Naoko Yamada nous avait enchanté l’année dernière avec le magnifique A Silent Voice. Nous avions donc très hâte de la retrouver pour cette édition du festival d’Annecy, même si elle est reléguée ici à la sélection hors compétition. Fallait-il craindre que Liz and the Blue ne soit pas à la mesure de son précédent long-métrage ? On mentirait en disant que l’inquiétude était absente. Celle-ci est accentuée par le fait que son film soit dérivé de la série Sound! Euphonium. Est-ce que l’expérience laissera sur le carreau les néophytes et ne restera accessible qu’aux fans de la série ? La séquence du générique d’ouverture répond heureusement par la négative sur ce point. Naoko Yamada va réussir à introduire ses deux personnages principaux sans parole. Toute la nature de leur relation va être signifiée par le découpage et l’emploi de la musique. Cette scène formidable nous fait bien comprendre qu’on n’a pas besoin d’avoir vu Sound! Euphonium pour se plonger dans Liz and the Blue Bird. Après, cela ne veut pas dire pour autant que le voyage sera satisfaisant.
Si le long-métrage possède un travail formel appréciable qui nous offre quelques beaux moments, l’intérêt du film va terriblement chuté sur la durée. On ne sait pas vraiment où le film veut en venir avec cette peinture de deux adolescentes attachées l’une à l’autre mais avec des caractères dissociables. C’est ce qui ressort notamment de son récit parallèle. L’histoire de Liz et l’oiseau bleu est agréable dans son style visuel tranchant avec le traditionalisme du reste du film et convoquant joliment l’ambiance du conte. Mais son utilisation ne met jamais pleinement en relief les rapports entre ses deux protagonistes. C’est d’ailleurs presque un aveu d’échec qui sonne lorsque le film met longuement de côté ce concept. On ne trouve pas plus d’intérêt dans des personnages secondaires envahissants qui alourdissent la structure plus qu’ils ne l’enrichissent. Liz and the Blue Bird manque ainsi de clarté dans ses intentions et finit par tirer en longueur pour pas grand chose.
Autre production japonaise hors compétition, Maquia : When the Promised Flower Blooms tire également en longueur mais c’est une chose qu’il peut se permettre. Le film de Mari Okada a en effet beaucoup de chose à nous dire. Le scénario sollicite ainsi des thématiques aussi diverses que la maternité, la mortalité, le destin, la solitude, etc… Toutefois, cette boulimie ne masque pas la propension au classicisme du long-métrage. Ses réflexions et sa poésie restent relativement convenues et il n’y a guère de surprise dans le déroulement de cette histoire. Ce besoin de compiler les idées pour compenser leur défaut d’innovation devient d’autant plus visible au vu de certains axes du récit à l’utilité limitée. C’est tout particulièrement le cas des intrigues de palais où la royauté cherche à tirer partie des créatures mythiques pour asseoir sa pérennité. Pas une mauvaise idée en soit, elle se marrie juste peu avec le reste du film. Pourtant, Maquia n’a au final rien d’une catastrophe et est même loin d’être désagréable à voir. Son agrégat de thème donne un certain rythme au long-métrage et l’étalement du récit sur plusieurs décennies lui confère un minimum d’ampleur dramaturgique. La beauté des images ajoute au spectacle. Pour peu de ne pas être exaspéré par les penchants lacrymaux, Maquia se montre une œuvre dispensable mais plaisante.