Décidément, l’année 2013 n’aura pas été des plus glorieuses pour la fratrie Coppola. Déjà que Sofia nous aura fait partager le quotidien de la plus horripilante des bandes de pétasses californiennes de moins de 20 ans avec The Bling Ring, il faut maintenant contempler son frangin Roman, beaucoup plus rare en tant que réalisateur (on lui doit le très attachant CQ, sorti en 2002) et généralement attaché aux films de Wes Anderson (dont il fut le coscénariste récurrent), ici en train de s’auto-caricaturer à son tour, histoire de mériter l’étiquette de jeune cinéaste branché que l’on ne souhaitait plus jamais voir collée sur son front. Ce qui semblait si beau et si touchant dans CQ, à savoir l’usage de références cinéphiles comme d’un prétexte à une délicieuse visite au cœur d’une époque révolue pour le septième Art, a désormais complètement disparu. Même après douze ans d’absence derrière la caméra, le réalisateur ne s’est d’ailleurs pas trop foulé pour son come-back, torchant ici une intrigue ni faite ni à faire centrée autour d’un graphiste excentrique dont les frasques sexuelles poussent son grand amour à le larguer brutalement (ce qui, of course, le plonge dans une crise personnelle). Les liens avec la propre vie de Charlie Sheen se comptent par paquets de douze, et l’acteur, que l’on pensait has been depuis un bail, nous livre ici une sacrée prestation doublée d’une résurrection oscarisable. Rien que pour lui, le visionnage du film peut être tenté. Mais pour le reste, ce n’est pas la peine : entre un surréalisme de pacotille qui n’enrichit jamais une intrigue déjà bien plate et des qualités de fabrication qui frisent parfois le je-m’en-foutisme, sans oublier des clins d’œil plus gadget qu’autre chose (dont un final supra lourd en hommage à Fellini), le film de Roman Coppola ressemble à une chambre de gosse pourri gâté, inondée de posters et d’accessoires branchouilles que l’on nous pose sous les yeux avec insistance sans jamais se sentir concerné. Ajoutez à cela un propos inexistant sur le Cinéma ainsi qu’un montage que l’on croirait conçu en fonction des chansons sélectionnées (et il y en a beaucoup), et vous aurez une petite idée du désastre. Face à une telle déception, on aurait presque envie de supplier Francis de reprendre les choses en main.