de la BD. Dans Du Plomb Dans La Tête, on cherche donc des dossiers sur lesquels sont tamponnés d’énormes « preuve », on obtient n’importe quelle information grâce à un téléphone magique et on visite un bal masqué gentiment décalé. Bien sûr, on retrouve également des éléments plus proches de la filmo de Hill entre une dynamique de buddy movie héritée de 48 Heures ou Double Détente et un combat final à la hache renvoyant à celui des Rues De Feu. A défaut d’être transcendant, cet alliage entre une ambiance autre à la Kramer et un spectacle brutal à la Hill donne une saveur appréciable au film. Les ambitions de ce dernier demeurent modestes mais le soin de Hill à exploiter cette humilité débouche sur une mise en images solide. Du Plomb Dans La Tête est en ce sens bien l’anachronisme attendu. Les possibilités technologiques actuelles permettant de concrétiser les visions les plus fantastiques, on ne compte plus les productions pratiquant un processus de toujours plus grand sans s’assumer. Avec une modeste durée de quatre-vingt-dix minutes, Du Plomb Dans La Tête revendique son maigre potentiel (l’intrigue est simpliste au possible) et assure de faire bien avec peu. Par exemple, son contexte urbain est sommaire mais la caméra de Hill capte bien l’ambiance de la Nouvelle-Orléans avec une musique jazzy aguicheuse. Il transmet tout ce plaisir à voir Stallone démolir des bad guys avec un charisme ravageur avant de s’engueuler avec son comparse.

Il est d’ailleurs regrettable que ces scènes d’action soient aussi ratées. Le découpage de tels passages a toujours été la bête noire de Walter Hill. Elle est ici conjuguée avec l’enfer de la shakycam et du montage hystérique. Les multiples empoignades viriles se montrent ainsi très décevantes et auraient mérité de conserver l’aspect simple et direct qui caractérise le reste du film. Cette unique concession aux effets de mode est bien la seule ombre au tableau de ce type de petit divertissement qui fait cruellement défaut au cinéma actuel.

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