REALISATION : Danny Boyle
PRODUCTION : Figment Films , 20th Century Fox
AVEC : Leonardo DiCaprio , Virginie Ledoyen, Guillaume Canet, Tilda Swinton…
SCENARIO : John Hodge
PHOTOGRAPHIE : Darius Khondji
MONTAGE : Masahiro Hirakubo
BANDE ORIGINALE : Angelo Badalamenti
ORIGINE : Etats-Unis
GENRE : Drame
DATE DE SORTIE : 16 février 2000
DUREE : 1h59
BANDE-ANNONCE
Synopsis : Richard, jeune Américain, amateur de sensations inédites a choisi l’Asie comme terrain d’élection, dans l’espoir d’y vivre des aventures fortes et exaltantes. Dans un hôtel miteux de Bangkok boudé par les touristes, il fait la connaissance d’un couple de Francais, Françoise et Etienne. Dans la nuit, un homme au regard halluciné fait irruption dans sa chambre et évoque une île secrète, une plage paradisiaque, où il aurait vécu plusieurs années au sein d’une petite communauté d’esprits libres. Le lendemain, Richard retrouve une carte de l’île et le cadavre de Daffy.
Juin 2000. Six ans après sa nomination, Bill Mechanic quitte la direction de la Fox. Son départ était devenu inévitable en raison de ses rapports tendus avec Rupert Murdoch, le propriétaire du studio. Il est bien connu que les réussites du passé ne font jamais le poids face aux échecs du présent. En quelques mois, les coûteuses productions soutenues par Mechanic auront essuyé de lourdes pertes au box-office. On pourra citer parmi ces échecs Anna Et Le Roi ou Titan A.E. Au-delà de ce point, il lui est surtout peu pardonné d’avoir placé ses billes dans des projets ouvertement risqués. Moins de trois ans plus tôt, l’immense succès de Titanic lui avait permis de sortir la tête haute de la houleuse bataille interne entourant le coûteux film de James Cameron. Il ne bénéficiera alors d’aucune clémence quand Fight Club se ramassera en salle. Et il en aura d’autant moins lorsque La Plage connaîtra le même sort six mois plus tard. Si l’œuvre de David Fincher fut très clairement établie comme responsable de la chute de Mechanic, La Plage a probablement été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. C’est qu’il serait facile de rapprocher les deux films. Après tout, Danny Boyle s’était vu proposer la réalisation de Fight Club et fut tenté d’accepter avant de préférer s’occuper de La Plage.
Chacun s’avère un projet avec des aspects noirs mais surtout totalement atypiques. Les deux long-métrages tendent à décortiquer l’état d’esprit d’une génération au travers de la quête intérieure de leur personnage principal. Par là, ils opposent un miroir au spectateur. Ils le renvoient à son rapport au conformisme, à la communauté et sa soif d’émancipation. S’imposant des choix narratifs peu conventionnels en accord avec ces thématiques, ces œuvres ne vont pas choyer le confort du public. Elles se positionnent à l’extrême opposé du principe de high-concept installé par le producteur Don Simpson à partir des années 80. Il est impossible de résumer avec une ou deux phrases en quoi consiste Fight Club ou La Plage. Rien d’étonnant en conséquence à ce que le service marketing se montre incompétent pour vendre ces films. En ce sens, la bande annonce de La Plage est édifiante puisque promettant une sorte de survival. Pourtant, si Fight Club gagnera rapidement son statut de film culte, La Plage fut lui conspué et le reste encore aujourd’hui. La différence d’appréciation se joue vraisemblablement sur la personnalité des deux metteurs en scène. David Fincher offrira un travail virtuose et frondeur qui ne s’embarrasse d’aucune limite. Quant à Boyle, il fait preuve d’une énergie pas toujours bien canalisée et d’une naïveté dans son désir de faire accepter les contradictions d’une grosse production anti-formatage.
Mais revenons au commencement. La Plage est le premier roman d’Alex Garland. L’histoire est celle de Richard, routard débarquant tout juste en Thaïlande. Son objectif ? Vivre l’aventure, connaître des sensations fortes, s’écarter des chemins balisés… Et comme il s’en rend compte rapidement, tout le monde a eu la même idée. Lui qui voulait explorer l’inédit, il se retrouve prisonnier dans un environnement formaté pour satisfaire les désirs d’une masse de touristes. Le destin met sur son chemin le légèrement siphonné Daffy. Avant de se suicider, ce dernier lui confiera une carte vers une île secrète. Richard voit là l’opportunité qu’il espérait et, en compagnie d’un couple de français, il part vers l’Eden promis. Arrivé à destination, le trio découvrira une communauté coupée du monde et vivant en parfaite autarcie dans un paysage paradisiaque. Une véritable utopie où chacun travaille au bon fonctionnement du camp pour en échange profiter à loisir de cet endroit vierge et hors du temps. Seul compte le plaisir de vivre sans autre considération que les besoins primordiaux. Tout ceci est évidemment trop beau pour durer. Garland ne va pas juste opposer cet idéalisme aux sacrifices qu’il impose. Il va totalement effriter la nature même de cette société. L’écrivain place ses mots dans la bouche de Richard lorsque les choses se gâteront : « un aperçu du paradis venait de me jeter en enfer à jamais« . L’auteur plonge les enfants perdus de ce pays imaginaire en plein Apocalypse Now. Le classique de Francis Ford Coppola est cité explicitement et participe au déroulement des évènements. En impliquant ce chef d’œuvre lui-même inspiré par Au Cœur Des Ténèbres de Joseph Conrad, Garland signifie que les personnages ne peuvent définitivement pas s’écarter des chemins tracés en dépit de leurs efforts.
Le pouvoir de la plage est moins en cause que ce qu’elle représente pour ses occupants. Ce paradis est pour être exact leur paradis. A leurs yeux, ils doivent absolument le protéger. Quand la plage fut découverte, les fondateurs du village ont déjà vu comment des lieux d’exception ont été souillés et banalisés par la fréquentation intempestive de touristes. Cela pose le premier jalon de l’hypocrisie de cette station balnéaire pour ceux qui n’aiment pas les stations balnéaires. La plage se présente comme une société de partage et de plaisance mais elle prône un statut de privilégié aussi arrogant qu’égoïste. Le personnage principal Richard n’y échappe pas et se trouve être un narrateur peu fiable. Ainsi est-il apte à détailler les petits jeux futiles inventés lors de son séjour alors qu’il se montre tout bonnement incapable de remettre un nom sur certains personnages. Ce sentiment de supériorité sur le commun des mortels n’est qu’une forme d’aliénation. Se détournant du camp au cours du récit, Richard traitera ces anciens compagnons avec le même mépris qu’il réserve au reste du monde. Isolé, il trouvera une existence qu’il juge bien plus en accord avec la nature que la norme du village. Une existence donc bien meilleure même s’il est flirte avec la pure démence. Plus tôt, il aura été indiqué comment cette prétendue suprématie fait accepter aux habitants une loi dure et sans échappatoire. Evidemment, cette loi ne se fait pas sentir comme telle. Bien que se définissant comme chef, Sal ne revendique aucunement cette responsabilité. Elle impose ce statut de lui-même et sans force par sa capacité à manipuler chacun. En l’incarnant à l’écran, l’actrice Tilda Swinton la considérera comme un mélange de stalinisme et d’aromathérapie. Un cocktail pertinent car c’est bien d’une main de fer qu’elle dicte la conduite du camp en employant des atours si enivrants que la logique de ses « ordres » n’est pas remise en cause.
L’implosion de la communauté deviendra en ce sens inévitable lorsque ce charme ne pourra plus détourner l’attention sur la nature perfide du sanctuaire. Garland crée une accumulation d’événements qui amènera à ce point de non-retour. Une intoxication alimentaire rétamera la quasi-intégralité du camp dans un grand passage scatologique. L’incident affaiblit momentanément le moral du camp et rappelle leur vulnérabilité si loin des bienfaits de la médecine moderne. Ce qui amène au second incident où les résidents suédois se font attaquer par un requin. L’un meurt rapidement, le second agonise et le troisième est totalement traumatisé. Le premier est celui qui pose le moins de problème. Les résidents l’enterreront aussi vite qu’ils l’oublieront et la vie pourra reprendre son cours normal. Seulement l’insouciance ne peut refaire surface tant que le malheur et la souffrance restent présents au quotidien. La douleur tout à la fois physique et mental des suédois met les habitants face à leur incapacité de gérer la détresse d’autrui. Elle dévoile également toutes leurs arrières pensées inégalitaires. Ne parlant que peu anglais, les suédois ne se sont jamais totalement intégrés. La situation exacerbe cette vision d’un sous-groupe, d’une minorité nuisant à l’unité de l’ensemble. Qu’ils aient conscience ou non de ce ressenti, les deux survivants constitue un obstacle à leur poursuite narcissique du bonheur et symbolise l’imperfection de leur paradis personnel.
Ce désagréable reflet pourrait être entériné par l’arrivée imminente d’une nouvelle troupe de routards. En effet, avant de partir pour l’île, Richard craignait ce qu’il trouverait là-bas et laissa une copie de la carte à quelques personnes par sécurité. Hors des événements, son geste est déjà mal accepté puisqu’il a brisé le secret du domaine. Cela pourrait causer sa destruction par sa banalisation exposée plus haut, voir une fin plus immédiate. Car la communauté n’est pas seule sur l’île. Sur l’autre versant habitent les autochtones qui exercent la respectable profession de trafiquants de drogue. Ils acceptent la présence des étrangers sous réserve qu’ils ne se mêlent pas de leurs affaires et qu’aucune personne supplémentaire ne vienne sur l’île. La conjoncture est donc délicate et l’état du camp débouche sur un risque supplémentaire. Etant donné sa décrépitude, les nouveaux arrivants ne verraient aucunement dedans le paradis promis par les rumeurs. Leur déception giclerait à la figure des habitants et ceux-ci terniraient leurs visions idylliques du lieu. C’est ce qui se produira… de la plus abominable des manières. Attrapés par les trafiquants de drogue, ils seront tués dans des circonstances demeurant floues (était-ce une exécution ou un sinistre accident comme choisira de l’illustrer le film ?). Dans tous les cas, les thaïlandais amènent leurs dépouilles au camp et repartiront après un simple avertissement. Le geste rappelle à tous ses routards qu’ils n’ont jamais été maîtres des lieux mais juste des hôtes tolérés. S’ils pensaient que le statut de privilégiés leur revenait de droit, ils ne peuvent désormais que constater qu’il n’est qu’un cadeau et que celui-ci peut être repris. Dès cet instant, il est impossible de ne plus considérer à quel point leur consommation de leur bonheur passe par le mensonge et l’horreur. Incapables d’assumer ce fardeau, ils connaissent une ultime régression vers la barbarie. Avec les moyens du bord, ils se mettent à déchiqueter les corps symbolisant cette trop douloureuse révélation et finissent par mutiler Richard qu’ils jugent responsable de ce foutoir.
Logiquement, conserver une telle conclusion pour l’adaptation cinématographique est tout à fait inconcevable. Elle grossira ainsi le rang des inévitables modifications que devront aborder Boyle et son scénariste John Hodge. Indépendamment de ces éléments extrêmes, la structure du roman se pose comme une grande difficulté pour l’adaptation. Si Garland élabore une montée en puissance, son attention se focalise avant tout sur la description de la vie sur l’île. Retranscrire cette approche dans un cadre cinématographique n’a rien d’aisé. Boyle avouera avoir eu toutes les peines du monde pour traiter cet aspect au montage. Le quotidien du camp doit être décrit avec un minimum de justesse sans se permettre non plus d’être trop exhaustif. S’il est trop survolé, le propos en pâtira. Trop s’y attarder et le rythme s’effondre, entraînant la perte d’intérêt du spectateur. Ce besoin d’équilibre conduit Hodge et Boyle à offrir des points d’ancrage à son spectateur. L’une des évolutions les plus importantes se fera sur le couple de français accompagnant Richard. Dans le roman, il est très secondaire et devient presque inexistant à partir de l’arrivée sur l’île. Il est jugé que la quasi-disparition de personnages si prépondérants dans le premier acte risquerait de décontenancer l’audience. Les relations entre Richard et le couple évoluent donc. Auparavant, Richard éprouvait du désir pour Françoise sans pour autant passer à l’acte (son fantasme nourrissait l’ambiance illusoire de la plage). Dans le film, il sautera le pas et obtiendra même le consentement d’Etienne. La mise en avant des deux français permet au passage d’éliminer le personnage de Jed. Protagoniste un peu à l’écart des autres, Jed incarnait la conscience refoulée de la communauté. Sans bénéficier de ce statut particulier, Françoise et Etienne se verront octroyer plusieurs de ses fonctions morales. C’est précisément l’absence de cette place spécifique dans le camp qui rend ce remaniement fonctionnel peu probant narrativement.
Boyle cherche les moyens pour synthétiser au maximum les idées du roman, quitte à les vulgariser par des raccourcis pas toujours du meilleur goût. Si on mentionnait plus haut le risque d’ennuyer le spectateur, il faut rappeler que Boyle a toujours reconnu qu’il s’agissait de son angoisse première. Sur toute sa carrière, il a constamment redouté que le public se désintéresse de ce qui se passe à l’écran car il n’aura pas tout fait pour le retenir. Une phobie qui explique sa tendance à parfois sur-abuser d’effets de style pour s’assurer de divertir le spectateur. Des allures clipesques que le cinéaste sait parfois diriger (l’ouverture frivole en accord avec son héros) ou qui le perdent. Le jeu tenait une place importante dans le roman ? Et bien, le glissement vers la folie du héros se fera par le biais d’une séquence vidéoludique à la Banjo & Kazooïe. De manière générale, la méthodologie de l’adaptation consistera à reprendre les concepts du livre et de les modifier afin de transmettre leurs contenus le plus directement possible. Par exemple, dans le roman comme dans le film, Richard est obligé après plusieurs mois sur l’île de retourner dans le monde extérieur. Dans le livre, il profite de l’occasion pour ramener quelques cadeaux à ses compagnons. Les présents sont accueillis avec indifférence. Dans le long-métrage au contraire, tout le monde réclame une liste d’articles à Richard. C’est frontalement que le film établit l’hypocrisie du groupe qui se veut hors du monde mais sans pour autant se dispenser de ses quelques avantages. Un pré-mâchage en quelque sorte, ce qui forcément atténue le caractère perturbant de l’histoire. L’ambiance déjà rendue moins pesante par l’exclusion des passages les plus extrêmes s’allège encore un peu.
Pour autant, la nouvelle fin se montre assez maligne dans sa réinvention pour tout public. Conservant l’idée que les trafiquants vont forcer la tribu à s’autodétruire, elle met en avant leur chef qui offre l’opportunité à Sal de maintenir les choses telles qu’elles sont. Pour cela, elle lui faudra tuer ce trouble-fête de Richard. Pensant que les habitants accepteront ce sacrifice, elle obtempère… sauf que l’arme qu’on lui a fournit n’est pas chargée. A la terreur suit le soulagement qui cède lui-même la place au malaise. Les non-dits sont brisés. Il est désormais étalé au grand jour que le paradis est perverti. Avec cette révélation sans détour, ils ne peuvent détourner les yeux de cette gangrène et le rêve doit s’achever. Les personnages quittent l’île sur un radeau de fortune et sont secourus par un bateau peuplé de ces touristes qu’ils méprisaient tant. Cette ultime scène est portée par la voix-off de Richard. Il se désole d’avoir détruit l’aura de la plage et se réconforte en se disant qu’au moins il a des cicatrices maintenant. Hodge aura eu la bonne idée de conserver cette dernière phrase du roman malgré l’absence de mutilation physique. Car ces cicatrices sont précisément ce que recherchait Richard depuis le début : cette expérience hors norme et inédite qui le marquera pour toujours, celle qui le rendra unique même s’il doit en souffrir. Si cette fin a pour défaut de charger la négativité principalement envers le personnage de Sal (le film la montrera se suicider alors que le roman est plus obscur sur son futur), elle reste très raccord avec l’esprit. Rythmé par la chanson Lonely Souls, cette conclusion est jugée toutefois trop déprimante au bout du compte.
L’épilogue subira une malheureuse modification afin de ménager un peu mieux la chèvre et le chou. Celui-ci se déroule dans un cybercafé. Anonyme parmi les anonymes, Richard s’assoit devant un ordinateur. Il reçoit un mail de Françoise lui envoyant une photographie de la plage au sommet de son bonheur. Une fin en douceur même si Boyle considère qu’elle conserve une certaine ambiguïté. Selon lui, il y a une incertitude quant aux émotions de Richard devant cette photo. Est-ce de la mélancolie, de la nostalgie, de la tristesse ou de la joie ? L’argument peine à convaincre cependant. Le premier obstacle viendrait de la prestation de Leonardo DiCaprio qui ne transmet guère cette fameuse ambiguïté (peut-être n’est-il pas lui aussi enchanté de ce remaniement de dernière minute). Le second obstacle provient du montage dont on peut s’interroger s’il résulte d’un choix du réalisateur ou du studio. Dans la conception de la scène selon Boyle, il paraitrait logique de terminer sur le visage de Richard. Or c’est la photographie qui constitue l’ultime plan du long-métrage. Plutôt que de l’interroger sur ce qui peut se passer dans la tête de Richard, ce choix de montage invite le spectateur à sortir de la salle en lui disant que tout n’est pas si grave (« okay c’était craignos les derniers jours mais on a passé de super vacances kikoolol« ). Tout ce que le film a pu vouloir dire se retrouve drastiquement contesté par ces dernières minutes.
L’échec commercial du film se trouve dans cette quête d’un hypothétique consensus. Consensus qui se produira finalement dans le mauvais sens. Les cinéphiles considèreront l’objet trop faux-cul dans sa conception et le grand public n’adhèrera pas à l’étrangeté de cette histoire. Il faut dire que la tête d’affiche n’a pas du arranger les choses. Comptant initialement poursuivre sa collaboration avec Ewan McGregor, Danny Boyle se verra imposer le choix de Leonardo DiCaprio dans le rôle principal. Encore tout auréolé du succès de Titanic, l’acteur semble là pour rassurer le studio quant aux risques de la production. Or cette assurance va se retourner contre eux. Il convient de se remettre dans le contexte de l’époque. Le raz-de-marée provoqué par le film de James Cameron a fait du beau Léo l’égérie de midinettes. Un statut de beau gosse vingt-quatre carats qui omet toute sa carrière pré-Roméo & Juliette comportant pourtant des rôles assez osés. Guère désireux de se laisser prisonnier par cette réputation, DiCaprio ne tardera pas à vouloir démontrer une palette de talent plus étendue. Néanmoins, il la fait jusqu’alors de façon discrète entre son double rôle dans L’Homme Au Masque De Fer et son autoparodie de star dans Celebrity. La Plage lui permet par contre d’aller beaucoup plus loin. Sans s’en douter, le studio livre à Boyle un précieux complice pour l’entreprise avec cette jeune vedette qui n’a pas peur de se faire du mal s’il faut. Aujourd’hui, il apparaît étonnant mais peu choquant de voir DiCaprio dans un film comme Le Loup De Wall Street où il participe à des parties à trois, souffle de la coke dans le cul de prostitué ou se roule par terre complètement défoncé. L’image de l’acteur a évolué au fil des années. A l’époque, le public aura beaucoup de mal à voir son petit chouchou se comporter comme un enfoiré et péter un câble au fond de la jungle en bouffant des insectes.
Rétrospectivement, cette œuvre aussi imparfaite qu’attachante constitue une étape mésestimée dans la carrière de l’acteur comme dans l’historique de la Fox. Et il en va de même pour l’équipe. Outre l’éviction de McGregor qui brouillera durablement l’acteur avec Boyle, La Plage marquera la séparation du clan formé depuis Petits Meurtres Entre Amis. Boyle, Hodge et le producteur Andrew Macdonald suivront leur propre chemin et ne se recroiseront que ponctuellement. L’aventure aura également permis à Boyle de rencontrer Alex Garland. C’est la naissance d’une collaboration qui donnera les deux meilleurs films de leurs filmographies : 28 Jours Plus Tard et Sunshine. Comme quoi, à toute chose malheur est bon.